Brûler debout: Conte de la table rase
de Mathieu Blais

critiqué par CHALOT, le 1 juillet 2025
(Vaux le Pénil - 77 ans)


La note:  étoiles
Une fable anarchiste, dramatique et attachante !
Ils étaient six, parmi d’autres à travailler dans une concession d’une compagnie forestière canadienne. La vie y était dure. Le « patron » Dubuc, « C’était un chien. Un patron comme il s’en est trop fait. »
Tout aurait pu continuer comme avant mais un jour, le tournant brutal, peut- être incontournable arriva.
Dubuc fut trouvé pendu, « On lui avait tranché la queue d’entre les jambes pour la lui enfoncer dans la gorge, pour lui fermer la gueule sûrement, une fois pour toutes. »
Les cinq hommes suivent la seule femme, la Mélisse et s’enfuient plus loin, très loin.
Le lecteur comme ces cinq là a vite compris que cette femme extraordinaire avait été violée et pas une seule fois par cet infect Dubuc. Il apprendra plus tard l’enfance et la jeunesse de la Mélisse subissant les outrages sexuels de son père puis de son frère !
Elle connaît la rage que partagent ces cinq compagnons qui en ont assez de cette société de profit, de lâcheté et d’abandon.
Cette équipe- là, prête à en découdre, acharnée, ce n’est pas une nouvelle bande à Bonnot, ils ne pillent pas, ils combattent, s’attaquent au profit, s’en prennent aux banquiers, aux flics et aux lâches.
Ce sont des anarchistes, des punks, décidés à détruire cette société à qui ils doivent leur misère, une enfance difficile et beaucoup de déboires.
La police est sur les dents, l’armée aussi. Tous recherchent ce gang dirigé par une femme qui a promis à ces cinq hommes prêts à tout qu’ils retrouveront leur dignité.
Ils n’ont rien à perdre et leur cavale sanglante est populaire : des sans rien les rejoignent pour participer à cette lutte qui les opposent à cette société sans histoire, sans mémoire qui est bâti sur le principe de l’exploitation des plus faibles.
Cette fable n’est pas à mettre à la portée des enfants, bien entendu !
C’est dur, beau mais sanglant car c’est le récit, une fiction qui raconte une insurrection qui dépasse le cadre de l’action de cette bande de despérados.
La langue est « fougueuse », « charnelle », le rythme est endiablé et entraînant.
Le lecteur connaît la fin de ce roman, dès de début mais qu’importe, il a été entraîné dans une aventure sociale, humaine qui ne peut être qu’une fiction ! ?

Jean-François Chalot