Une vie de Guy de Maupassant

Une vie de Guy de Maupassant

Catégorie(s) : Littérature => Francophone , Littérature => Biographies, chroniques et correspondances

Critiqué par Pétoman, le 5 avril 2001 (Tournai, Inscrit le 12 mars 2001, 49 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 23 avis)
Cote pondérée : 8 étoiles (116ème position).
Visites : 24 014  (depuis Novembre 2007)

Une vie... bien remplie... mais de quoi ?

C'est le premier bouquin que j'ai lu... une merveille... On perd la notion du temps avec ce livre et on se rend compte que noblesse ne fait pas noblesse du coeur... on apprend que l'homme il est dégueu.
C'est le premier roman écrit par Maupassant, déjà connu par l'énorme succès de " Boule de Suif " que j'ai par ailleurs critiqué dans ce site.
Une vie, c'est l'histoire de la vie de Jeanne de lammare, de sa sortie du couvent à 16 ans (quand la pauvre était encore néophyte c'est-à-dire vierge et pure) jusqu'à l'âge où, pour parodier Balzac, elle a " les illusions perdues ".
Une vie, c'est la mort de ses parents, son voyage de noces, son mariage, ses premiers " cocufiages ", la naissance de l'enfant... et c'est bien plus... "Une vie, c'est jamais aussi bon ou aussi mauvais qu'on croit " est la conclusion de l'histoire.
Mais ce qu'il y a de fantastique chez Maupassant, c'est qu'en le lisant, on ne voit pas le temps passer... d'un point de vue temps littéraire qu'il faut entendre cela.
On ne voit pas le temps passer, on se rend pas compte que Maupassant nous a brossé plusieurs décennies... c'est ça le chef-d'oeuvre...

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Une vie d’oiseau pour le chat

9 étoiles

Critique de Millepages (Bruxelles, Inscrit le 26 mai 2010, 65 ans) - 6 septembre 2024

En sortant du couvent à dix-sept ans, Jeanne ne connait pas grand-chose du monde extérieur tel qu’il est. Elle sait juste qu’elle veut être heureuse au sein d’une famille qui compterait deux enfants, une fille et un garçon. Mais sait-elle seulement comment on fait les enfants ?

Un certain Julien de Lamare se présente. Puisqu’il est vicomte, il fera l’affaire décident les parents de la jeune fille, eux-mêmes de noble extraction; d’autant que, condition utile bien que non indispensable, il plaît à Jeanne. Après tout, cette dernière est ce qu’ils ont de plus cher au monde et ils laisseront d’ailleurs leur propriété aux jeunes mariés. L’épisode de la nuit de noces est très révélateur de l’ingénuité de Jeanne, qui ne sait absolument pas à quoi s’attendre. Sa maman Adélaïde n’ose pas lui en parler ; son papa Simon-Jacques tente de l’éclairer en raccourci sur les choses de l’existence, sur les rapports fille-garçon et termine en lui confiant tout paternellement : « ma chérie, n’oublie pas que tu appartiens tout entière à ton mari ».

Ce n’est pas sans quelques surprises que Jeanne passe le cap ; elle ne parvient pas à discerner ce qui est normal de ce qui ne l’est pas dans le comportement de son mari. Suit un voyage de noces enchanteur en Corse malgré de nouvelles bizarreries liées à l’argent. Au retour, elle prend conscience que la vie qu’elle s’apprête à mener s’annonce sans beaucoup de relief : les femmes de sa condition ne travaillent pas à cette époque. Les longues promenades dans les paysages normands magnifiquement décrits avec la mer en toile de fond constitueront l’essentiel de ses passe-temps. Heureusement, elle aura bientôt à s’occuper d’un fils.

Mais la série de désillusions reprend très vite son cours, au point de l’épuiser mentalement et moralement jusqu’à lui ôter toute joie de vivre. La lumière viendra-t-elle de Rosalie, sa sœur de lait qui fut longtemps la servante de la famille ? Cette dernière a en tout cas l’avantage de ne pas avoir été coupée du monde et de disposer du solide sens des réalités qui a tant manqué à sa maîtresse.

Il me faut toujours un petit temps d’adaptation pour retourner au style des grands classiques tels que Flaubert, Victor Hugo, Balzac, Maupassant. Mais après quelques pages, je me complais et me délecte de leur écriture jusqu’à en devenir nostalgique une fois la dernière tournée. Ce fut encore le cas avec « Une vie ».

Récit remarquable et glacial

8 étoiles

Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 15 octobre 2022

Jeanne nait en Normandie, dans la petite noblesse du 19 ème siècle. Elle est fille unique de parents aimants. Tout semble lui sourire jusqu’à ce qu’elle tombe sur un fiancé qui se révélera être extrêmement avare et volage. Ils auront un fils, Paul, qui ne cessera de mener une vie dissolue entre Londres et Paris avec une « gueuse ».
Ce roman, remarquablement écrit, est l’histoire de la longue descente en enfer de Jeanne. La fin est glaciale.
Pour donner un aperçu, voici un large extrait à propos de la nuit de noce.


"Mignonne, je vais remplir un rôle difficile qui devrait revenir ta mère; mais comme elle s'y refuse, il faut bien que je prenne sa place. J'ignore ce que tu sais des choses de l'existence. Il est des mystères qu'on cache soigneusement aux enfants, aux filles surtout, aux filles qui doivent rester pures d'esprit, irréprochablement pures jusqu'à l'heure où nous les remettons entre les bras de l'homme qui prendra soin de leur bonheur. C'est à lui qu'il appartient de lever ce voile jeté sur le doux secret de la vie. Mais elles, si aucun soupçon ne les a encore effleurées, se révoltent souvent devant la réalité un peu brutale cachée derrière les rives. Blessées, même en leur corps, elles refusent à l'époux ce que la loi, la loi humaine et la loi naturelle lui accordent comme un droit absolu. Je ne puis t'en dire davantage, ma chérie; mais n'oublie point ceci, que tu appartiens tout entière à ton mari."
(…)
Et tout à coup, en caleçon, en chaussettes, il traversa vivement la chambre pour aller déposer sa montre sur la cheminée. Puis il retourna, en courant, dans la petite pièce voisine, remua quelque temps encore et Jeanne se retourna rapidement de l'autre côté en fermant les yeux, quand elle sentit qu'il arrivait. Elle fit un soubresaut comme pour se jeter à terre lorsque glissa vivement contre sa jambe une autre jambe froide et velue; et, la figure dans ses mains, perdue, prête à crier de peur et d'effarement, elle se blottit tout au fond du lit. Aussitôt, il la prit en ses bras, bien qu'elle lui tournât le dos, et il baisait voracement son cou, les dentelles flottantes de sa coiffure de nuit et le col brodé de sa chemise.
Elle ne remuait pas, raidie dans une horrible anxiété, sentant une main forte qui cherchait sa poitrine cachée entre ses coudes. Elle haletait bouleversée sous cet attouchement brutal; et elle avait surtout envie de se sauver, de courir par la maison, de s'enfermer quelque part, loin de cet homme."

Bouleversant

10 étoiles

Critique de Manon18 (, Inscrite le 26 juillet 2022, 21 ans) - 26 juillet 2022

Depuis le lycée (il y a 2 ans), je me passionne pour la littérature classique et particulièrement celle du XIXè siècle, et je pense que Maupassant en est un des plus grands auteurs.
Une vie est un roman bouleversant, on s'attend à une histoire "à la Mme Bovary" où les désillusions de Jeanne finiront par être soignées, mais, sans nous lasser, Maupassant nous embarque dans cette vie malheureuse avec des pertes successives que subit Jeanne. Ce qui selon moi est bouleversant dans cette oeuvre est qu'elle amène à réfléchir sur le sens même de la vie : Jeanne ayant attendu toute son adolescence au couvent, sa sortie, trouvant l'amour peu de temps après son retour chez ses parents, j'ai eu l'impression qu'en quelque sorte sa vie s'est arrêtée dès lors qu'elle soit revenue de ses noces. Après avoir découvert l'infidélité de son mari , et, blessée (au départ) du fait qu'il ne fasse plus attention à elle, elle s'enlise dans sa propre vie et ne cherche à exister qu'uniquement pour son fils. Ce qui est d'autant plus malheureux, car passé quinze ans, son fils décide de ne plus faire attention à sa mère et de l'abandonner alors que depuis qu'il est né elle lui a donné tout son amour et lui a consacré sa vie, en s'oubliant et en oubliant sa vie de femme (c'est ici que j'ai été surprise qu'il n'y ait pas eu d'histoire d'amant), en plus des autres évènements tragiques successifs que Jeanne vit.
Selon moi, ce magnifique et tragique roman fait réfléchir sur le temps qui passe et sur le fait de rebondir des échecs de la vie : Jeanne a arrêté de vivre pour elle aux alentours de ses vingt ans, elle est, comme le décrit Maupassant, devenue "vieille" jeune et on la voit "remonter la pente" seulement lorsque Rosalie réapparait dans sa vie et qu'elle devient grand-mère, alors que des dizaines d'années se sont écoulées.
Je pense que Une vie de Maupassant restera à jamais un des plus beaux romans selon moi.

Une vie de souffrances

10 étoiles

Critique de Vince92 (Zürich, Inscrit le 20 octobre 2008, 47 ans) - 10 octobre 2018

De Maupassant, je ne connaissais qu'une poignée de ses nouvelles lues au collège et qui m'avaient pourtant marqué très profondément (je ne pourrai jamais ainsi oublier la lecture de La Parure). Quels livres m'ont tenu si longtemps éloigné d'Une vie...?
Une vie est le premier roman de Guy de Maupassant, et on sent chez ce dernier encore la retenue mais également tout son talent de styliste qui s'apparente presque immédiatement à celui de son maître à penser, Gustave Flaubert. La ressemblance dans la façon d'écrire est flagrante tant par le thème de l'histoire d'Une vie que par la manière d'écrire: contemporain, issus du même terroir, Flaubert et Maupassant seront très liés, le dernier considérant le premier comme son maître en écriture.

Une vie donc. Une vie de souffrances, pourtant entamée sous les meilleurs auspices: Jeanne au sortir du couvent rencontre immédiatement un prétendant qui lui va à ravir. Elle connaîtra même l'amour lors de son voyage de noces. Tout cela cependant n'a qu'un temps et comme on est trahi que par les siens, Jeanne connaîtra cette désespérance née du sentiment d'abandon, les désillusions... Elle, le parangon de la naïveté et d'une certaine forme de rigueur morale, devra se rendre à l'évidence: la réalité de la vie, ce principe de réalité si souvent cruel écrase toutes les bonnes intentions. Non, le monde n'est pas positif, on est toujours tout seul, car on finit toujours par être trahi... éternel destin de l'être humain qui a pour vocation de ne se retrouver complètement qu'avec lui-même.
L'histoire banale de Jeanne pourrait laisser le lecteur indifférent, Madame Bovary est passée par là, ce roman reste indépassable. Et pourtant, on suit Jeanne dans la progression misérable de son existence avec la curiosité malsaine de celui qui veut essayer de discerner jusqu'où on peut tomber dans le renoncement...
Le style enfin de l'auteur nous fait nous attacher passionnément au récit. Une langue pure, précise, ciselée dans la pure tradition des grands prosateur de l'âge d'or du roman français. Flaubert est le maître mais Guy de Maupassant, comme un élève surdoué n'a pas à rougir de la comparaison.

Décidément, on devrait se cantonner à la lecture des classiques.

Le deuil sublimé.

8 étoiles

Critique de Monocle (tournai, Inscrit le 19 février 2010, 64 ans) - 24 juillet 2018

Une vie est le premier roman de Maupassant. Edité en 1883 chez Ollendorff, il avait auparavent été publié sous forme de feuilleton comme c'était souvent le cas à l'époque.
Jeanne Le Perthuis des Vauds est une jeune fille de 17 ans, sortie du couvent où elle avait passé son adolescence, se retrouve entourée de l'amour de son père, le baron et de "petite mère". Dans son univers apparaît Julien de Lamare, petit nobliau sans grands biens mais joli garçon aux bonnes manières. Il courtisera Jeanne qui l'épousera sans grand faste.
Tout est prêt pour que la vie choisisse son chemin.
Julien se révèle vite être infidèle, avare et peu aimant. Toutefois de leur union naîtra un petit garçon, Paul (surnommé plus tard "poulet"). De santé fragile, on lui concède toutes les facilités, peu d'activité, peu d'étude et aucune contrainte.

Une vie est un roman agréable à lire, l'auteur y met tous les ingrédients à la mode : Adultère, argent, crime, éducation des filles, mariage, religion, enfants, famille, femme, méchanceté humaine, l'amour et la mort.
Curieusement la lecture n'a pris aucune ride, le texte est fluide et plaisant.
Il faisait encore partie dans les années 60 des lectures recommandées aux études secondaires. Maupassant est un auteur qui a du rythme et est avant tout un romancier réaliste.
Une vie est le roman d'un deuil dépassé, sublimé.

"La vie, voyez vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit."

9 étoiles

Critique de Ngc111 (, Inscrit le 9 mai 2008, 38 ans) - 26 mai 2014

Une vie, c'est la fin des illusions. En l'occurrence celles de Jeanne, jeune fille élevée loin du monde, préservée de tout, ayant vécu dans l'imaginaire d'un monde magnifique et attrayant, pur et bienveillant. Alors forcément lorsqu'elle vient aux Peuples pour vivre dans la demeure familiale avec ses parents, elle est d'abord excitée et ravie, poussée par l'entrain de son imagination et par la confrontation positive de ses idéaux avec la réalité guillerette d'une vie au bord de la mer en compagnie d'êtres aimés. D'autant plus que très vite elle rencontre Julien, en tombe amoureuse et l'épouse. Tout semble se dérouler comme dans un conte de fée.

Mais la réalité échappe aux imaginaires romantiques et éternels de la jeune femme, et la relation entre Julien et Jeanne évolue, entre découverte de la passion physique (qui s'éloigne par sa "vulgarité" et sa crudité des élans chastes et romantiques de Jeanne), apparition des défauts de l'autre (en l'occurrence son avarice et son égoïsme) et installation d'une certaine routine. Après le voyage de noce, la magie retombe.

Guy De Maupassant montre alors tout son talent pour narrer une histoire simple, presque basique, en déroulant graduellement les sentiments, les ressentis de son personnage, en le faisant sombrer petit à petit sans jamais oublier de l'accompagner de sursauts de bonheur. Comme des éclaircies entre deux orages. Sans compter la qualité d'écriture du romancier, quasi parfaite ici avec une grâce délicate, la variété du vocabulaire et une richesse qui permet de développer des thèmes nombreux au sein d'une intrigue on l'a dit assez mince.
En retranscrivant la beauté des paysages normands par petites touches, l'auteur sait installer dans un cadre magnifique des personnages de constitution simple mais qui provoquent immédiatement empathie et considération. Et puis il faut avouer que rarement la question du couple, de son évolution, de son désenchantement mais aussi de sa survivance aura été si bien traitée.

Une vie peut sembler par moment déprimant, avec toutes ces morts, ces avaries et l'impuissance qui semble se dégager de son personnage principal mais pourtant Maupassant n'oublie jamais d'insinuer quelques notes d'espoir (à l'image de la fin), quelques phases de rire (littéralement) et beaucoup de tendresse dans les rapports entre ses personnages.
Ou le résumé d'une vie, tout simplement, titre évocateur et adapté au propos de son roman.

Une vie ... qui passe entre nos mains.

9 étoiles

Critique de Hexagone (, Inscrit le 22 juillet 2006, 53 ans) - 29 juillet 2012

Ayant acquis l'intégrale de GDM, Une vie, est le premier ouvrage dans la chronologie de l'auteur.
Mazette, quel talent, quel style, Rien à ajouter par rapport aux critiques précédentes, sinon que l'intégrale m'attend.

Une vie d'un ennui...

5 étoiles

Critique de Fleur-de-lyss (, Inscrite le 12 juin 2011, 29 ans) - 2 avril 2012

Je dois avouer avoir été déçue par ce livre. Et plus encore, j'ai été déçue d'être déçue alors que Maupassant est un auteur d'une telle renommée.
Très vite, je me suis lassée. Il multiplie les descriptions et le rythme en pâtit. Pourtant, il n'y a jamais plus de trois pages qui séparent deux actions et chaque phrase est belle. Mais l'ensemble paraît alourdi par tant de métaphores et de propositions enchaînées.
"Une vie" rappelle "Madame Bovary", sauf que Jeanne est bien moins profonde et passionnante qu'Emma. Alors que la seconde était prête à tout pour modifier sa situation, Jeanne m'apparaît comme une victime molle et terne qui se pose en martyre. En quelques pages, tout est dit. La situation n'évolue guère; ce n'est qu'une répétition de déceptions traduites sous une forme plus ou moins équivalente.
Et Jeanne est si naïve qu'attendre qu'elle aie compris ce que tout le monde sait depuis trois chapitres est vite insoutenable. Les liaisons de Julien, par exemple. Ou les lettres révélatrices de sa mère. Dès les premières lignes, le mystère tombe.
Je ne garde comme souvenir positif que quelques phrases bien tournées et des personnages secondaires, parfois plus complexes et intéressants que l’héroïne.

Jeanne,une héroïne victime de son éducation

10 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 16 août 2011

Ce roman ne couvre pas complètement l'existence de Jeanne, mais on la suit dans ces moments les plus heureux et les plus malheureux. Nourrie de littérature ( Madame Bovary n'est pas loin ... ), ancrée dans des codes sociaux, elle rêve du grand amour éternel, rêve d'amour sincère et d'une vie sereine.
Elle sera bafouée, peu respectée, souffrira de la perte d'êtres chers et connaîtra les tourments d'une maman face à un fils égoïste.

Il s'agit d'un roman du 19ème siècle, mais ne pensez pas qu'il s'agit d'une oeuvre ennuyeuse et tiède ! Que nenni ! Maupassant peint les tourments de l'amour avec justesse tout comme le premier rapport sexuel. Certaines scènes sont même très violentes, comme celle de la charrette ou bien la description du geste brusque d'un abbé radical.

L'éducation religieuse de Jeanne et ses lectures l'ont conditionnée et ne l'ont pas rendue capable d'affronter les coups durs de l'existence. Un roman touchant et un joli portrait de femme.

J'ai vraiment bien fait de le relire!!!!

10 étoiles

Critique de Boitahel (Paris, Inscrite le 27 janvier 2010, 40 ans) - 13 septembre 2010

Une vie... ou le vide d'une vie! Tout partait pourtant bien : fortune, jeunesse, amour, mariage... puis adultère, enfant illégitime, enfant mort né, mort successive de la mère, du mari, du père, de la tante, perte d'argent, faillite, vieillesse..une vie qui s'effiloche au fil des pages...

Jeanne termine sa vie, à mon sens, misérablement sans avoir jamais vraiment eu le contrôle dessus : contrôlée par ses parents, puis par son mari, puis par son fils et enfin par son ex-bonne redevenue sa bonne (qui au passage semble avoir été plus heureuse qu'elle)... le vide de sa vie fait peur, elle semble même sombrer dans la folie, ses réactions relevant presque de l'hystérie!! Tout l'épuise, et la moindre émotion l'ébranle!!

Certes sa vie a été marquée par de nombreux malheurs, mais face à chacun d'entre eux, je la trouve passive, fataliste, acceptant par exemple les adultères à répétition de son mari. Pareil avec son fils qui en 7 ans ne lui écrit que pour lui soutirer des sommes d'argent astronomiques... ce qui aura pour conséquence sa ruine pure et simple!

C'est dans le fond une oeuvre très triste mais qui donne envie "de se secouer" pour ne pas tomber dans cet extrême. C'est de loin mon roman préféré de Maupassant, et je ne regrette pas de l'avoir relu!!

Une vie... banale

6 étoiles

Critique de Loic3544 (Liffré (35), Inscrit le 1 décembre 2007, 46 ans) - 19 avril 2010

Une vie, c'est l'histoire de la vie d'une femme. Ni plus, ni moins. La vie d'une femme banale, remplie de faits banals tels qu'il en existe dans toutes les vies. C'est un roman sans histoire : on sait tout ce qui arrive 10 pages avant que l'auteur nous le révèle. En effet, Jeanne ne fait que croiser des êtres humains moyens et leur comportement et donc prévisible au possible. On connait la moitié du livre avant de l'avoir lu, parce que tout est dans le titre.

Heureusement, le livre est écrit par un grand écrivain, un écrivain avec du style, capable de nous plonger, par la simple force de son écriture, dans une mélancolie qui sied parfaitement aux personnages, aux situations, aux décors. Les falaises, la mer, la lande, on sent presque les embruns. Et après un départ embourbé dans les descriptions propres aux écrivains de l'époque, on retrouve un peu plus de mouvements. Alors, évidemment, comme je l'ai dit plus haut, ces mouvements sont anticipables car ils ne sont que les soubresauts d'une vie banale. Mais on se laisse malgré tout emporter par le style de Maupassant qui nous fait passer un agréable moment.

"Une vie" est une lecture hors du temps, mélancolique, mais l'absence d'histoire réelle manque quand même et si le style est agréable, il ne peut pas tout faire. Maupassant démontre juste que les sentiments humains sont toujours les mêmes, autrefois, aujourd'hui et à jamais.

Délicatesse et poésie.

9 étoiles

Critique de Ellcrys (Marseille, Inscrite le 24 décembre 2009, 40 ans) - 24 décembre 2009

Ah quel bijou de la littérature française. Quelle lecture merveilleuse, émouvante et passionnante. J'ai savouré ce classique comme je savoure le chocolat : délicatement mais intensément.

Comme j'aime Jeanne, comme j'aime ses parents et surtout comme j'aime son domaine proche de Fécamp. Comme j'aime cette nature qui l'entoure, ces bonheurs si simples mais si grands. Une vie c'est le récit des évènements que vit une jeune aristocrate entre 1819 et 1848. Le roman dépeint le tableau de la condition féminine, de ses joies et de ses peines, de ses illusions perdues et de ses tourments dans une société marquée par le code civil et l'inégalité des sexes. Un roman profondément ancré dans son siècle de par ses techniques d'écriture et de composition. J'ai vécu la transformation de Jeanne à ses côtés. Nous avons quitté le couvent ensemble ; c'est ensemble que l'on est devenues femmes, puis mères ; c'est ensemble que nous avons été heureuses et c'est aussi ensemble que nous avons souffert. Jeanne est une femme de son temps, aimée par ses parents et attachée à sa terre et à sa famille. J'ai haï Julien comme si c'était moi qu'il blessait, j'ai pleuré la perte de son amour... enfin, je n'en dis pas plus, je risquerais de vous gâcher le plaisir de cette lecture, l'intrigue de ce roman merveilleux.

J'aime l'écriture de Guy de Maupassant, riche, généreuse, intense et passionnée. J'aime sa manière de nous décrire les personnages et les lieux du récit. J'aime sa manière si délicate de nous guider dans une moment merveilleux, de nous emporter ailleurs auprès d'une autre vie. Les filles, n'hésitez pas à vous plonger dans ce roman, je suis certaine que vous prendrez autant de plaisir que moi à sa lecture.

C'est la vie...

9 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 11 décembre 2009

J'aime beaucoup lire les avis des autres critiqueurs, ça prolonge un peu le plaisir que ce livre m'a procuré, et je retrouve tout à fait mes propres sentiments vis-à-vis de ce livre.

La vie de Jeanne, l'exaltation de sa jeunesse, sa naïveté et ses illusions, et ensuite ses épreuves ; je suis tombé sous le charme de la jeune femme. Son destin restera gravé dans ma mémoire. J'ai beaucoup aimé aussi les descriptions de la nature Normande, qui s'accordent au tumulte des sentiments de Jeanne.

Ce livre est très triste, comme la vie peut l'être. Une vie, c'est d'abord l'optimisme, la certitude que tout est possible quand on sort de l'enfance. A l'age adulte, quelques moments de bonheurs mais assez vite les épreuves, se succèdent. Et dans la vieillesse, on vit grâce au souvenir des quelques moments de bonheur pris dans la jeunesse.

A chaque âge ses joies et ses peines, et profitons-en lorsqu'on mange notre pain blanc car les épreuves ne sont jamais très loin !

Une Histoire Bouleversante

10 étoiles

Critique de Yasem (Strasbourg, Inscrite le 30 juin 2008, 34 ans) - 5 juillet 2008

C'est le premier livre que j'ai lu depuis au moins 2 ans. J'ai retrouvé le goût de la lecture et le bonheur de lire grâce à ce livre que je viens de terminer. Maupassant nous délivre là une histoire que nous ne pouvons oublier. La pauvre Jeanne dont toute la vie n'a été que malheur, tromperie et malchance se retrouve enfin heureuse grâce à un petit être innocent. Une fois commencé, il fallait absolument que je continue à tourner les pages, il fallait que je sache ce qui allait encore arriver à cette fille. C'est un roman, je pense, qui restera à tous ceux qui l'ont lu, gravé dans les mémoires.

...mais quelle vie!

9 étoiles

Critique de TELEMAQUE (, Inscrit le 9 février 2006, 76 ans) - 4 février 2007

"Il n'y a rien de plus terrible quand on est vieux que de remettre le nez dans sa jeunesse". La mère de Jeanne décline, son mari la trompe et comme un avertissement son père essaie de la dissuader de remuer ses souvenirs ainsi que l’a fait la baronne, sa mère au soir de sa vie. Un jour, plus tard, elle découvrira que cette mère irréprochable avait un secret enfoui au plus profond d'elle, ce que ses papiers révèleront après sa mort.
C'est un mélo, et tous les ingrédients y sont. La pure jeune fille mariée, après une sorte de maquignonnage qui se répètera plus tard avec la bonne. Celle-ci grosse des oeuvres de Julien, son mari, sera remise entre les mains d'un "futur" qui trouvera son intérêt dans la ferme dont elle sera dotée. Un mélo, parce que Julien, la trompe et que le mari de sa maîtresse les tuera, lui et la coupable. C'est un mélo, car il est jusqu'à son fils, en qui elle avait mis tout l'espoir de sa vie, qui la trompera et la ruinera. Tout est mélo, comme un second degré qui nous révèle, petit à petit, ce qui fait le fond de la vie de Jeanne de Lamare, la vacuité. A mesure que se déroule sa vie conjugale, après les premiers jours pendant lesquels elle aura eu la révélation de ce qu'est le plaisir, à mesure que Julien deviendra "un acteur qui a fini son rôle...envahi par la négligence des gens qui n'ont plus besoin de plaire"..."causant majestueusement des affaires les plus insignifiantes", se révèle une autre réalité, plus étouffante celle là: l'ennui.

Une vie est aussi en filigrane une étude de moeurs, dans laquelle apparaissent, comme personnages secondaires, les autres. Mais en réalité ils interviennent comme éléments du décor, d’un décor envahissant. Tous les autres: les normands, paysans primitifs, cruels, les cagots, bien pensants, autant de prétextes à une critique acide de l'"esprit bourgeois", du conformisme Louisphilippard. Critique d'une époque qui aura marqué l'éphémère triomphe de la petite bourgeoisie, objet de toutes les attentions du pouvoir. L’époque de Bouvard et de Pécuchet, celle des imbéciles heureux qui trouveront leur plus caricatural représentant dans le pharmacien Homais.
Le libre penseur qu'est son père le baron, est lui-même, posant une réalité autre, un peu ridicule aux yeux de Jeanne, et avec le recul, aux nôtres. Ce radicalisme dans l'anticléricalisme voltairien sent son extrémisme, et devient une autre forme de bien penser.

Mais " Une vie" est avant tout un roman maupassantient (sic), où le réalisme hérité de Flaubert se mâtine de naturalisme. L'hérédité, comme chez Zola joue un rôle en expliquant la fatalité. L'histoire se répète car elle est inscrite dans les gènes, comme une malédiction. De Maupassant les dérives de la conscience apparaissent et donnent lieu à des suggestions stylistiques qui font affleurer le fantastique. La description de l'arrivée du comte, la nuit à la lueur d'une torche qui le fait littéralement apparaître –comme un fantôme- est ici exemplaire de ce fantastique.

Il y a bien sur des similitudes de destin avec Emma Bovary, mais ce ne sont que des similitudes concernant le personnage, pas le roman. Maupassant traite le néant autrement que Flaubert, avec moins de descriptions, ces descriptions qui chez ce dernier rendent tellement prégnante la présence du réel, jusqu’à en faire un personnage. Aussi, Jeanne se laisse-t-elle le plus souvent aller, portée qu’elle est par les péripéties d’une vie qui semble lui échapper, qu’elle subit en quelque sorte, là où Emma la prenait « à bras le corps » pour la marquer de son empreinte.

A travers ces deux romans, on comprend mieux que par n’importe quelle étude, ce qu’était la condition de la femme au XIXème siècle, telle qu’elle avait été définie et limitée par le code civil : une mineure.

Une vie bien triste...

8 étoiles

Critique de Bibou379 (, Inscrite le 26 mai 2005, 40 ans) - 2 octobre 2006

La gentille et innocente Jeanne découvre les désillusions au cours de sa vie longue et décevante... Un père désabusé, un mari intéressé et négligent, un fils profiteur et opportuniste reste une gentille fille pour s'occuper de ses malheurs. Récit touchant, agréable à la lecture mais dont la fin est peu positive et empreinte d'amertume. Maupassant nous livre une fois de plus un roman passionnant!

Amour au 19ème

8 étoiles

Critique de Oxymore (Nantes, Inscrit le 25 mars 2005, 52 ans) - 31 mars 2005

Pauvre Jeanne !! Au retour du couvent, elle voit enfin se profiler la vie, l'amour, la liberté et comme bien souvent chez les réalistes ou les naturalistes, Maupassant n'a que faire des états d'âme de notre moiselle Jeanne. Cette dernière a bien la même candeur que la promise de Gaston ;) mais pas la même joie de vivre. Dans UNE VIE, Jeanne entourée de l'amour de ses parents va rencontrer un jeune homme dont elle tombe amoureuse; las, le mariage et la dot arrangés, le tendre mari se transforme en goujat, calculateur qui va entraîner Jeanne dans l'ennui "Bovaryen", puis à la mort de sa mère, dans une sorte d'ataraxie bien triste à nos yeux. Ce livre est merveilleux et parfaitement identifiable à Maupassant (description des paysages, Normandie, mer etc...). A lire pour retrouver le bonheur que procure Maupassant

Tempus fugit

10 étoiles

Critique de Fa (La Louvière, Inscrit le 9 décembre 2004, 49 ans) - 15 mars 2005

Au rayon des illusions perdues. Cet excellent roman m'a réellement bouleversé surtout en ce qui concerne la gestion du temps qui inexorablement passe. On sent passer les années; on sent l'héroïne, Jeanne, s'enliser implacablement dans une tristesse sans fond, due avant tout à sa fragilité et à son incapacité de se défendre contre un monde hostile.

Vraiment extraordinaire. Si j'avais le temps, j'en ferais une étude comparée avec Eugénie Grandet auquel j'avais aussi mis cinq étoiles. Pourtant, je crois que "Une vie" est encore supérieur.

Aaaah ce Maupassant!

8 étoiles

Critique de FightingIntellectual (Montréal, Inscrit le 12 mars 2004, 42 ans) - 22 juillet 2004

Guy de Maupassant est le premier auteur classique que j'ai lu, une de ses nouvelles se retrouvant dans un de mes cahiers d'école au primaire.

"Une vie" fut un cadeau de ma maman qui m'a refilé le livre à défaut de l'avoir aimé.

Personnellement je raffole du style de Maupassant. Il peint des images dans la psyché humaine. Ses descriptions ne nous laissent pas sur notre apétit. Tout le drame de Jeanne y est représenté comme sur une énorme fresque naturaliste. Lire du Maupassant c'est imposant, impressionnant.

La découverte de l'ignorance

8 étoiles

Critique de Ondatra (Tours, Inscrite le 8 juillet 2002, 43 ans) - 24 décembre 2002

Ce premier roman de Maupassant est éclatant de vérités et pourtant si triste à la fois, on sent toute la souffrance de Jeanne, cette jeune fille juste sortie du couvent où elle a été élevée, et qui peu à peu découvre ce qu'est la vraie vie avec horreur .... Ce roman est à lire mais il faut aussi savoir prendre du recul par rapport à ce qui y est dit, même si dans certains milieux, il est presqu'encore d'actualité !! Bonne lecture ;)

Un livre qui m'a beaucoup touché

9 étoiles

Critique de Lolita (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans) - 3 décembre 2002

Ce livre que je viens juste de terminer me laisse un goût amer et de la tristesse. Moi aussi je suis un peu comme Jeanne, à rêver de ce que l'on aimerait être, de ce que l'on voudrait... pourtant j'ai maintenant la certitude que tout n'est pas comme on l'espère. Ce roman est bien triste certes mais il est assez réaliste et tellement encore vrai. Ce livre est certainement pour moi la meilleure oeuvre de Maupassant. Il restera en tout cas gravé dans ma mémoire.... Comme tous ceux qui l'ont lu je présume.

La faillite du romantisme

9 étoiles

Critique de Lucien (, Inscrit le 13 mars 2001, 69 ans) - 5 août 2002

Maupassant est beaucoup plus connu pour ses nombreuses nouvelles que pour ses quelques romans, dont certains très réussis comme "Bel-Ami", "Pierre et Jean" et "Une vie". J'ai dû lire la malheureuse aventure de Jeanne aux alentours de ma seizième année, et ce destin dramatique (mélodramatique?) m'avait impressionné à tel point que, quand on me demandait de citer, pour un quelconque questionnaire de Proust, mon héroïne préférée dans la fiction, je répondais "Jeanne". Ce roman pourrait s'intituler "Illusions perdues", si le titre n'était déjà employé par Balzac. La Jeanne naïve des débuts sort de son couvent avec des tas d'illusions sur l'existence. Gavée d'histoires romantiques, elle attend le prince charmant. Mais la vie quotidienne n'a rien à voir avec le romantisme, et lui en fera la démonstration à travers une série d'épreuves. La figure de Jeanne prend ainsi place dans cette galerie de portraits de femmes marquées par la vie qui s'accumulent dans les romans du dix-neuvième. Elle y figure en bonne position aux côtés de Gervaise (dont le destin est beaucoup plus cruel), d'Emma Bovary (un tempérament tout à fait différent) ou encore d'Eugénie Grandet qui gardera jusqu'au bout, comme Jeanne, une sorte de sourire désenchanté. Le mot de la fin revient à la brave bonne dont j'ai oublié le prénom, et qui résume toute la philosophie du livre par cette formule toute normande : "La vie, voyez-vous, ça n'est jamais si bon ni si mauvais qu'on croit".

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