Poussière sur la ville
de André Langevin

critiqué par Dirlandaise, le 24 février 2005
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Deux vies en parallèle
Il y a des livres que l'on retrouve avec bonheur. C'est le cas de ce roman d'André Langevin que j'ai lu voilà déjà longtemps et que j'ai relu avec beaucoup de plaisir.

C'est l'histoire d'un jeune médecin qui part s'établir dans une petite ville minière avec sa jeune épouse Madeleine. Il croît
à son bonheur mais très vite, Madeleine s'ennuie et le trompe. Dans une petite ville, tout se sait et la réputation d'un jeune médecin est fragile. Sa vie doit être irréprochable pour être accepté. Le scandale de la liaison de Madeleine, un accouchement difficile sous l'emprise de l'alcool où le bébé hydrocéphale doit être sacrifié pour permettre la survie de la mère, la lente descente aux enfers du Docteur Dubois qui se réfugie de plus en plus dans l'alcool tissent la trame de ce roman admirable. Certaines scènes sont inoubliables dont celle de l'accouchement. L'auteur nous fait pénétrer dans cet univers sordide d'une petite ville minière où la laideur, la médiocrité, les ragots, l'ignorance et la misère se côtoient. Et la poussière d'amiante qui se répand partout, salissante et tenace.

"Une grosse femme, l'oeil mi-clos dans la neige me dévisage froidement. Je la regarde moi aussi, sans la voir vraiment, comme si mon regard la transperçait vaguement. Une mère de plusieurs enfants qui habite dans le voisinage. Cela dure une demi-minute au moins, j'en jurerais. Puis, elle s'en va d'un pas lent et lourd qui troue silencieusement la neige."

Première lignes de ce roman admirable. À lire.
Triste 7 étoiles

On assiste à la descente aux enfers d’un jeune médecin promis à un bel avenir (bon emploi, jolie jeune épouse) qui va aller exercer dans une petite ville minière.

Un livre que j’ai lu pour mon cours de littérature québécoise au collège, un de mes premiers romans québécois, et j’en garde un bon souvenir. Je me sentais très près des personnages surtout que ça se passe chez nous au Québec. L’écriture de l’auteur a aussi un bon pouvoir d’évocation, on se met vite dans l’ambiance de la ville.

Nance - - - ans - 6 septembre 2010


Chef-d'oeuvre de la littérature québécoise. 10 étoiles

Ce roman est l'un des chef-d'oeuvres de la littérature québécoise, un classique étudié dans tous les programmes de nos universités. Il n'y a pas grand-chose à ajouter à ce qu'a dit Dirlandaise. J'insisterai pour dire que ce roman se passe dans une petite ville minière qui ressemble à un décor de science-fiction. Ceux qui n'ont jamais vu une ville qui ne vit que de ses mines d'amiante à ciel ouvert, sachez que c'est d'une laideur indescriptible. Et la poussière alors? On en meurt, mais nos gouvernements en font sans cesse la promotion. C'est payant d'en vendre aux pays en voie de développement. Ce volet de l'oeuvre apparaît dans toute sa malignité, et le volet consacré à la population est très bien présenté par le commentaire de Dirlandaise. Dans un centre fermé, la promiscuité rend la vie aussi insupportable que la poussière d'amiante. Marie-Andrée Lamontagne a aussi fait revivre un tel village, soit Saint-Adrien-d'Irlande dans Vert. Critique sur le site. Quant à l'écriture, les Européens ne seront pas désarçonnés. André Langevin écrit de façon classique. Bravo Dirlandaise d'avoir dépoussiéré cette oeuvre toujours d'actualité!

Libris québécis - Montréal - 82 ans - 24 février 2005