C'est égal
de Agota Kristof

critiqué par Sahkti, le 2 février 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Apprivoiser le vide
A nouveau l'exil et la détresse au sommaire de ce dernier recueil d'Agota Kristof. Des textes courts écrits antérieurement et aujourd'hui rassemblés dans ce volume d'une centaine de pages. Cruel, violent, dramatique, assez dense, avec de l'ironie, comme cette nouvelle qui raconte la mort d'un homme tombé sur une hache, un accident malheureux tente d'expliquer sa femme. Un crime, oui, mais tellement explicable quand on fouille un peu la vie des gens et découvre qui ils sont réellement.
Il y a des nouvelles terribles de solitude et d'étouffement moral, des maris affreux, des absences insupportables... malgré l'humour qui peut s'en dégager, ça reste souvent triste et mélancolique, empli de désespoir et de noirceur. Avec un fil conducteur, celui de la mémoire, celle qui retient tout, tisse la trame d'une histoire sombre ou d'une vie manquée.

Beaucoup de désespoir à mes yeux dans ces courts textes, de tristesse aussi. Agota Kristof est là, présente, elle a écrit ce texte mais je ne ressens (comme dans L'Analphabète) pas de passion particulière chez elle, comme si tout celui lui était vraiment égal, comme si la vie se déroulait sans qu'elle ait vraiment son mot à dire.
C'est un constat un peu amer que je dresse en refermant l'ouvrage, toute la désillusion de l'auteur me saute aux yeux, il y a un deuil qu'elle n'arrive pas à faire et qui lui colle à la peau, celui d'une vie qu'elle n'aura jamais pu vivre comme elle l'aurait voulu parce que les événements en ont décidé autrement. Il y a du désenchantement derrière tout cela. Et beaucoup de blessures.

"C'est égal, de toute façon, on n'est bien nulle part."
NOIR C’EST NOIR, IL N’Y A PLUS D’ESPOIR !... 6 étoiles

Voici donc une série de très courtes nouvelles du grand auteur Suisse, sur lesquelles je n’ai pas grand-chose à ajouter aux critiques précédentes.

S’il est manifeste que Mme. KRISTOF n’a pas le même talent pour les nouvelles, que pour ses romans, il n’en reste pas moins que certaines de ces courtes (parfois très courtes, parfois trop courtes…) nouvelles sont de véritables pépites, je devrais même plutôt dire, des petits bijoux, tant l’écriture qui nous les présente est ciselée d’inventivité et de style !..
Comme déjà souligné il n’y a pas de fausses joies et bonheur qui vous « explose » au visage, mais au contraire beaucoup, mais beaucoup de noirceur…
Je suppose que c’est l’idée que se faisait l’auteur de la vie en général et de sa vie à elle en particulier !...

Un univers bizarre, déstabilisant, à mi-chemin entre la fiction dans laquelle tout semble normal et naturel et le fantastique, dans lequel on bascule parfois sans prévenir, sans parfois même comprendre que cela arrive.
Un univers à découvrir et qui n’attend que vous !...

L’écriture très particulière de la romancière est toujours présente ici, toujours aussi limpide, toujours aussi juste. Et toujours cette étonnante « distanciation » avec le sujet traité, et cette « objectivité », comme si la personne qui racontait les différentes histoires, regardait la scène en plongée, de très loin au-dessus des personnages qui sont censés la vivre.
Du très grand art et beaucoup de talent à ne pas en douter...

Ce court recueil de nouvelles constitue sans aucun doute une très bonne introduction à l’œuvre de l’écrivain, pour ceux qui voudraient partir à sa découverte…

Septularisen - - - ans - 9 mars 2015


Plein de nouvelles, noires. 6 étoiles

Désespérance ? Noirceur ? Tristesse ? … J’hésite.
25 nouvelles dans la veine de la trilogie qui a fait la réputation d’A. Kristof (Le grand cahier_La preuve_Le troisième mensonge). La veine ? C’est à dire le côté noir des choses, de la vie, des évènements. Chez A. Kristof le verre n’est pas à moitié plein, il est clair qu’il est à moitié vide ! Ce qui n’empêche pas l’intérêt pour la lecture de ce recueil, une bonne introduction à l’univers sombre de l’auteur.
« Je n’ai pas envie de retourner chez moi à cause de mon évier bouché, je n’ai pas envie de marcher non plus, alors je m’arrête sur le trottoir, tournant le dos à un grand magasin, je regarde les gens entrer et sortir, et je pense que ceux qui sortent devraient rester dedans, et ceux qui entrent devraient rester dehors, ça économiserait pas mal de mouvement et de fatigue.
Ce serait un bon conseil à leur donner, mais ils n’écouteraient pas. Donc, je ne dis rien, je ne bouge pas, je n’ai même pas froid ici, dans l’entrée, je profite de la chaleur qui sort du magasin à cause des portes constamment ouvertes, et je me sens presque aussi bien que tout à l’heure, assis dans ma chambre. »

Tistou - - 68 ans - 16 juin 2006


L’usure du temps 6 étoiles

Vingt-cinq micro-nouvelles, chacune gonflée de désespoir et de regrets. On y retrouve l’écriture épurée et symbolique de l’auteure, qui dans la brièveté des textes donne une impression de superficialité. Il faut être de bonne humeur avant de s’attaquer à ce recueil car c’est d’une tristesse inouïe.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 4 février 2006


Il n'y a qu'un tunnel ... 6 étoiles

Et pas de sortie au tunnel, sauf la mort, et cela après une vie sans sens aucun.

D'accord, c'est bien écrit, mais tous ces petits textes ne font que nous enfoncer dans le trou. A croire Agotha Kristof, ici ou ailleurs cela ne change rien, faire ou ne pas faire c'est la même chose, cela ne mène de toute façon nulle part...

"J'attendais quelque chose. Quoi ? Je n'en savais rien. Mais je pensais que la vie ne pouvait être que ça, autant dire rien, la vie devait être quelque chose, et j'attendais que ce quelque chose arrive, je le cherchais même.
Je pense maintenant qu'il n'y a rien à attendre, alors je reste dans ma chambre, assis sur une chaise, je ne fais rien."

Non, vraiment trop désepéré pour moi, sans issue !...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 7 février 2005