Simone Weil en quête de vérité de Julien Molard
Catégorie(s) : Sciences humaines et exactes => Spiritualités
Moyenne des notes : (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : (2 208ème position).
Visites : 5 628 (depuis Novembre 2007)
Un texte fascinant.
Je suis tombé par hasard sur un livre de Simone Weil, ensuite j'ai trouvé quelques textes de cette grande intellectuelle relatifs à sa recherche de sens et de vérité, et j'ai été fasciné.
Simone Weil, morte en 1942 à l'âge de 33 ans, est surtout connue comme philosophe mais dans le milieu chrétien c'est par son itinéraire spirituel et son christianisme inné qu'elle fascine. Cette femme est douée d'une énorme capacité d'attention de l'esprit et de grandes capacités intellectuelles et est en outre intransigeante pour tout ce qui concerne son soucis de recherche de la vérité (ce qui inclut dans son esprit le beau, le bien et toute espèce de vertu). Elle qui dit être née dans le christianisme est volontairement restée au seuil de l'église car, dit-elle, l'église est catholique de droit mais non de fait (elle s'en explique dans un autre texte, "Lettre à un religieux").
En 1941, alors qu'elle quitte la France et qu'elle sait sa fin proche, Simone Weil écrit à un ami père dominicain une lettre qu'elle appelle son autobiographie spirituelle. Ce court texte d'une beauté et d'une profondeur étonnantes est vraiment touchant. Très court, il faut le lire et le relire, s'en imprégner, y attacher toute sa capacité d'attention et d'amour, exactement comme Simone Weil le faisait pour les choses de la religion.
Certains passages sont sublimes (lorsque cette femme qui ne priait jamais raconte sa manière de réciter le Notre Père en Grec par exemple) mais je ne veux pas citer d'extraits, il y en aurait trop et de toute façon ce texte est très court.
Je précise que ce livre contient en outre une présentation de Simone Weil, une introduction à sa pensée, et une courte analyse critique de la lettre. Cette partie est intéressante, mais le véritable trésor c'est évidemment la lettre en question.
Les éditions
-
Simone Weil [Texte imprimé], en quête de vérité présenté et analysé [par] Julien Molard
de Molard, Julien
Parole et silence / Cahiers de l'École cathédrale
ISBN : 9782845732261 ; 12,72 € ; 09/12/2004 ; 153 p. ; Broché
Les livres liés
Pas de série ou de livres liés. Enregistrez-vous pour créer ou modifier une série
Les critiques éclairs (1)
» Enregistrez-vous pour publier une critique éclair!
Excellente présentation et très bon texte !!!
Critique de Shelton (Chalon-sur-Saône, Inscrit le 15 février 2005, 68 ans) - 25 avril 2008
C’est avec un recueil de notes tirées de ses cahiers que Gustave Thibon l’a révélée au grand public (La pesanteur et la grâce) et c’est Albert Camus qui a fait en sorte que soit publié chez Gallimard L’enracinement, un travail politique de fond.
Indiscutablement, Simone Weil a fonctionné grâce à des rencontres humaines qui l’ont enrichie et lui ont permis d’avancer sur le chemin de la vie. Ce fut tout d’abord son professeur de philosophie Alain, puis Trotski, Joë Bousquet, le père Perrin et Gustave Thibon… Je ne m’avancerai pas à dire celui qui fut le plus important et encore moins pourquoi. Chaque rencontre a donné une richesse qu’elle a su exploiter au maximum. Dans cet ouvrage, c’est celle avec le père Perrin qui est le plus mis en avant car c’est celle qui a entraîné l’écriture de cette lettre intitulée « autobiographie spirituelle » qui nous est livrée dans son intégrité après la présentation complète et fort bien construite de Julien Molard, un homme qui consacre depuis plus de vingt ans son temps libre à comprendre cette philosophe Simone Weil.
Ce qui me frappe toujours chez elle et que l’on retrouve dans de nombreux écrits c’est sa capacité à renoncer clairement à une vérité qu’elle porte au fond d’elle-même et en montrant tout au long des lignes qui suivent qu’effectivement ce qu’elle vient de nous affirmer est faux. Exemple ?
Au début de son autobiographie spirituelle, elle écrit : « Je peux dire que toute ma vie je n’ai jamais, à aucun moment, cherché Dieu ». Et suit alors, tout un développement qui montre comment elle est à la recherche de la vérité, de l’absolu depuis qu’elle est sur cette terre. Alors bien sûr elle ne nomme pas « Dieu » ce qu’elle cherche, au moins au début, puis elle fait comme si Dieu, tout seul, l’avait découvert, l’avait appelée. Cet aspect des choses est bien délicat car il faudrait savoir si la foi est don de Dieu ou pas. Mais je ne parle pas de la foi, ici, seulement de cette démarche intellectuelle et profonde qui fait qu’elle est bien « en quête de vérité » depuis toujours et que Dieu est bien vérité, absolu, être suprême…
Pour ce qui est de la foi, de l’adhésion à un amour divin, alors là c’est un peu différent et beaucoup plus mystérieux. Une de ses phrases finales révèle son point de vue : « Le Christ lui-même, qui est la Vérité elle-même… » et montre bien qu’à un moment elle a basculé dans la foi.
Cette lettre autobiographique ne permet pas d’affirmer que Simone Weil est morte en chrétienne, baptisée ou pas, mais que quelques mois avant sa mort elle était bien devenue croyante, tout simplement. C’est pour moi un texte fondateur de ma vie comme « La pesanteur et la grâce ». Simone Weil est une philosophe qui m’accompagne depuis des années et je vous souhaite la même aventure personnelle…
Bonne lecture !
[La note donnée à cet ouvrage est un mixte entre la présentation et le texte de Simone Weil. Si les notes devaient être séparées cela donnerait 4 étoiles pour la présentation de Julien Molard et 5 étoiles pour la lettre de Simone Weil]
Forums: Simone Weil en quête de vérité
Il n'y a pas encore de discussion autour de "Simone Weil en quête de vérité".