Paris ne finit jamais de Enrique Vila-Matas

Paris ne finit jamais de Enrique Vila-Matas
( Paris non se acaba nunca)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Kinbote, le 22 février 2005 (Jumet, Inscrit le 18 mars 2001, 65 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 2 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (25 719ème position).
Visites : 5 598  (depuis Novembre 2007)

Paris réussi

Au milieu des années 70, une jeune homme catalan débarque à Paris avec un livre en tête : « Paris est une fête » de Hemingway et une idée : devenir écrivain. La destinée met, par l’entremise d’un ami commun, Marguerite Duras sur sa route ; elle possède une mansarde qu’elle loue volontiers à des artistes (Javier Grandes, Copi le dramartuge, François Miterand qui y a séjourné deux jours durant la guerre). Un jour, sa logeuse lui remet une feuille d’instructions pour écrire un roman, feuille qu’il suivra à la lettre pour la rédaction de celui qu’il a commencé et intitulé « La lecture assassine ».

Compte-rendu d’une vie de bohème parisienne. Il s’inspire pour son héroïne des yeux d’Isabelle Adjani qu’il rencontre en vrai et qui vient de jouer dans Adèle H, il roule dans la Mercedes décapotable de Paloma Picasso, il côtoie Roland Barthes au café de Flore. Un jour qu’il accompagne Duras, une voiture s’arrête avec à son bord Philippe Sollers et Julia Kristeva : ils partent pour la Chine. C’est l’époque où Marguerite fait son cinéma et, dix ans avant l’événement du Goncourt, elle triomphe avec India song. Le narrateur raconte qu’il a entendu Duras répondre effrontément à Robbe-Grillet qui la félicitait sur son cinéma que la réciproque n’était pas vraie. Il souligne que pour être de ses amis il faut avoir aimé India song.

Le narrateur indique son goût pour le faux, les biographies imaginaires, inspiré, entre autres, de Welles et de Borges. Il en dit peu sur lui sans qu’on sache donc si c’est vrai ; on apprend ainsi qu’il craignait les femmes et trouvait plutôt son plaisir avec des femmes laides ; qu’il ne fut pas aimé de sa mère... Mais peu de révélations croustillantes et pourtant il réussit à nous tenir en haleine à coups d’anecdotes choisies. L’intrigue du livre pourrait être : le narrateur va-t-il devenir écrivain alors qu’on sait que oui, et de ceux qui comptent désormais ? Va-t-il quitter Paris, physiquement s’entend, car il rappelle que lorsqu’on a vécu à Paris, on ne peut plus vivre ailleurs ?...

Il insiste sur le goût de l’ellipse de Hemingway et sa théorie de l’iceberg : le plus important ne se raconte jamais.
« J’essaie d’écrire avec le principe de l’iceberg. Nous ne voyons qu’un dixième de l’iceberg, le reste est sous l’eau. L’histoire qui n’est pas dans le récit, celle qui est sous l’eau, se constuit avec le non-dit, le sous-entendu et l’allusion », a écrit l’écrivain américain. On comprend ainsi que l’important dans ce livre est occulté et que c’est ce qui donne cette tension au récit.
« Paris ne finit jamais » pourrait se dire autrement : « Tous les chemins de la création mènent à Paris. »

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Mélancolie joyeuse!

8 étoiles

Critique de Donatien (vilvorde, Inscrit le 14 août 2004, 81 ans) - 5 octobre 2009

Vila-Matas est un écrivain intelligent, joueur, fou de littérature. Tous ses livres suscitent la joie, crépitent d'esprit et de constructions astucieuses .

La période , les écrivains, les personnages de roman qu'il évoque dans cette chronique de sa vie parisienne comme jeune auteur désargenté sont extrêmement parlants pour tous les lecteurs ayant vécu cette période.

Les livres qu'il a aimés, ceux de Hemingway en premier lieu, de Marguerite Duras, etc, les films de Godard, toutes ces évocations dégagent un magnifique parfum de nostalgie heureuse.

A savourer comme une coupe de champagne!

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