Les Chaises de Eugène Ionesco
Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre
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naufrage oratoire annoncé
Le vieux et la vieille ont atteint un âge très avancé. De leur logis au milieu des eaux, ils souhaitent, avant de mourir, laisser au monde un message, une explication de leur naufrage et les enseignements qu'il faut en tirer sur le sens de la vie. Alors, les spectateurs arrivent, et la vieille Sémiramis amène les chaises pour que les invités puissent s'asseoir et entendre l'orateur, car le vieux, pour rendre son discours plus intelligible, a invité un homme éloquent qui annoncera au monde mieux que lui ce qu'il faut retenir sur le sens de l'existence.
Lu comme ça, "Les Chaises" pourrait être un drame. Mais comme Ionesco est à la plume, ce qui pouvait inciter le spectateur à pleurer le poussera plutôt à s'esclaffer. Car le dispositif inventé rend rapidement le discours vain. Les invités arrivent, mais ils sont invisibles. Sur les chaises ne prennent place personne alors que le vieux et la vieille rivalisent de civilités pour mettre les non-invités à l'aise. Le vieux et la vieille s'affairent, se soutiennent mutuellement alors qu'ils répondent à des invités muets dans une cacophonie hermétique mais drôle et qu'ils ouvrent toutes les portes imaginables pour aller chercher les chaises, toujours plus de chaises, car l'explication finale est attendue par une assistance de plus en plus fournie.
Tout le génie de Ionesco est de trouver des dispositifs burlesques pour rendre le contenu de la révélation bien illusoire, pour faire rire au dépends du vieux, toujours plus brouillon et larmoyant, de la vieille toujours plus compatissante et/ou lubrique.
Et comme c'est toujours le cas, Ionesco y réussit à merveille. C'est étourdi par cet assaut de cornichonneries pathétiques et de mouvements de chaises que le spectateur doit certainement assister à cette pièce (que j'ai bien l'intention de voir moi aussi un jour), en attendant la "révélation" finale qui comme on s'y attendait se révèle aussi burlesque et pathétique que l'est le reste de la pièce.
Les éditions
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Les chaises [Texte imprimé] Eugène Ionesco éd. présentée, établie et annotée par Michel Lioure,...
de Ionesco, Eugène Lioure, Michel (Editeur scientifique)
Gallimard / Collection Folio. Théâtre.
ISBN : 9782070392476 ; 6,90 € ; 01/01/1958 ; 140 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (5)
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Les chaises de la communication
Critique de Benson01 (, Inscrit le 26 mai 2012, 28 ans) - 25 juillet 2013
Bref, voilà une magnifique pièce d'Ionesco sur l'échec des communications humaines entre autres, la sénilité, et plein d'autres petites choses.
Bien que je n'ai pas tout saisi (ce n'est pas facile non plus de tout saisir) j'ai adoré cette pièce haute en couleur.
Pour tous !
A voir !
Critique de Florian Bouillon (, Inscrit le 30 juin 2010, 32 ans) - 21 avril 2011
Ce sont des rôles très sportifs. plus la pièce avance, plus les acteurs doivent donner de l'énergie.
La fin m'a surpris (Le suicide des vieux). Mais le fait que l'Orateur soit sourd et muet, je trouve cela très comique. On ne s'y attend pas. On ne saura jamais ce que voulait dire le vieux...
Cette pièce doit être très intéressante à jouer et/ou à voir.
J'espère, à mon tour, pouvoir la voir et/ou la jouer dans quelque temps...
Un des plus touchants...
Critique de Jad Alain Geoffroy de Seif de la Montagn (, Inscrit le 18 août 2010, 33 ans) - 18 août 2010
La fin d'un monde
Critique de Sahkti (Genève, Inscrite le 17 avril 2004, 50 ans) - 10 août 2007
C'est une farce dramatique, la déchéance lente et inéluctable de deux destins face au temps qui passe et qui fait son oeuvre, tant sur les corps que dans les têtes.
Le Vieux et la Vieille peuvent inspirer une certaine forme de pitié. En même temps, ils sont très drôles. Ionesco les a dotés d'humour et d'humanité et c'est ce qui empêche cette pièce de sombrer dans un dramatisme étouffant.
Car le sujet est sérieux, la mort est au rendez-vous. Pas d'étouffement cependant, mais place à la joie, à la vivacité. Le tout habilement formulé de manière à promener le lecteur/spectateur qui finit par ressentir malgré tout une boule, même minime, à l'estomac, devant tant de misère humaine.
Faut-il rire ou pleurer? Là réside toute l'ambiguïté du récit. Nous sommes entre rêve et réalité, à la recherche d'un monde perdu et d'un univers à venir. Faut-il songer au futur ou s'accrocher à ce qui n'est plus, à l'image de ce couple qui ressasse la même histoire chaque soir, conscient de l'absurdité de la démarche mais ne pouvant s'en défaire. On dirait des enfants; leur sénilité offre un bouclement de la boucle, l'apprentissage peut être recommencé en quelque sorte.
Je trouve que ce texte est une superbe farce tragique; il y a une montée de l'absurde qui rend encore plus fort le côté dramatique de l'ensemble.
Très bon
Critique de Veneziano (Paris, Inscrit le 4 mai 2005, 47 ans) - 6 mai 2005
Ces vieux font pitié, et je me suis pris à l'envie d'y croire pour eux, de vouloir les soutenir. Je me serais probablement rendu les voir, s'ils avaient existé.
Les répliques sont aussi drôles que désabusées.
Un morale implicite de garder l'espoir ?
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