La musique de Yukio Mishima

La musique de Yukio Mishima
(音楽)

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Saule, le 13 avril 2001 (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 7 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 5 étoiles (41 647ème position).
Visites : 6 252  (depuis Novembre 2007)

La Musique, un roman de Mishima

Mishima est probablement le plus connu (avec Kawabata) des romanciers Japonais de ce siècle.

Dans "la Musique", un roman nouvellement traduit, il met en scène une jeune femme qui consulte un psychiatre pour un problème de frigidité (elle "n'entend pas la musique"). A partir de là, on suit avec un plaisir énorme l'évolution de la relation entre le médecin et sa patiente. Comme d'habitude chez Mishima, le style est réellement flamboyant, le rythme enlevé, la puissance évocatrice des personnages et des situations très forte.

En résumé un livre qui se lit avec beaucoup de plaisir (l'humour est très présent). Bien que n'étant pas très représentatif de l'oeuvre de Mishima, ce livre permet aux non-initiés de découvrir un auteur au destin fascinant, et par le biais d'autres de ses livres d'appréhender un peu la culture japonaise.

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Obsessions

5 étoiles

Critique de Stavroguine (Paris, Inscrit le 4 avril 2008, 40 ans) - 2 avril 2013

Attribuer à une critique d’un ouvrage de Mishima un titre digne de Twilight, c’est un peu commettre un crime de lèse-majesté. Pourtant, des obsessions, il en sera beaucoup question dans ce roman un peu à part dans la bibliographie de l’auteur. Si celles de Mishima lui-même semblent transparaître, il sera d’abord question de celles de Reiko, jeune et jolie Japonaise que son incapacité à entendre la musique conduira dans le cabinet du Docteur Shiomi, psychanalyste tokyoïte de son état et qui nous livre ici les notes qu’il a prises à propos du cas Reiko.

Bien plus qu’une frustration de mélomane, ce que cette musique désigne, c’est le plaisir sexuel auquel Reiko ne parvient pas malgré les soins attentionnés de ses amants. D’abord dans le cabinet de Shiomi, puis à travers les courriers qu’elle lui envoie plus ou moins régulièrement, le docteur et sa patiente remonteront donc le fil des obsessions enfouies de Reiko jusqu’à trouver dans son enfance les pulsions de mort et les passions interdites qui expliquent son état actuel. Si le roman est documenté et nous offre un beau cas d’étude romancé, on ne peut pas nier qu’un certain ennui nous enveloppe cependant que l’on suit le récit de la psychanalyse de Reiko, qui semble à la fois un peu convenu et relever de l’ouvrage de vulgarisation psychanalytique. Or, quand on n’y connaît pas grand chose, ça n’intéresse que modérément, et quand on s’y connaît, j’imagine qu’on doit rester sur sa faim tant le docteur comme sa patiente usent d’une symbolique un peu grossière que les spécialistes trouveront certainement surfaite (moi-même qui ne connaît de Freud qu’un peu plus que ce qu’on étudie en philo pour le bac, j’ai trouvé que l’usage de certains symboles - ciseaux en forme de pénis dans les rêves de la jeune fille, par exemple - manquaient de finesse au point de ressembler à de la caricature). Bref, on peine à se passionner pour la quête du plaisir orgasmique de Reiko et le fait que la plupart des personnages soient, au moins dans une certaine mesure, antipathiques ne rend pas la lecture plus plaisante. En outre, la plume de Mishima est loin d’être aussi remarquable que dans d’autres de ses ouvrages - mais peut-être est-ce dû à la narration à la première personne de Shiomi.

Heureusement, cet ensemble plutôt mauvais est sauvé par le dernier tiers du roman où, l’origine des troubles de Reiko étant enfin identifiée, il s’agit de la combattre. Pour ce faire, Mishima nous fait descendre dans les coins malfamés du Tokyo des années 60, avec sa galerie de personnages louches, et presque aussi répugnants que fascinants, et on peut dire que le voyage vaut enfin le détour. Cependant, si cette fin de roman est salutaire, elle peine tout de même à sauver l’ensemble.

On peut imaginer qu’un roman sur le plaisir sexuel des femmes et la psychanalyse (les critiques à propos du côté américain de cette science révélatrice de tabous sont évoquées) a pu faire parler de lui dans le Japon des années 60. Cependant, le sujet a aujourd’hui un peu perdu de sa force novatrice et son traitement, ici, ne mérite pas non plus qu’on s’y attarde. Un ouvrage mineur dans la bibliographie de Mishima, donc, et qu’on ferait peut-être mieux de délaisser pour se consacrer à certains des trésors qu’elle renferme. Quelques beaux passages tout de même.

Un très grand écrivain

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 22 avril 2001

Mishima et Kawabata étaient très proches l'un de l'autre et leurs correspondances nous le montre bien. ils se sont également suicidés tous les deux, mais celui de Mishima fut bien plus spectaculaire, parce que public. Mishima est le révolté au style foisonnant, Kawabata est bien plus concis. J'ai adoré "L'école de la chair" et "La mort en été". Un gigantesque écrivain !

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