Un capitaine sans importance de Patrice Franceschi
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Sciences humaines et exactes => Histoire

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CHRONIQUE D’UNE GUERRE OBSOLÈTE!..
Au début de l’histoire nous sommes le 26 mai 1983. Alors que l'URSS a envahi depuis 1979 son voisin, à savoir l'Afghanistan, le Capitaine Romanov reçoit l’ordre de préparer ses hommes de la 346e division de l'Armée rouge à être déplacés. Mais vers où? La dure réalité tombe bientôt, ce sera l’Afghanistan et… La guerre!
Le Capitaine et ses soldats sont alors jetés dans la bataille sans ménagement. Pour leur patrie, mais surtout pour obéir aux ordres, ils tuent sans hésiter, rasent des villages entiers, n’hésitent pas à s’en prendre à la population civile, piègent tout ce qu’ils peuvent avec des mines, n’hésitent pas à passer par les armes un village entier en représailles à un seul soldat russe tué, profitent de leur supériorité sans partage en armement et matériel de guerre (notamment les hélicoptères et les avions...), pour tuer des centaines de Duchmans «contre-révolutionnaires», jouent leur vie à chaque opération…
Mais, la réalité nue du conflit ébranle bientôt toutes les certitudes du Capitaine Romanov et de ses subordonnés: Quelle est la justesse de cette guerre? Quel en est l’intérêt? La finalité? Malgré ce que disent les Commissaires politiques, ils ne sont pas les «libérateurs», ils ne viennent pas aider les Afghans, ils ne sont pas les bienvenus... Et surtout, contrairement à ce que prétend la propagande de leur pays, il n’y a pas de chinois, ni d’américains à combattre…
Que dire sur ce livre? Patrice FRANCESCHI (*1954), qui a mené plusieurs missions humanitaires en Afghanistan et qui a longtemps vécu du côté de la résistance afghane, se glisse ici dans la peau d’un soldat, un Capitaine en fait, de l’armée Russe (l’URSS en fait à cette époque-là…) et est donc le roman sur la vision de «l'autre», considéré comme le «mauvais camp», dans cette guerre! On peut aisément lui reconnaître que son livre n'a pas de parti pris, sauf peut-être celui d'être anti-guerre, et de ne pas hésiter à en dénoncer toutes les horreurs, d’un côté comme de l’autre d’ailleurs!
Les descriptions des soldats m’ont par contre m’ont paru parfois un peu exagérées à croire que tous les soldats russes sont «accro» à la vodka et au haschisch, et de l’autre que tous les Duchmans sont fanatisés et n’ont d’autre but que de courir à la mort, en chargeant les positions fortifiées des envahisseurs?..
Que dire de plus? Le livre apparaît un peu obsolète, surtout quand on regarde comment sont les guerres aujourd’hui, y compris les guerres dites de harcèlement, style «guérilla». Après, bien entendu, le livre décrit une période bien précise (les années 1980…) et donc on est bien obligés de prendre le récit comme il est, avec la technologie, les armes, les tactiques de l’époque… Les paysages par contre, l’immensité des plaines désertiques, les montagnes, les vallées encaissées etc… sont très bien décrits et très bien restitués. C’est simple à des moments, on a l’impression de voir les montagnes afghanes devant soi! A certains moments c’est d’ailleurs ce qui sauve le livre d’un «naufrage» total…
Qu’est-ce que je n’ai pas aimé dans ce livre? Si Patrice FRANCESCHI utilise ici un procédé très simple et déjà souvent utilisé, à savoir celui du journal intime retrouvé après la mort du héros, c’est surtout par le manque de style de l’écriture que ce livre se fait vraiment remarquer! C’est écrit comme on parle, d’accord, vu le récit je peux comprendre, mais que l’écriture est très quelconque, très ordinaire, franchement…
Je pense que M. FRANCESCHI aurait très facilement et très aisément pu faire mieux! Je n’ai pas trop aimé non plus, tout le pathos dans lequel il enrobe tout le livre. Le «bon» soldat qui devient, au fil des batailles, un monstre assoiffé de sang et de vengeance, ne songeant plus qu’a tuer l’ennemi pour venger la mort des siens… Bof, bof !
Enfin, la façon un peu trop «pompeuse» avec laquelle il se met en scène et (un peu trop à mon goût...) en «valeur» lui-même au début du livre, m’a franchement parue hors de propos et complètement déplacée!
Qu’est-ce que j’ai aimé dans ce livre? Comme dans le livre: «Les cercueils de zinc» de l’écrivaine biélorusse, prix Nobel de littérature Svetlana ALEXIEVITCH (1), les soldats de l’ancienne URSS sont très bien décrits, eux qui se retrouvent dans une guerre, sans vraiment comprendre ce qu’ils font là, et en quoi cela les concerne…
Il y a un très beau mix entre les scènes d’action, - plutôt des scènes de guerre devrais-je dire -, et les scènes de la vie quotidienne d’un soldat, et M. FRANCESCHI en profite pour lancer des réflexions philosophiques, s’appuyant sur le récit et les images, dont il parle juste avant… Mais ces digressions (parfois un peu longues, il faut le dire...) sont très décousues et comme déjà dit, desservies par une écriture pas du tout à la hauteur de ses ambitions….
Heureusement, comme déjà dit plus haut, la restitution de l’Afghanistan et de ses paysages sont magnifiques et merveilleusement bien rendus… On voit bien que l’auteur connaît très bien le pays!..
Est-ce que je recommande la lecture de ce livre? Oui, pourquoi pas, pour découvrir l’auteur. Après, il ne faut absolument pas lui en demander beaucoup plus. C’est une bonne restitution, très réaliste de la guerre à cette époque, et donc si on veut en savoir plus sur cette guerre, devenue assez méconnue aujourd’hui, on peut effectivement lire ce livre… Sinon, passez tranquillement votre chemin!..
(1). : Cf. : Ici sur CL : https://critiqueslibres.com/i.php/vcrit/46131
Les éditions
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Un capitaine sans importance [Texte imprimé], roman Patrice Franceschi
de Franceschi, Patrice
Points / Points
ISBN : 9782757830826 ; 7,20 € ; 04/10/2012 ; 336 p. ; Poche
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