critiqué par CHALOT, le 13 juillet 2025
(Vaux le Pénil - 77 ans)

La note: étoiles

récit étonnant ! une page d'histoire....

Qui sont les "sauvages" ? Ces êtres, paysans, cueilleurs, chasseurs qui vivent dans les Grandes Caraïbes, ces îles « découvertes » ou plutôt envahies par les Espagnols en 1492 ou ces soldats qui sans pitié vont mutiler, écraser et faire quasiment disparaître ce peuple ?
Ce livre d’aventures dramatiques, humaines est étonnant.
Il raconte l’invasion de ces îles par les hommes de Cristobal Colomb.
La parole est donnée, non aux vainqueurs qui ont réécrit une histoire officielle, dénaturée mais par une jeune femme indienne, Taïna, chamane qui deuxième jumelle était vouée à la mort.
Sauvée, dès la naissance, elle est protégée, élevée par son peuple. Elle connaît une destinée héroïque.
Ce livre est une fiction, certes mais qui reflète une réalité, celle de l’invasion de ces îles accueillantes, vivantes par des conquérants qui en deux générations ont réussi à détruire physiquement un peuple.
Il y avait quelques centaines de milliers d’indiens pacifiques, ils auraient été quelques deux millions.
Au bout d’une quarantaine d’années ils ne seront plus que quelques centaines !
La jeune femme qui va sauver un soldat espagnol, aimer et épouser cet « ennemi » raconte son douloureux et lancinant voyage, seule, avec son amour, puis seule de nouveau :
« J’y ai revécu toutes les heures tragiques de notre extermination et j’ai découvert toutes les erreurs, notre crédulité, notre innocence. »
L’Eglise, sa hiérarchie toute complice a accompagné cette colonisation brutale, au mépris des valeurs affichées.
Taïna raconte sa rencontre tardive avec Bartolomé de las Casas, ce prêtre espagnol qui a dénoncé l’esclavage et l’exploitation coloniale du peuple autochtone.
En 1550, il prit part à la controverse de Valladolid en prenant partie pour la cause des indiens qui détenaient pour lui une âme comme les autres humains !
Cette rencontre entre cette femme dépositaire des rites de son peuple et ce religieux courageux est peut- être « fictive » mais il est certain que cet homme s’est appuyé durant son combat contre l’injustice des colonialistes sur des témoignages.

Jean-François Chalot