La chambre de Françoise Chandernagor
Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Romans historiques
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terrible
C'est l'histoire d'un petit garçon abandonné de tous. Enfermé dans une chambre, il dépérit lentement, inexorablement. Ce petit garçon, c'est Louis XVII, fils du roi Louis XVI et de Marie-Antoinette. La Révolution l'a arraché des bras de sa mère et le voilà prisonnier, enfermé comme un animal. Il a 8 ans. ll ne comprend pas. Nous non plus.
Malgré la richesse et la précision des sources, "La Chambre" n'est pas à proprement parler un roman historique. C'est avant tout le récit douloureux d'un enfermement, d'une insoutenable agonie que nous fait Françoise Chandernagor. Virulente, elle interpelle des personnages ayant réellement existé (un notaire, un officier de santé, et même le peintre David)...), témoins indifférents du calvaire de l'enfant. A ces procès imaginaires se mêle la description détaillée, difficile, de ces longues journées de captivité.
Magnifiquement écrit, vibrant d'émotion, de colère, de compassion, "La Chambre" est un grand livre qui nous met face à l'indicible et confirme l'existence d'un Mal Absolu. "La Chambre" est le roman de l'enfance martyre; Chandernagor transcende avec génie l'anecdote historique pour faire de Louis XVII le symbole de tous les enfants victimes de la barbarie des adultes à travers le monde. Un roman douloureux, cruel, mais indispensable.
Les éditions
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La chambre [Texte imprimé] Françoise Chandernagor,...
de Chandernagor, Françoise
Gallimard / Collection Folio
ISBN : 9782070314201 ; 9,70 € ; 13/05/2004 ; 458 p. ; Poche
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L'enfant des lumières
Critique de Homo.Libris (Paris, Inscrit le 17 avril 2011, 58 ans) - 16 février 2014
"La Chambre" retrace la vie de ce petit garçon pendant cette détention. D'abord encadré par le couple Simon, qui s'occupe de lui comme d'un enfant, malgré les dures conditions de détention. Puis survient la terreur et la tyrannie du "Vertueux", l'enfant est alors réellement enfermé : la chambre murée et close par 5 portes verrouillées. Seule une jalousie permet de le surveiller en permanence sans faire le tour des 5 portes. Il se trouve dans un esseulement de plus en plus austère et pesant, le plus souvent dans le noir ou au mieux dans la pénombre, dans des conditions plus qu'insalubres, sous la garde de vieux célibataires. A la chute du dictateur, malgré le changement de geôliers, et la bienveillance de certains d'entre eux, le mal est fait, et la fin est inéluctable."
Chandernagor nous offre encore un "roman" très riche, et toujours aussi bien écrit. Comme précédemment pour "l'Allée du Roi" et "L'Enfant des Lumières", elle fait preuve d'un remarquable travail d'Historienne, avantageusement mis en valeur par des qualités indéniables de narratrice.
Son approche et son analyse multidirectionnelles de la situation sont originales : description des faits vue de l'enfant, de la chambre, de la narratrice, parfois des témoins, mais aussi ingérence de l'écrivain dans l'Histoire, n'hésitant pas à demander des comptes à tout un chacun, à emmener (2 siècles plus tard) les fantômes des intervenants dans un procès fictif, citant des textes de lois dans leurs libellés exacts, cherchant à démêler le pourquoi de cette histoire..
Car au commencement qu'y-avait-il ?
"Au commencement de l'Histoire, de toute histoire, les Commandements : la loi... et le règlement". Mais, qui a donné les ordres d'internements, dicté les conditions de détention, etc. ? Au commencement, il y a la peur. Un enfant effrayé qui n'est pas préparé à la vie. Un enfant à qui on a dit de ne pas déranger, de ne pas venger son père, de dire bonjour et merci. Au commencement, il y a la haine. Il y a la foule, "un géant avec la psychologie d'un enfant de trois ans" qui cherche un bouc émissaire ! La foule qui suit aveuglément les "tribuns du peuple". Comment s'étonner "quand on sait avec quelle facilité déconcertante [les masses] se font manipuler" (M. Dugain, Heureux comme Dieu en France). Au commencement, il y a la bêtise, "des expériences comportementales ont montré que moins d'un tiers d'entre nous est capable de désobéir à un ordre absurde ou monstrueux s'il est donné par une autorité légitime". Et c'est pire quand les tâches sont divisées, et ce fut le cas.
Au fond, Françoise Chandernagor voudrait comprendre, "Mais qu'est-ce qu'il y avait à comprendre ? Que les enfants meurent ? En voilà une nouveauté !"...
A travers les yeux d'un enfant
Critique de Thibaut (, Inscrit le 14 avril 2011, 52 ans) - 2 mai 2011
Suivre à travers les yeux d'un enfant, son destin personnel de jouet manipulé et ballotté entre divers lieux et personnes, son destin d'être brimé et incarcéré, est une idée brillante. On appréhende ainsi toute la barbarie, l'incompréhension et la complexité que pouvait recéler une époque aussi mouvementée ; on assiste impuissant - comme dans une vue subjective - à sa douleur et à sa fin inéluctable.
En effet son histoire et son origine font de ce petit être le sujet de toutes les convoitises et de toutes les haines ; il est certainement le secret le mieux gardé et le plus convoité de l'époque.
Merci à Françoise Chandernagor de nous faire appréhender la tristesse, l'incompréhension, les espoirs, les désillusions et les douleurs de ce petit prisonnier, d'avoir su mettre en mot l'indicible, la terreur, la confusion, les convoitises, et les haines.
Merci également d'avoir souhaité, de façon posthume et presque deux cent années plus tard, rendre justice à ce petit être (au sens propre comme au figuré), d'avoir permis à ses bourreaux et aux principaux acteurs de s'expliquer dans un ultime procès à charge.
On se souviendra alors de la plainte du médecin lors de ce jugement imaginé :
"- Mon emprisonnement arbitraire a duré trois jours"
Et l'auteur de lui rétorquer (à peu de choses près):
"- Celui du petit a duré trois ans"
On en aurait presque pleuré...
Merci encore une fois à l'auteur de rendre un semblant de dignité au petit prisonnier du temple, d'en faire un être humain en (re-)écrivant son histoire et finalement de dépeindre l'histoire dans ce qu'elle a de plus beau comme de plus abject.
Réclusion terrible
Critique de Tistou (, Inscrit le 10 mai 2004, 68 ans) - 31 mars 2008
Malheureuse car l’issue dramatique et fatale résulte plus de la bêtise et de la paresse que d’une méchanceté délibérée : « La chambre » ou, « la torture par inadvertance ».
La chambre en question est celle, au sein de la prison du Temple, où le Dauphin, arraché à sa mère à l’âge de huit ans, va être enfermé, quasiment de façon aveugle jusqu’à devenir autiste, « suicidé à petit feu ».
Françoise Chandernagor, adoptant le point de vue d’un petit garçon de huit-dix ans, nous fait participer à sa mise hors-société, à la torture morale qu’il endure sans qu’il sache évidemment porter un regard sur celle-ci, et adoptant le point de vue de participants à cette infâmie ; des geôliers, le médecin, des fonctionnaires, nous fait toucher du doigt le danger qui menace chacun d’entre nous de devenir, par paresse, par inattention, un élément de la barbarie ordinaire (et ça interpelle joliment sur certains risques qui nous concernent quptidiennement).
C’est virulent, très bien écrit, assez dur globalement s’agissant de l’instruction d’un procès de torture d’enfant.
Une réflexion sur la barbarie
Critique de Alma (, Inscrite le 22 novembre 2006, - ans) - 22 juin 2007
Un roman historique qui non seulement transporte au milieu du quotidien de la garnison et de ceux qui ont charge de l’enfant en expliquant leurs tâches respectives et en présentant leurs discussions, mais aussi propose une réflexion plus générale sur l’état d’esprit du révolutionnaire, quels que soient le lieu ou l’époque en montrant les attitudes de rivalité et de surenchère , d’extrémisme ( être modéré vous rend suspect…), l’importance des procédures, les discours ronflants peuplés d’hyperboles et d’oxymores .
Dès l’incipit Françoise Chandernagor précise l’objectif de son récit : découvrir ce qui est à l’origine de cette barbarie « A l’origine du crime qu’y avait-il ? Qu’y avait-il au commencement ? » Cette interrogation ponctue tout le récit et après avoir convoqué les fantômes de certains personnages jugés plus particulièrement responsables ( le médecin, le peintre David ), en y répondant au milieu de l’œuvre par « n’importe qui, vous, moi . Ni assassins, ni victimes, mais pas étrangers » elle interpelle le lecteur et fait de lui , en des périodes agitées, un rouage en puissance de toute barbarie .
Décevant
Critique de Seraphina (SAINT QUENTIN, Inscrite le 4 mars 2005, 54 ans) - 4 mars 2005
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