Pavane pour une samouraï défunte de Pierre Yerlès

Pavane pour une samouraï défunte de Pierre Yerlès

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par Débézed, le 3 juillet 2025 (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 78 ans)
La note : 8 étoiles
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Euthanasie incomprise

Pierre Yerlès n’a pas dédié, cette pavane, comme Ravel, à une infante mais bien à son épouse qu’il a aimée d’un véritable amour-passion jusqu’à ce qu’elle décide de gérer elle-même la fin de sa vie. Ce qu’il a considéré comme un abandon, une trahison. Il a écrit cet amour et cette fin de vie morbide dans un texte que la littérature et la préfacière, désignent sous le terme de « Tombeau ». Pour rédiger celui-ci, il s’inspire des musiques de Toinot d’Arbeau, Gabriel Fauré, Maurice Ravel notamment pour écrire en forme de pavane, une danse lente et triste qui évoque bien le souvenir d’une personne chère disparue, le rythme et la musique qu’il insère dans ses vers.

Pierre a écrit ce recueil comme un testament dédié à celle qui l’a accompagné fidèlement, avant de l’abandonner, au cours de sa déjà longue vie, mais qui ne le lira jamais. Ce témoignage restera à jamais comme l’un des points de suspension qu’il mettra à la fin de son œuvre. Ce recueil a été littéralement décortiqué par la préfacière, Myriam Watthee-Delmotte, elle analyse tout ce que l’auteur rapporte sur sa relation avec la défunte, les bons comme les moins bons moments. « J’entame cette danse / de mots / par marche lente /d’amour amour / et mémoire de désamour / … ». « Au début nous marchions ensemble / du même pas / bras dessus bras dessous / … ».

Amour, désamour et puis la contrainte, « … / jour après jour / toi la rebelle / t’es transformée / en étrange géôlière / et prisonnière à la fois / à la fois / enserrant / dans de doubles liens / tes rêves / autant que les miens ». Des vers courts, même très courts, pleins de franchise et de sincérité, il a aimé, elle a aimé, il ne se sont pas toujours compris, elle a décidé de partir sans demander l’avis d’un quelconque dieu ou d’un quelconque maître pas plus que de son mari. «… / tu as choisi / de partir / en te faisant / à ta manière / Seppuku / en nous offrant / ton moderne hara kiri / … ».

Elle lui a même reproché ses livres envahissants, ses livres qu’il écrivait dont j’ai lu quelques-uns avec grand plaisir. Comme ces deux poèmes qui sont pour moi le cœur de ce recueil, le cœur de cette histoire d’amour dont je n’ai conservé que quelques vers : « Je me vois enfin / La moitié de ta peine / le mirage inventé / pour ta douleur brûlée / La torture / à ton cœur mille fois infligée / pour la méprise / originelle / de notre rencontre / … ». La remise en cause de son amour mal offert et les reproches qu’il peut formuler en son endroit : « Je ne sais / de quel maître / tu avais appris / l’art de dénier / tu étais devenue / experte / … ». Il comprend enfin que son abandon n’est que le fruit de ses errances personnelles.

Ce texte qui résonne comme La pavane pour une infante défunte de Maurice Ravel, sur un rythme lent et triste, est un grand moment de confession, d’aveu, d’amour posthume et surtout un grand moment d’émotion pour le lecteur. Pierre a aimé son épouse même s’il n’a pas toujours su l’aimer comme l’avais souhaité, à mon avis, elle ne l’a pas quitté, elle a plutôt quitté la souffrance qui l’accablait.

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