De l'angoisse à l'espoir : leçons d'écologie humaine
de Albert Jacquard

critiqué par Sahkti, le 13 mai 2005
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Il se passe du nouveau sur Terre !
Certains philosophes ont prôné le principe de l’éternel recommencement, à l’image de la phrase biblique "ce qui fut cela sera, ce qui s’est fait se refera". Jacquard recommande l’abandon de la vision cyclique du monde, en indiquant que cela implique des bouleversements dans le domaine des sciences. Le temps est un génie de la création, il existe du neuf.
Jacquard énonce de nombreux exemples scientifiques pour contrecarrer ce principe tant défendu du recommencement. L’avantage avec ce philosophe est qu’il le fait dans un langage clair accessible à tous.
Une remarquable leçon est consacrée à l’ADN, cette combinaison chimique qu’on a mis du temps à identifier, avant de s’écrier qu’elle correspondait parfaitement à la théorie du "rien de neuf sur Terre". L’ADN se reproduit à l’infini, tout est codifié, connu, segmenté. Penser comme cela, n’est-ce pas réduire l’homme (et donc la vie) au simple rang d’objet ? Un moule qu’on reproduit à l’infini.
Albert Jacquard se base sur cette constatation pour appeler à une plus grande éthique humaine. Nous avons tous la même base de fabrication, c’est après que nos chemins divergent. Apprenons à le comprendre et à l’accepter, cela permettra de créer un tissu social beaucoup plus harmonieux.
Une leçon qui devrait être apprise par plus de monde 6 étoiles

C’est un petit livre ( 120 pages) mais c’est aussi une perle. Sans vouloir essayer de mettre ce livre au panthéon, il émet ce que tout Homme doit penser faire dès le matin au réveil : mettre de l’espoir dans toute défaite, tout échec, toute vulnérabilité et toute colère et recommencer, repenser encore. Penser le monde et le repenser comme l’Homme le fait depuis des millénaires jusqu’à nous.

Le livre démarre par une introduction qui situe le contexte d’écriture du livre. D’abord voulu comme un cours d’Albert Jacquard à la « Accadamia di architectura de Mendrisio  (Tessin) », les étudiants ont eu du mal à comprendre le français de Mr Jacquard. Cristania Spinedi a donc synthétisé les 90h de cours et les a traduit. Voilà la justification du titre « leçons d’écologie humaines ».

Vulgarisateur scientifique, Albert Jacquard commence ses leçons par la révolution industrielle du XXème siècle et les angoisses que cette période a généré et qui se poursuivent encore de nos jours. Les crises économiques, les attentats, les guerres, les drames humanitaires qui nous figent dans le présent et paralysent nos manières d’évoluer et de résoudre ces angoisses. Pourtant les avancées philosophiques, héritage des Lumières, et les avancées à propos des connaissances de l’Homme et du Cosmos nous livrent des pistes pour nous sortir des ces problèmes et de manière intelligente. Brassage ethnique, ouverture à l'Autre, importance des plus faibles, place de chacun dans la Société sont ses solutions qui sont exposées et démontrées. L’espoir peut alors renaître.
C’est un formidable livre mais je lui reprocherai essentiellement de passer trop vite sur des notions d’Histoire. Il y a certes l’essentiel mais j’aurais aimé en avoir un peu plus. Peut-être que Albert Jacquard ne souhaitait pas concentrer ses pages sur ce sujet en faveur de la génétique, matière de prédilection de l’auteur.

La logique du livre est simple et annoncée dès le titre, c’est bien l’espoir qui guide le livre et le lecteur en a besoin. A cette grande question que l’on se pose tous chaque jour, comment rendre cette journée meilleure que la veille, Albert Jacquard ose nous montrer des pistes de réflexions.
Personnellement, le livre a ouvert ma curiosité au Monde. Albert Jacquard nous livre quelques notions de génétique, d’Histoire et d’astrophysique. Je me suis surpris à m’interroger sur le monde qui tourne autour de nous, par rapport à ce que j’entends et vois au quotidien, à vouloir déceler le vrai de l'intox. « De l’angoisse à l’espoir » m’a appris à devenir curieux en apprenant qu’un échec n’est pas une fatalité et que l’on ne grandit pas seulement en réussissant une épreuve (quel qu’en soit l’enjeu) mais en se comprenant aussi mieux soi-même.

Buck - Rennes - 36 ans - 23 avril 2017