La lumière volée de Hubert Mingarelli
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Enfants => 12-15 ans
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Confondant
D'abord, j'ai lu tout le livre sans m'imaginer une seconde que le jeune Elie pouvait être un garçon de onze ans ! C'est en relisant la quatrième de couverture que je me suis aperçue de ma confusion ! Qu'avais-je compris alors ? Pour moi, Elie était un homme esseulé, errant et simple d'esprit. Débarqué de Ludlin, il s'est réfugié dans un cimetière près de Varsovie, derrière la tombe d'un certain Joseph Cytrin. Avec juste une couverture, une gourde et de l'argent caché dans la doublure de son manteau.
Un soir il va rencontrer Gad, un szmugler du ghetto de Varsovie, adolescent plus âgé, plus dégourdi, enragé et parfois méchant avec Elie. L'amitié entre eux va naître nuit après nuit, sans aucune brusquerie, de temps en temps avec fâcherie, mais surtout avec le projet insensé de s'installer ensemble à Paris, dans un appartement avec verrière.
"La lumière volée" est un vase clos. Idéale pour être adapté au théâtre, je trouve ! On ne quitte jamais Elie, on écoute ses monologues lorsqu'il tourne autour de la tombe et parle dans le vide, ou plutôt à ce Joseph sous terre. Même lorsqu'il part en fin de journée acheter sa nourriture au restaurant de Clara, on connaît son parcours parce qu'il raconte tout en revenant.
Scène centrale : le cimetière. Elie, Gad, deux garçons en péril. La tombe de ce Joseph Cytrin est le point de mire de toute l'histoire. Attachante, poétique mais triste. Prémice de mauvais augures. Je suis même étonnée que ce livre soit paru sous la bannière des éditions Folio Junior !
Les éditions
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La lumière volée [Texte imprimé] Hubert Mingarelli
de Mingarelli, Hubert
Gallimard / Collection Folio junior
ISBN : 9782070536757 ; 6,70 € ; 04/09/2002 ; 134 p. ; Poche
Les livres liés
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Les critiques éclairs (3)
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Une chose bizarre
Critique de Alessiast (, Inscrite le 21 décembre 2018, 16 ans) - 21 décembre 2018
Ghetto de Varsovie
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 7 juillet 2015
Cela dit, le style d’Hubert Mingarelli permet de traiter les sujets les moins « enfantins » pour une destination jeunesse. Ca dépend notamment de l’angle d’attaque et l’on sait que ceux d’Hubert Mingarelli sont des angles humbles, que ses attentions dans une histoire vont aux détails humains, à la petite histoire dans l’Histoire en sorte, à hauteur d’homme et en l’occurrence d’enfants ici, même si l’expression est galvaudée.
« Elie était allongé contre la tombe de Josef Cytrin. Il avait trop mangé au restaurant Szulc et ne parvenait pas à dormir ; comme le lit d’herbe et de fleurs sèches qu’il avait étendu sous la couverture s’affaissait peu à peu, il avait mal à la hanche.
Il se souleva sur un coude et cala sa joue dans une main.
Il regarda la lune aux trois quarts ronde.
Il lui venait, lointains, les échos d’une poursuite dans le nord du cimetière. C’était l’un des passages du trafic entre le ghetto et le reste de Varsovie. »
C’est ainsi que commence « Lumière volée » et, si ambiguïté il y avait, elle est rapidement levée. On comprend assez rapidement qu’Elie est un enfant d’une dizaine d’années, qui survit, seul, dans un cimetière couchant la nuit sur une tombe, au sein du ghetto de Varsovie, au pire moment de l’Histoire.
Intervient très rapidement la rencontre avec Gad, quelques paragraphes après l’introduction citée plus haut, un gamin apparemment plus débrouillé qu’Elie, qui lui, pratique la contrebande pour amener de la nourriture dans le ghetto.
Vous connaissez Hubert Mingarelli ? (sinon je vous le dis !) Avec Elie et Gad, il a sa matière pour écrire un roman. Nous n’aurons donc jusqu’à la fin guère plus d’intervenants. Ce sont les relations Elie/Gad et ce qu’elles peuvent révéler de la situation du ghetto qui intéressent Hubert Mingarelli, « l’entomologiste » des relations plus couramment fils/père ou homme/homme. Ici enfant/enfant. Mâles les enfants.
Vous vous doutez bien que ça ne va probablement pas bien finir tout ça. Le lieu n’y prédispose pas. Et l’ouvrage a beau être tourné vers la jeunesse, on n’échappe pas à la malédiction du lieu. Tournée tout en délicatesse et en suggestions.
Pour ce troisième ouvrage d’Hubert Mingarelli, les composantes de sa « façon » sont déjà en place : un quasi huis clos, deux hommes (enfants) dont les relations, le moindre mot échangé, sont disséqués à la loupe, une sensibilité exacerbée.
C’est au final tout à fait adapté à une lecture jeunesse. Plus tard Hubert Mingarelli ne déviera finalement pas de cette ligne de construction de base de ses romans. C’est une continuité comme on en voit peu …
une bulle dans l'horreur du monde
Critique de Laure256 (, Inscrite le 23 mai 2004, 52 ans) - 13 février 2006
Encore un roman dit pour ados que je trouve dur et triste, mais qui s’attache à relater une part réelle et sombre de l’Histoire et tout en réussissant à y glisser une étincelle de beauté.
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