Un peu, beaucoup... pas du tout
de Alice Munro

critiqué par Laure256, le 24 avril 2005
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Si vous aimez Laurie Colwin...
Un recueil de neuf nouvelles où des femmes parlent d’amour, de couple, de déceptions… Il ne se passe pas vraiment grand-chose mais c’est toute une atmosphère, une ambiance qui sont créées qui font que l’on s’attache aux personnages. Il y a comme un fond de mélancolie, c’est souvent l’échec de l’amour conjugal qui rejaillit, ou l’amour de jeunesse qui aurait pu être et qui n’a pas été, une épouse désemparée lorsque l’être aimé disparaît alors qu’ils avaient bien convenu qu’il se suiciderait lorsque la maladie deviendrait trop insupportable… rêve et lucidité, des histoires de femmes parfois touchantes et très bien écrites. Plus j’avançais dans ma lecture, et plus ce livre me rappelait un autre auteur, mais lequel ? Laurie Colwin, bien sûr ! Mêmes sentiments décortiqués, même atmosphère, l’humour en moins cependant. Et il m’a semblé alors me souvenir pourquoi j’avais noté ce titre d’Alice Munro en feuilletant une revue il y a quelques mois : la critique devait s’intituler : si vous aimez Laurie Colwin, alors vous aimerez… Un peu, beaucoup.. pas du tout. Essayez !
Ce bonheur si fragile 9 étoiles

Dans ce recueil de nouvelles, on retrouve les thèmes de prédilection d’Alice Munro entre autres les souvenirs d’enfance, le couple, la vieillesse et le passage du temps. L’écriture est toujours impeccable, d’une belle élégance. Lire Alice Munro me procure d’indicibles joies car j’apprécie son regard acéré sur la vie et le temps qui passe. Les personnages évoluent dans des situations parfois dramatiques mais jamais l’auteure n’est tout à fait fermée à l’espoir car elle laisse constamment une porte ouverte au bonheur, un bonheur parfois diffus, étriqué mais bien présent et possible. Sans cette touche discrète d’optimisme, il serait bien déprimant de la lire car les thèmes sont souvent tragiques. Avec quelle finesse Alice Munro décrit les drames émaillant la vie de gens souvent issus de milieux privilégiés et bénéficiant d’une éducation supérieure à la moyenne. Je pense entre autres à Grant, ce professeur d’université à la retraite dont la femme, atteinte de démence, doit être placée en institution.

La vie de couple est souvent évoquée, souvent menacée par une troisième personne surgie du passé qu’on croyait perdue à jamais. Je pense à la pauvre Polly surgissant dans la vie de sa demi-sœur dont elle envie le mariage et les enfants alors qu’elle-même ne parvient pas à concrétiser ses rêves. Il y a aussi la mort brutale d’un ami d’enfance comme dans la nouvelle « Ce dont on se souvient ». Il y a les unions improbables déjouant toutes les prévisions et bouleversant les conventions sociales mais ce que je préfère, c’est lorsque l’auteure s’empare d’un personnage de femme mariée respectable et lui fait rencontrer le grand amour l’instant d’une journée comme dans la nouvelle intitulée "Les orties".

Bref, j’aime tout d’Alice Munro : l’écriture, les thèmes, son style élégant et raffiné, sa finesse d’analyse et sa propension à décrire des situations compliquées, des tourments psychologiques intérieurs, une souffrance muette, des pensées secrètes enfouies au plus profond de l’âme tourmentée de ses personnages. Un régal !

Dirlandaise - Québec - 69 ans - 27 février 2014


Des femmes et de l'amour 4 étoiles

Dans ce recueil de nouvelles, Alice Munro explore des thèmes qui lui sont chers et que l'on retrouve ailleurs dans son oeuvre: le désir féminin et les rapports entre les hommes et les femmes lorsque ceux-ci se teintent d'amour, d'amitié, d'affection, de bonheur... et tôt ou tard de souffrance. Neuf textes marqués d'une manière ou d'une autre par un drame, une douleur (la mort, le cancer, le suicide, le deuil...), avec dans le récit, une bouffée d'air, une rencontre, un changement éphémère mais marquant... Des destins touchants qui m'ont cependant un peu laissée sur ma faim à cause d'une impression de répétition d'un scénario soigneusement ficelé. Les drames humains me paraissent davantage intéressants lorsqu'ils sont sombres et dénués de tout happy end, même provisoire.
L'écriture de Alice Munro n'est pas véritablement en cause dans mon éloignement du recueil, elle est fluide et élégante, teintée d'une humanité sensible, mais le sujet m'a peu à peu moins intéressée, le sentiment de trop de déjà vu et d'un trop plein de sentiments qui auraient fini par m'écoeurer.

Sahkti - Genève - 50 ans - 23 janvier 2006