L'héritage d'Emilie, tome 3 : L'exilé
de Florence Magnin

critiqué par Shelton, le 23 mars 2005
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Bienvenus à Hatcliff
Le lecteur a souvent l’impression que tout a toujours été écrit, qu’il n’est plus possible de l’étonner, et on ne lit plus que pour passer le temps… Oui, je sais, c’est un peu exagéré ! Mais, vous savez bien que c’est quand même un peu vrai…
Par exemple, en bande dessinée, on va rechercher ce que l’on connaît, ce qui nous renvoie à nos lectures d’enfances, à un graphisme que l’on aime… On n’est pas très courageux, on ne prend pas beaucoup de risques… Mais heureusement, il nous arrive de nous faire surprendre, de plonger dans l’inconnu… et quand c’est en compagnie d’un auteur de qualité… laissons-nous faire !
Florence Magnin est un [ou une] auteur [faut-il mettre un e ?] complet. Le scénario, le dessin et même la couleur. Il faut dire qu’elle est attachée à la finition de ses travaux. Dans sa dernière série, L’héritage d’Emilie, publiée chez Dargaud, chaque page, chaque vignette, est une œuvre entière, pleinement tournée vers le récit, au service de la narration. Une locomotive fume et, immédiatement, les vignettes de compartiments, à proximité, sont contaminées… Pour un peu, on se mettrait à tousser… Elle joue aussi avec le fond de couleur des pages, en fonction du lieu, du type de séquence (réalisme ou fantastique), bref pas une brindille de son travail qui ne donne pas un élément de l’histoire. D’ailleurs, on ne la connaissait pas cette Florence Magnin scénariste. Dans ces deux histoires précédentes, elle était au service de Rodolphe, un scénariste reconnu et attrayant. Mais que pouvait-elle faire seule… Franchement, c’est du très haut niveau, on se demande pourquoi elle allait chercher une aide, elle pouvait se débrouiller toute seule ! Quant au thème, vous l’avez déjà compris, ce serait plutôt du fantastique… oui, ou alors du réel que nous ne saurions pas observer…
On savait, du moins pour ceux qui la suivent et la lisent depuis quelques années, qu’elle avait un penchant pour le mystère et le fantastique, mais là elle donne la plénitude de son art.
Tout commence avec la présentation de son héroïne, Emilie, danseuse de cabaret dans un Paris des fêtes de l’après première guerre mondiale, les années folles. Mais Emilie ne veut pas donner plus que ce qu’elle veut bien, c’est à dire se montrer sur scène, pas plus. Mais quand elle dit non à un ponte, une personnalité importante… Elle se fait virer de la revue dans laquelle elle était… Mais, heureuse décision de la scénariste, c’est à ce moment là qu’elle devient héritière d’un château au fin fond de l’Irlande. Mais quel château, par qui est-il habité, la laissera-t-on prendre possession de son bien, qui était cet ancêtre arrivé en Irlande en 1801 ? Autant de questions qui vont tenir en haleine le lecteur dans ce qui est une fable étonnante mise en image avec talent, douceur et délicatesse par Florence Magnin. Je ne veux pas vous en dire plus pour le moment, à vous de lire… Enfin, si, je veux bien vous prévenir… au bout d’un moment, on ne sait plus qui est réel et qui ne l’est pas… Mais est-ce si important ? Ah! J’ai oublié de vous dire qu’il y avait trois albums de parus, Le domaine Hatcliff, Maestro et L’exilée. Il vous faudra, nous faudra, attendre encore quelques mois pour avoir la fin… mais ce « à suivre » c’est aussi une des magies de la bande dessinée !
Splendeur et lassitude 7 étoiles

La suite des aventures d’Emilie la jeune héritière dans un univers nimbé de mystère, à la fois onirique et fantastique. Rien à redire sur le dessin, agréable, la mise à page très réussie ainsi qu’une maîtrise de l’aquarelle impressionnante. Par contre la lecture est sympathique mais lestée d’un scénario un tantinet brumeux que rien ne distingue vraiment des tomes précédents.

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 5 mai 2012