Les pieds dans la boue de Annie Proulx
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Catégorie(s) : Littérature => Anglophone , Littérature => Nouvelles
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La face cachée des cow-boys
Recueil d'une dizaine de nouvelle, d'une auteur américaine d'origine (par son père)franco canadienne. Le cadre géographique est le Wyoming, pas franchement un lieu paradisiaque.
La première nouvelle concerne de jeunes cow-boys qui découvrent leur homosexualité, se quittent, se marient et ont des enfants. Ils se revoient et ne vivront jamais ensemble. L'un meurt, accident ou crime? Ces histoires sont dures, la mort est partout, la vie semble une corvée. La nouvelle "Une goutte d'eau en enfer" est terrifiante, par son final. Dans "L'orée herbeuse du monde" un vieil homme, chassé de sa chambre par son fils et sa belle fille, dormant dans une remise, songe à la mort de son fils, qui vient de s'écraser en avion, et dont il récupérera la chambre bientôt. Dans "Une paire d'éperons" nous les suivons changeant de propriétaires. Que dire de "55 miles jusqu'à la prochaine pompe"? 1 page et demi, histoire d'un Barbe-Bleu de cambrousse. Dans une seule, "Une côte désolée", la narratrice est une femme. Seul soupçon d'humour "Le pur-sang bai" nouvelle de 3 pages, sur 295.
J'ai souvent pensé à "Délivrance" pour les personnages de ces histoires. Ces anti-héros sont des êtres frustres, sales, pratiquement tarés ayant pour les hommes la pensée au niveau du bas-ventre et des litres d'alcool dans le sang. Certaines nouvelles tournent autour du rodéo, de ces cow-boys courant d'un bout à l'autre du centre des Etats-Unis, dormant dans leurs camions, puis qui finissent estropiés : "Hondo est tombé, il s'est fait piétiner la tête. Oh, c'était en 61 et depuis, il nettoie les selles. Trente sept ans déjà. Il avait vingt six ans quand c'est arrivé". L'écriture est d'un lyrisme surprenant, exemple : "ses longs cheveux striés de mèches blondes, étaient frisés comme des nouilles chinoises" "le ciel d'un bleu venimeux vomissait de la chaleur" "Ottaline était l'aînée et se distinguait par une silhouette semblable à un réservoir de propane de cent gallons". Ces nouvelles sont tout sauf gaies. A découvrir absolument.
Les éditions
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Les pieds dans la boue [Texte imprimé], nouvelles Annie Proulx trad. de l'anglais, États-Unis, par Anne Damour
de Proulx, Annie Damour, Anne (Traducteur)
Payot & Rivages / Collection Littérature étrangère.
ISBN : 9782743607784 ; 2,98 € ; 16/03/2001 ; 296 p. ; Broché -
Les pieds dans la boue [Texte imprimé], nouvelles Annie Proulx traduites de l'anglais (États-Unis) par Anne Damour
de Proulx, Annie Damour, Anne (Traducteur)
le Livre de poche / Le Livre de poche.
ISBN : 9782253128366 ; 7,20 € ; 03/06/2009 ; 340 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (4)
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Transformer sa vie en destin !
Critique de Frunny (PARIS, Inscrit le 28 décembre 2009, 59 ans) - 17 novembre 2012
11 nouvelles pour un vibrant hommage au Wyoming. Celui des Bullriders, des cowboys tourmentés, rugueux, individualistes forcenés mais libres et poursuivant leur quête d'indépendance.
"L'essentiel dans l'existence, c'était de s'accrocher. C'était ça: rester debout assez longtemps pour pouvoir enfin s'asseoir".
Des hommes écrasés par la solitude mais l'endroit avait pris possession d'eux et il n'était pas question d'en partir.
Les grands espaces, mélange de beauté et d'âpreté ou "l'herbe craque sous les pieds comme un coquille d'oeuf".
Des ranches paumés sur des routes de terre, des miles de poussières.
Des hommes à la croisée des chemins, victimes de la modernité et de la quête du profit.
" Brokeback Moutain " comme un feu d'artifice pour clôturer ce bouquet de nouvelles.
Qui a oublié Ennis del Mar et Jack Twist ?
J'avoue avoir été passionné par ces nouvelles empreintes de nostalgie.
Excellent moment de lecture !
Brossé solidement
Critique de Nance (, Inscrite le 4 octobre 2007, - ans) - 22 septembre 2010
Le livre rassemble onze histoires qui ont comme fond le paysage désolé du Wyoming rural où l’on suit la dure vie de leurs habitants.
« Il y avait un espace incertain entre ce qu'il savait et ce qu'il voulait croire, mais il n'y pouvait rien, et quand on ne peut rien y faire il faut vivre avec. »
Je trouve son écriture solide, subtile. Elle maîtrise bien l’art de raconter, loin des clichés, mais c’est déprimant à lire. Reste que c’est une auteure à suivre, récipiendaire du Pulitzer en 1994 pour Noeuds et dénouement que je compte lire bientôt.
victime du cinéma
Critique de Prince jean (PARIS, Inscrit le 10 février 2006, 51 ans) - 10 février 2006
dommage car ce recueil forme un tout, une douce et amère découverte d'un monde dur, brutal et pourtant magnifiquement attachant
il y a chez Annie Proulx,un quelque chose de Steinbeck. Elle semble bien connaitre ces hommes, dont elle parle avec pudeur et admiration.
elle semble les aimer tellement.
encore une fois, la littérature américaine se montre particulièrement douée à l'exercice difficile de la nouvelle.
Poussière et lambeaux
Critique de Heyrike (Eure, Inscrit le 19 septembre 2002, 57 ans) - 10 mai 2005
Restent les lambeaux d'une civilisation en proie aux cauchemars venus par delà les mers. Ici, à l'image de ce pays, les individus mènent une existence âpre et impitoyable. Ici tout est dur, silencieux et sans espoir. On survit, on meurt. Et c'est tout. Impossible pour eux d'envisager un seul instant de vivre, non, seule compte l'idée d'affronter sa propre mort. De défier les jours et les nuits qui les séparent de l'inéluctable. En ont-ils conscience ? Peut-être. Mais à quoi cela leur servirait-il après tout ? Au contraire ils s’évertuent à mettre leurs actes en travers de leur destin au cas où celui-ci déciderait d'en finir tout de suite avec leurs corps de poussière.
Chaque nouvelle, qu'elle soit tragi-comique ou profondément empreinte de désespoir, est un condensé de toutes les souffrances et les noirceurs de l'âme de ces individus confrontés à des espaces trop grands pour leurs rêves. Les histoires sont autant de décharges de chevrotine à bout portant, impossible d'y échapper, elles fracassent sans discernement les mythes éculés à la gloire de l'Ouest sauvage. D'une écriture incisive, l’auteure met à nu sans complaisance les tares d’une communauté coincée entre un passé révolue et l’absence d’horizons lointains.
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