Une saison dans la vie d'Emmanuel
de Marie-Claire Blais

critiqué par Eireann 32, le 7 mars 2005
(Lorient - 77 ans)


La note:  étoiles
La vie est dure aux miséreux.
Au Canada la naissance d'un enfant dans une famille très nombreuse et pauvre. Nous le suivrons lui et sa 'tribu' pendant la saison hivernale. La Misère est omniprésente, la religion aussi, mais pas pour aider les pauvres gens ; la survie était le lot de tous les jours.
Emmanuel naît en remplacement d'un de ses frères morts la veille, heureusement car la place manque. La promiscuité est infernale, la mère après 16 grossesses est un être usé, le père un ignare obtus. La vie se poursuit sous l'égide de la Grand-Mère, mais les drames vont ternir la fin de la première saison de la vie d'Emmanuel. Les garçons les plus vieux boivent et fument en cachette, le Septième et Pomme sont envoyés pour travailler dans une usine de chaussures. Jean le Maigre l'écrivain est envoyé chez les Frères. Jeunesse corvéable, ils deviendront une main-d'œuvre à très bon marché. Emmanuel a son destin tout tracé s'il survit.
La Grand-Mère est un personnage énorme, au propre comme au figuré. Elle mène la maison avec force et douceur, femme ambiguë qui s'est pratiquement toujours refusée à son mari et qui l'a "aimé pendant son agonie". Les frères Le Septième et son compère Jean le Maigre sont tour à tour chenapans (les visites la nuit dans la cave du père, leur conduite avec certaines filles du voisinage) et en même temps des victimes désignées. Une de leurs sœurs, Héloïse, mystique, que la sexualité tourmente et qui entend les nuits de ses parents derrière la fine cloison, quittera aussi la maison avant la fin de l'hiver, un travail dans une auberge l'attend. Mais tous déchanteront.
La forme du récit est surprenante, parfois Emmanuel est le narrateur, parfois c'est la Grand-Mère, puis un troisième. L'écriture divague un peu, la phrase commence à une époque, puis se termine sur un retour en arrière, les gens racontent l'Histoire de cet hiver. Mais j'ai pris beaucoup de plaisir à ce livre et le Septième et Jean le Maigre sont très attachants dans leurs faiblesses et leurs impuissances à changer leurs vies. Le fatalisme du Septième est un aveu final.
La vie continue et pour Emmanuel avec l'arrivée du printemps sa deuxième saison commence et sûrement un autre enfant viendra.
Pas pour moi 2 étoiles

Quand le cœur n’y est pas, il peut être bien difficile d’aller jusqu’au bout d’une lecture. Je ne suis pas allée assez loin pour définir clairement ce que je n’ai pas aimé dans ce livre, mais je sais que la magie n’a pas opéré avec moi; l’ennui et l’envie de lire toujours autre chose avant de se replonger dans un livre en cours ne mentent pas…

Gabri - - 38 ans - 30 août 2010


Le règne du clergé 10 étoiles

Un grand classique de la littérature québécoise, ce roman raconte les tristes destins des membres d’une famille nombreuse durant une période sombre de notre histoire. On y retrouve les thèmes de la pauvreté, l’ignorance, l’inceste, la mort. Mais surtout, celui de l’emprise de la religion sur les gens démunis en entretenant la culpabilité du péché, et ce dès l’enfance :
« …ces coupables au visage d’ange qui avaient fait l’apprentissage du vice entre les murs des orphelinats et des couvents et ne demandaient pas mieux que de quitter enfin pour la liberté ce sauvage paradis de leurs sens oisifs. »

Un condensé d’Histoire qui relève du génie.

(Prix Médicis, Jean-Hamelin)

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 2 juin 2010


La souffrance des enfants d’une famille misérable 5 étoiles

Dans une famille québécoise, dans les années 40, un nouvel enfant arrive, Emmanuel. Au cours de ses premiers mois, Marie-Claire Blais nous fait découvrir le quotidien de cette famille misérable, plus particulièrement, la vie de Jean le Maigre, qui va mourir, celle de sa sœur Héloïse, …, et surtout le personnage de la grand-mère qui joue un rôle prépondérant.
Le narrateur change régulièrement au cours du récit, cela dérange. Le vécu de ces personnages est dérangeant aussi, la souffrance est dominante. Ce livre a obtenu le prix Médicis ainsi que de nombreuses critiques favorables, peut-être vous plaira-t-il ? Il ne m’a pas enchantée malgré tout.

Ichampas - Saint-Gille - 60 ans - 12 octobre 2005