Régression
de Thomas Bouvatier

critiqué par Spleenofrock, le 28 janvier 2005
( - 44 ans)


La note:  étoiles
Un peu d'acide sulfurique dans les fraises Tagada...
Régression, c'est un petit peu le livre de chevet du ronchon. Celui qui (à raison) peste contre toute cette génération Goldorak, d'enfants devenus (?) adultes mais qui se réfugient dans la douce mièvrerie du dessin animé pour échapper à un quotidien trop souvent morose.


Ce roman, c'est donc un main non secourable tendue vers ces gens qui croient qu'un bon épisode de Candy va leur faire passer la pilule du 3ème redoublement ou du 4ème renvoi.

Tyson est un chihuahua. Un chihuahua cynique, qui veut lutter contre "la grande régression", celle des adultes qui ne veulent pas grandir, celle de sa maîtresse qui se bourre de sucreries à la moindre contrariété et dont la clique d'amis à une panoplie faramineuse de 3 mots de vocabulaire (ne me demandez pas lesquels, ça doit être "top" "grave", "chelou"...) et passe sont temps à glander et à le caresser (le chihuahua...Suivez un peu!).
Mais là ou ça se complique, c'est que Tyson est la réincarnation d'un amoureux transi (?) de la maîtresse en question, et que cette guerre contre la régression, c'est aussi un combat personnel.
La première partie du livre tourne donc autour de ce thème, la vie débile d'une petite princesse dans sa tour d'ivoire, de sa bande "métissée" (mais dont les membres se ressemblent tous) et de sa passion pour les sujets infantilisants. Tyson subit des revers cuisants (et très drôles). L'écriture n'est pas renversante (pour mémoire, je venais de terminer le "Cousin Pons" de Balzac, ceci explique cela?), mais c'est souvent drôle, on est heureux de partager l'incompréhension du "narrateur" pour ces gens bizarres.
Mais le soufflé retombe vite, et, pour maintenir l'intérêt, la deuxième partie est plutôt un changement de regchange de ton, le groupe de bras cassé part en "réinsertion sociale/survivor", et le roman devint un sympathique observatoire des relations humaines de ces jeunes idiots, car leur vernis de gentillesse et de bonne humeur se craquèle à mesure que les nounours en chocolat viennent à manquer.

En bref, si vous cherchez un bon moment et rien de plus, ce livre vous conviendra. Il contient tout de même quelques passages drôles et mordants, et l'auteur sait convancre son lectorat... Mais le sujet reste quand même rebattu dans tous les médias, et tout cela peut parfois manquer de fraîcheur et de nouveauté. Avis aux amateurs!