La combinatoire straight: Colonialisme, violences sexuelles et Bâtard·es du capital
de Jules Falquet

critiqué par Bafie, le 25 juillet 2025
( - 63 ans)


La note:  étoiles
Héritière oui mais de quoi ?
Le hasard a voulu que j’enchaîne la lecture de « Le génocide des Amériques » de Marcel Grondin et Moema Viezzer avec cette lecture.

Et la combinaison de ces deux lectures est percutante, dérangeante et aussi inspirante.

Dans quel état j’erre, dans quel monde vis-je ?

Cet ouvrage fait converger les analyses féministes et les théories critiques du capitalisme, du racisme et du (néo)colonialisme.
Pas toujours facile à suivre intellectuellement et même émotionnellement.
Parce que, fondamentalement, cet écrit remet en cause notre manière de fonder société, couple et famille et bouscule des croyances, que j’avais peu interrogées jusqu’à présent.
Lire l’hétérosexualité comme une économie politique, j’y avais certes déjà pensé avec Marx et Engels et face à certains déboires conjugaux, la réflexion de Jules Falquet m’a néanmoins poussée plus loin.

On revisite la pensée, les travaux de féministes telles que Olympe de Gouges, Colette Guillaumin, Federici, Lugones, Mendoza, Gayle Rubin, Wittig ; toutes rencontres percutantes tant pour l’analyse des enjeux de nos sociétés et de notre monde que pour ses répercussions sur des choix individuels dont on mesure combien ils ont été conditionnés par l’environnement social dès la plus tendre enfance. Un dernier coup de pied au prince charmant et à son beau cheval blanc, une brutale déconstruction d’identités qui n’ont guère été choisies.
Arrêter de faire coïncider sexualité, plaisir, amour avec des rapports d’appropriation, privée (dans le mariage ou dans la famille paternelle) ou collective (dans les couvents ou les maisons closes).
Déconstruire l’idéologie naturaliste, rendre visibles les mécanismes d’appropriation individuelle et collective des femmes, d’amalgame conjugal incluant le travail sexuel et procréatif… y’a du boulot…et je peux parler pour moi en disant qu’il y a aussi un travail à l’intérieur de soi pour se libérer, se déchaîner et inventer ses lendemains en étant éveillée à ces enjeux et en tentant de s’en libérer et, facteur facilitant, je suis à un âge où la procréation ne fait plus partie de mes enjeux.

Il convient de répandre ces idées pour nourrir l’action individuelle et collective pour la transformation des rapports sociaux, être conscient-es pour répondre en connaissance en cause, les rapports de domination s’appuie sur le sexe, la race, la classe sociale ; « il ne s’agit pas de lutter isolément pour l’adoucissement de certains d’entre eux, ce qui risque de renforcer les autres, mais de se battre de manière concertée, pour l’abolition simultanée de tous, condition sine qua non d’une réelle victoire. »

Cette lecture s’est révélée assez ardue mais très porteuse de sens, d’interrogations, de défis, je devrai maintes fois revenir à ces concepts, à cette vision et y réfléchir sereinement… car l’enfer est pavé de bonnes intentions, mon monde blanc occidental et son hégémonie repose que de bien tristes fondations… et je me dois d’y réfléchir et d’infléchir sa course.