Charles le Téméraire : tome 1, Un temps de chien
de Yves Beauchemin

critiqué par Libris québécis, le 11 avril 2005
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
L'Enfance des délaissés
Charles le téméraire est un roman qui s’attache à l’apprentissage d’un petit Montréalais. Les familiers du quartier Hochelaga reconnaîtront les principaux points de rassemblements de la population, tels l’école Pierre-Dupuy, l’église Saint-Eusèbe et le métro Frontenac.

Charles Thibodeau, le héros, est le fils d’un alcoolique invétéré. Avant même de fréquenter l’école, il perd sa sœur et sa mère. Élevé par un père acoquiné à une serveuse de restaurant, il fuit ce couple devenu menaçant pour sa vie. Il se retrouve finalement au sein d’une famille chaleureuse, qui débourse cinq mille dollars pour en avoir la garde. Avec le temps, la somme apparaît insuffisante aux yeux d’un père sans emploi. À l’adolescence, Charles paie lui-même les sommes exigées à même ses économies, amassées grâce à un travail de livreur auquel il s’adonne après ses cours. Comme son père se montre de plus en plus gourmand, il doit recourir à des combines criminelles afin de contrer les menaces d’incendie du commerce de ses parents adoptifs si jamais il n’est pas suffisamment dédommagé pour la perte de son fils. Bref, ce canevas met en branle toute la dynamique d’un enfant maltraité, qui est accueilli par une famille généreuse qu’il doit lui-même protéger contre les méfaits d’un homme sans morale.

Par son roman, Yves Beauchemin souligne le sort révoltant que la vie réserve parfois aux plus vulnérables de la société. Heureusement, son héros peut compter sur la famille Fafard et le notaire Michaud pour se tirer du bourbier où son père et d’autres adultes mal intentionnés l’ont enlisé. L’auteur crée ainsi une dichotomie tranchée qui divise le monde en bons et en méchants. Cette catégorisation trop nette relève d’une économie qui fait fi de la complexité de l’être humain. Hormis cette réduction, l’œuvre reste une invitation à la bonté pour remédier aux carences des adultes inconscients du mal qu’ils font.

Charles le téméraire est une réplique du Matou. Dans les deux œuvres, il s’agit d’enfants délaissés qui tentent de rendre la monnaie aux âmes charitables qui les ont secourus. Cependant l’auteur élargit l’horizon du héros de son dernier roman. Charles ne triomphe pas seulement des obstacles qu’on lui crée. Grâce à son goût de la lecture que lui a transmis une institutrice et à son admiration pour Balzac que lui a communiqué le notaire Michaud, il se sent la force d’affronter la vie avec succès. Ses aspirations dépassent le cadre d’une quête personnelle. Comme Rastignac dans Le Père Goriot. il pourrait s’exclamer : « À nous deux Montréal ! » Dans le prochain roman déjà prévu, il tentera sûrement de s’impliquer au sein de la communauté montréalaise, sinon nationale.

Ses études, ses amis, ses amours, ses emplois d’étudiant, ses lectures, sa passion pour les chiens et la criminalité composent son quotidien. C’est en somme très complet et redondant. À toutes les dix pages, l’auteur se sent obligé de souligner la générosité de la famille Fafard. Ça lasse à la longue. Enfin, ce roman convient à un large public malgré ses 684 pages. C’est donc d’une lecture facile, accrue par la psychologie sommaire des personnages. Anges et démons se livrent un combat à finir dans les entrelacs des séquences qui rappellent les prises cinématographiques. En somme, ça plaira à ceux qui aiment le triomphe des bons sentiments sans trop questionner la forme qui les véhicule.
Excellent! 8 étoiles

Il est difficile de refermer le premier tome. L'histoire est captivante, les personnages de Charles le téméraire sont attachants (notamment le notaire) ou encore détestables (le père de Charles, l'abbé...). Ce roman est vraiment émouvant.
Malheureusement, j'ai trouvé que le rythme des deuxième et troisième tomes s'essoufflait un peu. Mais ça vaut la peine de suivre le parcours de Charles jusqu'au bout!

Steph-9 - - 34 ans - 28 juin 2009


Une belle histoire 9 étoiles

Beauchemin est un grand écrivain et il nous en donne encore une fois la preuve avec ce premier tome de "Charles le téméraire".
La détresse du bambin est tellement poignante que nous voudrions intervenir sur le déroulement de ses jours. Charles dépasse son état de personnage et devient celui que nous voulons protéger (comme le merveilleux couple qui s'en occupera) ou que nous voulons réprimander lorsque ses actions s'avèrent douteuses.

C'est par obligation que nous fermons le livre, avec bonheur que nous le réouvrons. Heureusement, il y a un deuxième tome.

Pygargue - - 64 ans - 13 août 2005