Maître Puntila et son valet Matti de Bertolt Brecht
( Herr Puntila und sein Knecht Matti)
Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Théâtre
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Etrange relation valet-maitre
Monsieur Puntila, homme au caractère bien trempé est de surcroit alcoolique. Le problème (et là est le comique) c'est que ce dernier est plutôt gentil et prévenant envers les siens quand il a bu et détestable quand il recouvre ses esprits. Son valet Matti semble bien le seul capable d'arrondir les angles bien anguleux de son maitre en le dupant avec adresse mais aussi avec une dévotion bien réelle.
Ce livre est un bijou humoristique qui stigmatise encore la dépendance toujours plus forte d'un maitre envers son valet. Depuis la Commedia del arte le thème est bien connu mais ici le modernisme est succulent de plaisir tant les répliques et le langage (quelquefois ordurier) sont proches de nous.
Les éditions
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Maître Puntila et son valet Matti [Texte imprimé], pièce populaire Bertolt Brecht [d'après Hella Wuolijoki] texte français, Michel Cadot
de Brecht, Bertolt Wuolijoki, Hella (Antécédent bibliographique) Cadot, Michel (Traducteur)
l'Arche
ISBN : 9782851810120 ; 11,00 € ; 13/06/1997 ; 97 p. ; Broché
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Les critiques éclairs (2)
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Puntila alcoolisé ou non
Critique de Catinus (Liège, Inscrit le 28 février 2003, 73 ans) - 26 avril 2021
Les caractères sont bien trempés : Puntila qui se prend les pieds dans le tapis plus souvent qu’à son tour, Eva qui sait ce qu’elle veut et en tout cas ce qu’elle ne veut pas, Matti, bonne poire et opportuniste. Le début du récit est assez cocasse.
Extraits :
- C’est une attitude humaine que de discuter de quelque chose. C’est un grand avantage que nous avons sur les animaux. Si, par exemple, les vaches pouvaient discuter entre elles, l’abattoir n’en aurait plus pour longtemps.
- Vous imaginez sans doute que je ne pense à rien d’autre qu’à vous toute la journée. Je ne
sais pas comment vous en arriver à cette illusion. En tout cas, j’en ai assez que vous n’arrêtiez pas de parler de vous, de ce que vous voulez, de ce qui est à votre goût et de ce que vous avez entendu dire ; je vois clair avec vos histoires innocentes et vos insolences. Je ne peux absolument pas vous supporter, parce que les égoïstes ne me plaisent pas, sachez-le !
Maître et serviteur
Critique de Fanou03 (*, Inscrit le 13 mars 2011, 49 ans) - 27 janvier 2020
Elle est exubérante et drôle, cette pièce, complètement loufoque, absurde même par certains de ses côtés ! Très moderne elle fait référence largement pourtant aux œuvres du passé, ne serait-ce que par la relation maître-valet qu’elle met au cœur de la pièce, avec ce qu’elle comporte de questionnement sur les rapports de force, mais également par sa coloration boulevardière dans certaines de ses péripéties. Ainsi, comme toutes les grandes œuvres, Maître Puntila peut avoir plusieurs niveaux de lecture, depuis celui d'un vaudeville finlandais déluré, en passant par la critique acerbe de la bourgeoisie jusqu’au questionnement de la servitude et de la liberté.
Ce que j’ai beaucoup aimé aussi c’est que c’est un texte qui exulte de vie. Le quotidien rural d'une Finlande des années 1930 est brossé avec beaucoup de malice et de justesse : les descriptions liées à la Nature, au commerce, aux embauches des journaliers, aux travaux des champs, donnent beaucoup de réalisme, voire de lyrisme, et de corps au récit. Une sensualité baigne aussi la pièce, exacerbée notamment par les préparations de la Noce, « les fiancées matinales de Puntila », par le vrai/faux jeu de séduction, assez cocasse, que joue Matti auprès de Eva, la fille de Puntila. Et ne parlons pas de la douce évocation des « nuits d’été finnoise » qui font et défont les couples, ou de la "pêche aux écrevisses", version brechtienne de la "Chasse aux papillons" !
Évidemment le dédoublement de personnalité de Puntila est un des sels de la pièce. Puntila, alternativement clown triste et clown gai, est un reflet des faiblesses de l’âme humaine. Matti, tout à la fois souffre-douleur, confident, éminence grise, est celui qui essaie de le faire revenir vers le juste milieu Puntila. Surgissant dans la pièce presque étrangement, se présentant comme le tout nouveau chauffeur de Puntila, alors que celui-ci émerge d’une cuite magistrale de plusieurs jours, serait-il une allégorie de la conscience de Puntila ?
La critique sociale quant à elle, bien que faite sous le signe de la rigolade, est sévère, et pessimiste. Elle pointe du doigt le système de castes de notre monde, issu du capitalisme (la pièce est traversée par la question de l'argent). L’élite restera toujours avec l’élite, et le peuple avec le peuple ("l'huile jamais ne réussit à se mêler à l'eau"). Les classes sociales sont destinées à ne jamais fraterniser, et à ne jamais s’abolir.
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