Errances de nuit
de Liliane Schraûwen

critiqué par Débézed, le 26 juin 2025
(Besançon - 78 ans)


La note:  étoiles
Nuits d'angoisse
Avec ce nouveau recueil de poésie, Liliane Schraûwen évoque plus particulièrement le temps qui passe, le temps qui défile, le temps de la vie qui se réduit inexorablement, le temps du la mort qui approche de plus en plus, la fin de la vie qu’il faut envisager de plus en plus concrètement. La mort enfin qui arrive dans toute sa terreur et avec toute la crainte qu’elle génère. « La mort froide et brutale / noire et sauvage / rouge et sanglante / hideuse et vaine /chaude et paisible / La mort sans but la mort sans fin / … ». La mort que Liliane écrit avec des mots froids, inquiétants : sang, rouge, noir, nuit , gris, hideuse, vaine, néant, fin, ..., tous ces mots qui reviennent souvent dans ses poèmes comme des idées noires. Des mots qu’on pourrait débusquer tout au fond de cette strophe très poétique : « Etoile de gel / étoile de sel / étoile d’encre bleue / qui tremble au bout de la plume / qui tremble au bout du pinceau ». Des mots comme des étoiles, comme des grains de sel, …

Elle écrit la mort avec des mots froids mais aussi avec des couleurs : elle l’évoque en rouge comme le sang et en noir comme la nuit : « Ecrire en lettres rouges / écrire à l’encre de sang / écrire à l’encre noire / et dessiner la peur / ... ». Comme pour créer une ambiance morbide, angoissante, funèbre et anticiper le monde qu’il faudra bien affronter un jour de moins en moins lointain. Une vision angoissante mais lucide de la fin de la vie, de tout ce qui amène à la mort . « … / Le vent le feu le froid la guerre / la haine partout se répand / et la mort à la fin / nous unit tous dans le néant //... ».

Avec l’approche de la fin de la vie, sourd la nostalgie de l’enfance, de la jeunesse, des temps de l’insouciance, de la joie de vivre, … : « J’aurais voulu mourir là-bas / là-bas chez moi dans mon pays / au pays bleu de mon enfance /… », là-bas dans ce coin d’Afrique où elle a vécu ses heures les plus heureuses peut-être, elle ne le dit pas mais, comme j’ai lu nombre de ses textes, je le pense.

Et pour conclure, ce poème testamentaire qui constate l’inéluctable course du temps et la nostalgie de l’enfance africaine.« Le temps coule sans fin le temps glisse trop vite // … // Pour rire et t’amuser sans penser à demain / Et bois à ma santé toi mon frère africain / A qui j’adresse ici d’amicales pensées ». L’auteur semble nous inviter à profiter de tous les moments de la vie car elle s’écoule vite, bien trop vite, inéluctablement …