Ce roman a quelque chose d'absurde dans son postulat de départ avec ce personnage qui souhaite passer beaucoup de son temps dans sa salle de bain. Sa femme Edmondsson possède une galerie d'art. Des artistes, désœuvrés, vont prendre en charge des travaux de peinture dans la cuisine tout en préparant des poulpes ... Et c'est ainsi que vont s'enchaîner les épisodes de Paris à Venise ...

Ce roman est original par sa construction. En effet, le roman se divise en trois parties : Paris, hypoténuse, Paris. Une citation de Pythagore ouvre cet ouvrage, rappelle ce qu'est l'hypoténuse et donne aussi l'explication de la construction du roman. Certains paragraphes de la dernière partie rappellent même certains autres de la première partie. En allant plus loin dans cette logique mathématique, tous les paragraphes sont numérotés : 1), 2), 3) ... Le lecteur a conscience dès le début de l'ouvrage d'entrer dans une narration inhabituelle, déstabilisante, mais réfléchie.

Sur le plan narratif, l'écrivain déjoue nos attentes en ne donnant pas toutes les clés de son roman. Il se passe pas mal de choses dans ce texte, mais tout semble assez bizarre : ces artistes qui viennent peindre la cuisine du narrateur, ce voyage à Venise durant lequel il reste cloîtré dans sa chambre d'hôtel, cette hospitalisation qui semble futile, la relation avec son médecin qui paraît bien surprenante aussi ... Les personnages ont aussi des réactions inattendues : le narrateur par ses choix peut interpeller, l'épouse victime d'une fléchette n'a sans doute pas la réaction que l'on aurait imaginée. Et de temps à autre, le personnage a des réparties qui pourraient rappeler celles des personnages de Beckett.

L'originalité du roman et sa structure suscitent l'intérêt du lecteur qui suit avec curiosité cet antihéros. Parfois l'écrivain parsème quelques notes humoristiques tant dans les mots que dans les situations présentées. Les éditions de minuit sont étroitement liées au courant du Nouveau roman. Ce texte, à certains égards, pourrait être héritier de ces auteurs.

La forme ne doit point primer sur le fond, certes. Hélas les formes ici sont nauséabondes, et camouflent une histoire sans véritable intérêt. Le style, malgré quelques passages intéressants, fait dans un surréalisme absurde et lourd, voire insupportable. Rarement un livre m'a autant énervé, une fin, autant déçu. Heureusement qu'il se lit vite!

Un homme décide de se cloitrer dans une salle de bain. Pourtant il passe son temps à sortir, et où qu'il aille, on retrouve douches, lavabos, bidets, carrelages... Pourquoi? Je ne sais pas.
Je ne sais rien de ce que l'auteur a voulu dire. Si ce n'est, peut-être, le final, comme un appel à sortir, à risquer, à s'émanciper, à lutter contre l'inertie.

Le héros du livre est spectateur de sa vie, il regarde les autres faire pendant que lui ne veut rien faire. Une narration du coup originale, inédite, et une écriture ovniesque, où tous les détails incongrus sont décrit, et où les évènements importants (si tant est qu'il y en ait) sont zappés.

J'ai préféré la télévision, du même auteur, dans le même genre, mais la salle de bain reste une belle réussite, déroutante à souhait.

A noter un bel hommage à Jérôme Lindon en addendum à ce livre. Et aux poulpes, également...

La salle de bain, un lieu froid, intime, étanche, qui encadre cette histoire entre un narrateur paumé, historien, et sa femme, Edmondsson, qui tient une galerie à Paris. Un récit en triptyque. Premier tableau : l’appartement à Paris, la salle de bain, les anciens locataires, les artistes peintres polonais, les envies de sexe d’Edmondsson. Second tableau : le narrateur disjoncte et part à Venise, sans quitter l’hôtel, Edmondsson le rejoint, visite seule les églises et musées, tandis que lui continue à jouer aux fléchettes dans sa chambre, se trompe de cible, elle part à l’hôpital. Dernier tableau : elle retourne à Paris, lui part à l’hôpital, lie connaissance avec son médecin et son épouse, repart à Paris.
Immédiatement, ce récit vacillant entre lucidité et folie, où s’enchaînent les pensées du narrateur confronté à des situations dont la banalité devient incongrue, dont la vie à tout moment semble pouvoir basculer dans la démence, m’a fait songer à cet autre auteur que j’affectionne particulièrement, Régis Jauffret. La sobriété du phrasé et de l’intrigue tranchent ainsi d’autant plus avec la vision acide de la vie qu’a son narrateur. Auteur dont il me reste à présent à découvrir les autres romans.