L'occupation de Annie Ernaux
Catégorie(s) : Littérature => Francophone
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Sentiment floué par l'Autre
La narratrice quitte son amant après une liaison de six ans. Mais lorsque celui-ci lui annonce qu'il fréquente une autre femme et qu'il choisit de vivre avec celle-ci, un sentiment incroyable se produit chez elle : la douleur, la souffrance, insidieusement la jalousie et l'obsession terrible de cette Autre, dans la vie de son (ex) amant. Un sentiment troublant et déconcertant qu'est cette sensation d'avoir perdu une exclusivité, une place, un homme .. à la rigueur. Car au fil du récit, c'est plus l'impression d'être flouée d'un acquis, d'être remplacée par cette Autre qui prédomine "L'occupation".
Effectivement la narratrice est "occupée" : par l'image surréaliste de cette autre femme dans la vie de son amant, lequel refuse de dire le nom, prénom et plus. Aussitôt la folle du logis s'emballe - à son bord, une narratrice presque échevelée, enragée, excitée et éperdue. L'imagerie de cette Autre devient obsessionnelle. Seul recours : l'écriture, "comme une jalousie du réel", un dérivatif à sa souffrance, écrire les mots pour sortir de cet engrenage, et qu'aujourd'hui cette histoire ne soit plus "mon désir, ma jalousie" mais "du désir, de la jalousie". Une jolie leçon, fatalement courte, excisée par Annie Ernaux.
Les éditions
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L'occupation [Texte imprimé] Annie Ernaux
de Ernaux, Annie
Gallimard / Blanche
ISBN : 9782070764716 ; 9,05 € ; 31/01/2002 ; 72 p. ; Broché -
L'Occupation
de Ernaux, Annie
Gallimard / Folio
ISBN : 9782070301690 ; 3,50 € ; 15/09/2003 ; 75 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (3)
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JALOUSIE QUAND TU NOUS TIENS!
Critique de Septularisen (, Inscrit le 7 août 2004, - ans) - 14 octobre 2023
Toutefois quand elle apprend que W. son ex-amant s’est remis en couple avec une femme de 47 ans , qui a une fille de 16 ans, et est professeur d'histoire à l'université de Paris III, elle sombre peu à peu dans la spirale d’une jalousie obsessionnelle, qui semble n’avoir aucune limite et qui peu à peu la fait sombrer psychologiquement, et où elle s’embourbe complètement, corps et âme!..
Folle de douleur, elle se mets alors à écrire… Pourquoi? Sans doute, et la narratrice le reconnaît elle-même, les mots ont-ils une vocation cathartique, qui permet de réduire en l'exprimant le trop-plein de la jalousie qui ronge les derniers souvenirs heureux qui lui restent avec l’homme qu’elle a aimé et qu’elle a abandonné...
Ce livre aurait pu s’intituler : «Le drame de la jalousie» que ce n’en aurait été que mieux et plus explicite!.. Alors bien sûr, de prime abord, on parlera ici de banalité! Et, je suis tout à fait d’accord! Quoi de plus banal en effet que ce sentiment que l’on a tous éprouvé au moins une fois dans sa vie, notamment envers l’être aimé!.. Là où cela devient unique, c’est dans le traitement qui en est fait par Mme. ERNAUX. C’est une sorte de «dissection» de ce sentiment. C’est très fort, très puissant, très lucide, très honnête (elle ne nous cache absolument rien de ses tourments et nous relate tout ce qu’elle ressent…), tout en étant toutefois décrit avec des mots très simples. Mais, attention, les mots choisis sont toujours les bons et les meilleurs pour décrire le sentiment de la jalousie. Une véritable mécanique des mots, mis au service de la description d’un sentiment!.. Saisissant je vous dis!..
L’autrice passe par toutes les phases de ce sentiment destructeur. Elle sombre, elle fait du déni, elle voudrait que l’être aimé revienne, elle voudrait tuer celle qui a pris sa place, elle voudrait la connaître, savoir son nom, savoir à quoi elle ressemble, savoir quel est son métier etc. etc...
Pour finalement accepter de l’avoir définitivement perdu et ne plus vouloir le revoir…
Cela n’a d’ailleurs pas été sans me rappeler les paroles de la très belle chanson de Mlle. Patricia KASS (*1966), «Je voudrais la connaître» (1997) (1), écrite par M. Jean-Jacques GOLDMANN (*1951).
Que dire de plus? C’est court, très court, - moins de cent pages -, et cela aurait peut-être mérité une centaine de pages en plus!.. Mais, comme on comprend très vite à la lecture, que pour l’écrivaine ce livre a été comme une sorte de catharsis, une rédemption, on peut admettre que sans doute l’écrivaine n’avait plus rien (ou ne voulait plus rien…) dire!
C’est écrit dans le plus pur style de Mme. ERNAUX, avec toujours son écriture minimaliste, (je vous jure que l’on a l’impression que l'écrivaine française «économise» ses mots!..), dépouillée, décharnée, parfois de façon très crue et très explicite d’ailleurs. La remarque est toujours la même ici, on aime ou bien on n’aime pas le style de l’écrivaine française, donc, - pour prendre un raccourci dont je sens qu’il ne mènera jamais sur la route principale -, on aime ou pas les livres de Mme. ERNAUX… Ceux qui, - comme moi, vous l’aurez compris -, aiment, seront comblés, les autres évidemment…
Est-ce que je conseille la lecture de ce livre? Oui, surtout si vous aimez l’écriture de Mme. Annie ERNAUX, d’autant plus que c’est très court, et donc cela se lit très vite… Oui aussi, si vous voulez voir un écrivain vous exposer de façon quasi chirurgicale un sentiment humain… Pour les autres? Ce n’est certainement pas le livre pour partir à la découverte de l’œuvre de Mme. ERNAUX, vous risquez sans doute de vous faire une idée fausse et totalement partiale et surtout de vous méprendre sur son incroyable talent d’écriture. Donc ma réponse est sans doute… Non!
(1). Ici sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=0TX6pMl75Q0
Rappelons que Mme. Annie ERNAUX a obtenu le Prix Prince-Pierre-de-Monaco en 2021 et le Prix Nobel de Littérature en 2022, au moment où j'écris ces lignes elle est la seule écrivaine française lauréate de ce prix!
Banale banalité
Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 7 août 2012
Et comme, des milliers de femmes qui se retrouvent seules, elle veut raconter son histoire, l’écrire à des fins thérapeutiques, pour l’admettre, l’accepter, la dominer et finalement l’oublier. Une histoire d’une grande banalité écrite dans une langue simple, dépouillée, minimaliste… banale qui laisse le lecteur, moi au moins, totalement indifférent. J’ai eu l’impression de ne lire que quelques … « banalités », quelques ragots de voisins mal intentionnés. Un mini livre, soixante-quinze petites pages peu denses, une écriture minimaliste, des émotions minimales, une lecture minimum…
Je n’ai pas compris le projet littéraire d’Annie Ernaux, je ne comprends pas l’intérêt de publier un tel livre, je pense que je suis passé totalement à côté de ce récit, qu’il me faudra une autre expérience avec cet auteur et peut-être même qu’un lecteur plus averti m’explique les subtilités qui m’ont échappées dans ce texte, dans cette histoire, dans ce projet.
Etre remplacée....
Critique de Jo (Quelque part au coeur des Ardennes, Inscrite le 30 décembre 2003, 48 ans) - 9 avril 2008
Elle exprime bien les sentiments qui peuvent être ceux d'une femme qui se sent "remplacée" dans le coeur d'un homme.
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