Les fausses innocences
de Armel Job

critiqué par Clarabel, le 18 avril 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Apre et suffocant
Dans cette partie de la Belgique, qui n'appartient à "personne", qui fut le théâtre de déchirements, d'annexions forcées entre l'Allemagne et la Belgique, l'atmosphère demeure lourde, pesante et âpre. Au village de Niederfeld, Roger Muller, le bourgmestre, recueille le témoignage éploré de Mathilda Stembert, épouse du docteur. Ce dernier est déclaré mort, d'un accident de voiture, en Allemagne de l'Est. Toutefois, Roger avait surpris, la veille au soir, ledit Docteur Stembert, en panne de voiture, égaré en pleine forêt, avant d'être secouru, à contre-coeur, par Roger qui l'a déposé chez lui, devant la grille de leur villa. Mais ça, Roger ne peut l'avouer. Au contraire, il devine que Mathilda est en train de mentir. La veille, le docteur lui confiait qu'il venait de se disputer violemment avec son épouse car il lui annonçait qu'il la quittait, pour une autre.

Couvrir les mensonges de Mathilda, préserver un secret qu'il croit être le seul à détenir peu à peu les morceaux du puzzle, ainsi Roger s'embarque vers une complicité de crime, uniquement parce qu'il reste éperdument amoureux de Mathilda, depuis sa toute jeune adolescence, avant qu'il ne parte sur les fronts de l'est et rentre en apprenant le mariage de celle-ci avec le docteur.

"Les fausses innocences" indique implicitement l'anachronisme ambiant du roman : n'est pas coupable celui ou celle qu'on pense ! Loin de là. Le roman s'enfonce vers une noirceur, une âpreté très palpable, que les caractères des principaux acteurs de ce drame accentuent. On se croirait presque dans du Simenon, une atmosphère confinée, un vase clos, des ressentiments, des secrets, des mentalités cloisonnées, bref... l'auteur dresse au scalpel un roman noir, glaçant et vif comme un coup de vent par un soir de tempête. Cela nous embarque de sitôt, la plume est subtile et grinçante. Un très bon roman !
Décidément excellent ! 8 étoiles

L’action se passe dans l’immédiate après-guerre (la deuxième) ; le décor : un village des cantons de l’Est de la Belgique. Quelques personnages : le docteur Stembert et son épouse Mathilda ; Roger Muller, le bourgmestre qui est également entrepreneur, célibataire sans enfant, il vit avec sa mère, évidemment, acariâtre et possessive. Un jour, Mathilda vient annoncer que son mari, le docteur Stembert, est décédé lors d’un congrès en Allemagne de l’Est. Cela peut arriver. Mais tout n’est pas spécialement vrai non plus …

Un roman rondement mené par le décidément excellent Armel Job.

Extraits :

- La médecine, si tu penses que je crois à la médecine ! Quelques recettes pour accompagner la nature. Mais empêcher le mal, c’est une toute autre affaire.

- Amélie ouvre le café Zur Post pendant la messe du dimanche en souvenir de son mari, qui était socialiste. Les catholiques votent quand même pour moi à cause de maman.

- Moi, le dimanche, je lis. Tous les mois, j’emporte un livre de la bibliothèque publique. Je suis le seul lecteur. Le bibliothécaire était l’ancien instituteur. Autrefois, les enfants et les parents lisaient par crainte de lui. Depuis qu’il est mort, les gens sont soulagés.

- Il fait partie du BROL (Belgarum Redemptio Optione Latininatis, « le salut de la Belgique pour l’adoption du latin », un groupuscule qui a trouvé la solution miracle à la question linguistique.

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De ce roman, il a été tiré un téléfilm :
https://tvlux.be/video/info/…

Catinus - Liège - 73 ans - 28 août 2018


Apparences trompeuses 7 étoiles

Pour qui s’est déjà plongé dans l’œuvre d’Armel Job, ce roman reste dans la plus pure lignée de ce qu’il a écrit et particulièrement d’un de ses derniers romans « Et je serai toujours avec toi », sauf qu’ici, c’est surtout la construction d’un très bon récit qui tiendra le lecteur en haleine aidé par un style sobre et efficace.

On retrouve en filigrane plusieurs messages distillés par l’auteur notamment sur la tolérance mais il faut avant tout prendre ce livre comme il est, soit un drame familial rural, thème ou trame récurrent utilisé par l’auteur. On y trouve aussi cette ambiance particulière des zones frontalières où l'identité des uns ou des autres reste parfois difficile à cerner et se décline au fil des générations.

Le lecteur ne comprendra le véritable sens du titre qu’après avoir tourné les dernières pages de ce très bon roman parfumé de la profondeur et de la rudesse des personnages vivant dans l’Ardenne belge.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 16 septembre 2017


Secrets de famille 8 étoiles

Roger Müller est le bourgmestre du petit village germanophone de Niederfeld en Belgique. "Vieux garçon", vivant seul avec sa mère âgée, acariâtre et exigeante, il rentre de sa visite hebdomadaire de la "Pension" de Frau Trost quand il aperçoit, dans la tempête une silhouette sous un chêne.
Il reconnaît le docteur Stemberg, et malgré son antipathie, il s'arrête et le fait monter dans sa voiture. Celui-ci lui explique qu'il quitte Mathilda sa femme mais qu'un accident de voiture l'a immobilisé à quelques kilomètres de chez lui.
Mais Mathilda, ce n'est pas n'importe qui et Roger ne peut admettre cette désertion. Alors il va ramener l'homme devant sa maison.

C'est donc surpris et incrédule qu'il croise Mathilda à la mairie venue déclarer le décès de son mari dans un accident de voiture. De plus, l'accident ayant eu lieu en Allemagne, pas de témoin, pas de document officiel et surtout pas de cadavre.
Tout doucement Armel Job va nous emmener dans l'enquête de Roger, dans ses choix entre la vérité et l'amour et nous dévoiler le passé de chacun des personnages.
Avec toujours autant de subtilité, il va nous faire douter de l'un, puis de l'autre, pour finalement nous surprendre comme à son habitude. Et l'on se dit encore une fois que l'on aurait pu y penser!

Marvic - Normandie - 66 ans - 3 août 2013


Suspense à volonté. 8 étoiles

Le contenu de "Fausses innocences" m'a beaucoup intriguée . Cela m'a étonnée car en général, les livres qui m'intéressent sont des autobiographies. Le lecteur est immédiatement plongé dans le roman .
Les situations ne sont pas lassantes, les descriptions sont adéquates: ni trop longues, ni trop courtes. J'ai laissé souvent place à mon imagination. Durant ma lecture, je suis entrée totalement dans l'histoire en m'identifiant aux personnages. Cette sensation est extraordinaire, ceci est la preuve que l'oeuvre est de qualité.
L'auteur expose beaucoup d'indices sur le meurtrier. Cependant, le lecteur n'est pas dupe. Au début de l' intrigue, on se doute de l'identité de l'assassin. Ensuite, on s'aperçoit que le but de l'écrivain était de nous surprendre à la fin .
Je conseille à tout le monde de le lire. Il est adapté à tout type d'amateur, en particulier aux personnes qui apprécient le suspense et les enquêtes policières.

Mimi013 - - 31 ans - 13 novembre 2009


Admirable 10 étoiles

Quel beau livre. Quel suspense! Crime parfait? Mais y-a-t'il eu mort d'homme? On reste en haleine jusqu'à la dernière page. Magnifiquement bien écrit. L'auteur nous donne la version de chacun et... on y croit. Auteur à lire de toute urgence.

Campanule - Orp-Le-Grand - 62 ans - 1 novembre 2007


Un livre qui porte bien son titre 7 étoiles

Un bon roman bien de chez nous. Ca sent le terroir belge et on s’y voit très bien. L’histoire se déroule de telle manière qu’on la voit défiler sous nos yeux ; elle est construite tel un film. Le genre est un peu difficile à définir, ce qui le rend original et agréable à lire ; cela change des autres romans.
On croit qu’on a tout compris dès le début, qu’il n’y a pas de mystère et on se croit très malin, mais on tombe de haut vers la fin. C’est l’histoire entre autres d’un raté, d’un homme qui a loupé un train en matière d’amour, qui n’a pas vraiment réussi professionnellement, qui est dominé par une mère acariâtre chez qui il vit toujours à 40 ans passés, mais pour une fois, il s’agit d’un personnage qui n’en reste pas moins attachant et sa description est très réaliste. Je trouve la deuxième narratrice un peu moins sympathique, plus difficile à cerner. L’histoire se déroule en 1962 et fait de nombreuses références à la seconde guerre mondiale et aux séquelles qu’elle a laissées derrière elle.

Pascale Ew. - - 57 ans - 8 octobre 2006