Dans la vraie vie
de Hélèna Villovitch

critiqué par Clarabel, le 25 janvier 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Une bonne dose de vitamines !
Hélèna Villovitch s'est une seule fois essayée au roman ("Pat, Dave et moi"). Ce qu'elle préfère ce sont les histoires courtes, les portraits vinaigrés, les bonnes tranches de rigolade autour de personnages qui se veulent souvent hype, branché, fashion-victim, etc etc...

"Dans la vraie vie" est donc huit textes autour de Karl, Mel, Daniel, Teresa, Carole et leur brochette d'amis. Ce sont souvent des trentenaires pris dans le jus du travail ou dans la galère des postes d'intérim. Des fortes personnalités qui revendiquent haut et fort leur droit de fumer et de ne pas arrêter de fumer. Ils vivent très souvent des aventures qui commencent bien mais finissent mal. Ils font des rencontres, ou tentent de rencontrer des nouvelles têtes. C'est un ensemble assez réaliste de la société actuelle, du célibat flippant aux rendez-vous des speed-dating ou rencontres sur le net. Hélèna Villovitch épingle ses semblables et c'est drôle ! (je trouve, après à chacun son degré de sensibilité à l'humour corrosif...)

Les parents de Karl se retrouvent à la rue, dans leur camping-car, pas de problème ! Le meilleur ami de Karl décide de les héberger chez lui pour une cohabitation aux allures idylliques ... pour commencer. Car très vite le narrateur se rend compte qu'une génération est en passe de conquérir l'immortalité et qu'un processus de rajeunissement est en train de s'opérer sous nos yeux, se goinfrant de molécules antivieillissement et de pilules aphrodisiaques !... (Cf. "Tu veux qu'on en parle?").
Une autre histoire est particulièrement désopilante car, de l'idée d'une société de plus en plus policée contre la tabagie, un groupe d'amis va tomber dans une spirale infernale, saison après saison. Obligés de se cacher, de mentir à ses collègues de travail ou ses colocataires, l'acte de fumer deviendrait un acte de banditisme hautement réprimandé, d'où de plus en plus en voie de disparition ! ("A bout de souffle").

Parfois, j'ai ce sentiment envers Hélèna Villovitch de rendre un peu trop glamour & branché les personnalités qui fument, qui rament au boulot ou en amour, bref des personnes pas forcément exemplaires à idéaliser. Toutefois, connaissant de plus en plus ce qu'elle écrit, j'admets que c'est une très manière très personnelle de croquer la vie alentour, de créditer un recueil de réalisme, dans lequel on peut finalement se retrouver, qu'on soit baladée d'intérim en intérim, accro des rencontres virtuelles ou à la cigarette, hystérique, déboussolée, déroutée, bref... "Dans la vraie vie" est à prescrire pour redonner du tonus à tous les dégoûtés du métro-boulot-dodo !
Tranches de vie moderne 7 étoiles

Un recueil de nouvelles d’une modernité cinglante, où la précarité est reine : précarité de l’emploi, précarité des sentiments et des couples, instabilité financière, tout est bien éphémère dans la vraie vie. Un coup de cœur particulier pour les trois premières nouvelles, qui sonnent justes et résonnent d’un humour particulier. Les nouvelles suivantes, qui parlent des fumeurs partout considérés comme persona non grata, m’ont moins marquée. Et puis il y a les nouvelles techniques de séduction : speedating dans un café ou chat’ sur Internet où l’on peut bluffer son monde, ces derniers textes montrent bien combien le pendant de la modernité, c’est encore trop souvent la solitude.

Laure256 - - 52 ans - 10 décembre 2005


Drôle d'époque 10 étoiles

Recueil de 8 nouvelles succulentes, Dans la vraie vie raconte le quotidien de trentenaires d'aujourd'hui, course au boulot, relations professionnelles, homosexualité, rencontres par Internet, speed-dating et j'en passe. C'est mordant, c'est ironique, mais non dénué d'une forme de bienveillance. C'est le genre de recueil où on se dit, bon allez, juste encore une nouvelle, et on arrive à la fin, on ne peut pas s'arrêter. J'ai particulièrement apprécié aussi les chutes, toujours innattendues.

La nouvelle qui donne son titre au livre, Dans la vraie vie, par exemple, raconte la fascination exercée par Teresa sur une petite collègue grise, insignifiante, dont les autres perçoivent à peine l'existence. En admiration devant le panache de Teresa, devant ce qu'elle prend pour de la profondeur dans le personnage, cette petite admiratrice s'immisce dans sa vie virtuelle, se faisant croire de sexe masculin, pour l'approcher la nuit des heures entières sur le net... Mais sur quoi cela pourrait-il déboucher ?.... Epilogue en pied de nez....
Savoureux !

Cuné - - 57 ans - 16 mars 2005