Un monde externe et interne en vers

Comme le précise sa biographie, Inès est « autrice, musicienne, artiste », elle développe une œuvre empreinte de ses divers talents où les arts visuels occupent une partie importante tout comme la photographie. Ce recueil « est une traversée de paysages et d’états intérieurs ». tout au long de son texte, elle cherche un chemin à travers les questions qu’elle soulève et les désirs qu’elle évoque. Son texte est une véritable jonglerie avec les mots qu’elle fait danser sur des airs de musique qu’elle compose. sur les chemins qu’elle explore, dans les lieux de douleur : « à la croisée des bars / la souffrance des gens / est innommable / … ». Ces lieux où elle rencontre des filles et des garçons : « Les filles te parlent / vous partagez », les « garçons / tu les observes et tu les fuis ».

Inès, elle vit à la ville, la ville qu’elle n’aime pas beaucoup , « ... / La ville comme succession de barrages / un badge à chaque portière / suivant la marée tu chantes une mélodie complexe /et sans paroles / … ». Elle préfère la campagne où elle aime se resourcer, se détendre, retrouver son envie d’écrire, de dire le monde originel et authentique, « dans la solitude des champs de lavande / j’ai escorté la lumière jusqu’à chez elle ». Elle dit : « Ici je me suis enhardie à vivre autrement ».

Elle est très sensible au temps qu’il fait, le temps qui n’est plus celui qu’il a été et qu’il devrait peut-être encore être, « il neige / c’est n’importe quoi / … ». Son temps intérieur, son humeur, n’est pas plus stable que son temps intérieur. « … / soudain au beau milieu de la nuit / Il te semble urgent de lire / Nathalie Sarraute / et quand tu cherches le sommeil / les mots coulent en toi comme / les chutes du Niagara / … ». Tout aussi iindéfinie que sa sexualité ambivalente, « … / ma bisexualité se confirme / … » . Des vers charnels, sexuels, pour évoquer son moi interne. Un moi qu’elle recherche à travers une quête de son identité : « mais qui suis-je alors / moi qui traverse la plaine jurassienne / sans peine et sans heurt /… », là, où nous aurions pu nous croiser… peut-être ?

Ce recueil se compose de Vingt-trois concerts joués avec une belle économie de mot, un seul par ver parfois, des mots distillés comme des essences ou des alcools parfumant le recueil de leurs flaveurs. Des mots choisis et parfois mis en opposition dans des paradoxes par lesquels l’autrice exprime ses sentiments et sa perception du monde qu’elle arpente. Et, comme sans amour il n’y a pas de poésie, même si celui-ci n’est pas partagé, Inès avoue « … / je suis la première à dire / que cet homme plus âgé / n’a pas voulu de moi // alors qu’il n’a jamais su lui / que je voulais de lui // ... ».

Peut-être qu’un jour, dans une plaine jurassienne, j’entendrai cette mélodie de mots, ce chant, cette musique rejoindre la poésie.

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  Impoli / Dépoli

  de Coville, Inès
  Bleu d'encre
  ISBN : 9782930725772 ; 01/02/2025 ; 96 p. ; 120 x 200