L'outremangeur
de Tonino Benacquista (Scénario), Jacques Ferrandez (Dessin)

critiqué par Eto Demerzel, le 19 avril 2001
(Montignies-Sur-Sambre - 44 ans)


La note:  étoiles
Cadeau
La réputation de Ferrandez n'est plus à faire ! Je trouve que ses dessins servent bien le scénario.
Cette mélancolie qui se dégage des images : impressionnant !
Benacquista écrit également des romans comme " les Morsures de l'aube " qui a été adapté au cinéma par Antoine De Caunes et dont Benacquista a fait le scénario.
Tout d'abord, la qualité de la couv., c'est hallucinant de tristesse. Je reste persuadé que la couverture d'un roman ou d'une BD est très importante comme peut l'être l'affiche pour un film. Bien sûr, ce n'est pas tout, le reste doit être à la hauteur. Eh, bien, ça l'est !
L'histore est très originale. Le héros (qui est, en fait, un anti-héros par excellence) pèse 160 kilos. Oui, vous lisez bien. Il n'est pas musclé, il n'est pas spécialement beau, il est odieux avec les gens... Ce personnage sort des sentiers battus. C'est un flic, un commissaire, détestable avec ses collègues. Pourtant, il cache un lourd secret qui lui pèse terriblement. Un jour, il rencontre une femme et... sa vie va changer, peut-être...
Le scénar et les dessins forment un joli couple, jamais, l'un ne prend le dessus de l'autre, c'est une belle complémentarité. Je vous conseille cette BD car elle sort vraiment de l'ordinaire.
P.S.: Des mêmes auteurs, je vous conseille également " la Boîte noire " qui a reçu une bonne critique sur le site. A+
Une histoire pleine d’humanité plutôt qu’un polar 8 étoiles

Cela faisait un petit moment que je voulais découvrir cette BD et bien m’en a pris. L’histoire est originale avec trois beaux personnages tout en pudeur : l’ombrageux commissaire Séléna, qui soigne sa déprime par la boulimie, la jeune Elsa, belle et hautaine, soupçonnée d’avoir tué son père adoptif, et la voisine, Gabrielle, brisée par la perte de son compagnon injustement assassiné dans une affaire de drogue. On comprendra peu à peu ce qui lie si mystérieusement ces personnages et pourquoi Séléna impose à Elsa ses têtes-a-têtes quotidiens en échange de sa liberté. Les non-dits, très bien exprimés par le cadrage et le dessin réaliste de Ferrandez, y apparaissent presque plus importants que les mots, qui en quelque sorte ne servent qu’à expliquer l’intrigue. Face à ces mots qui font souvent si mal, les silences et les regards semblent être les seuls remèdes pour apaiser les blessures des trois protagonistes.

En somme, une très belle histoire parfaitement menée, qui démontre que la force de caractère, en l’occurrence celle dont fait preuve le commissaire, peut faire des miracles lorsqu’elle est gouvernée par l’altruisme. En outre, ceux qui souffrent de surpoids pourraient sans aucun doute y trouver quelques clés, en admettant que l’aspect du récit consacré à cette problématique soit aussi réaliste qu’il n’y paraît.

En revanche, la critique de Sahkti ne me donne pas très envie de voir le film...

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 27 août 2014


De la BD au film 4 étoiles

Caricature du "gros" que cette BD, mais on y trouve malgré tout beaucoup de sensibilité. On y sent parfaitement que le "gros" (je n'aime pas ce terme) est une personne qui souffre du regard de l'autre.
Les dessins aident à faire passer le message, grâce à la grande expressivité des visages.
Par contre, transposé en film (L'outremageur, de Benisti), c'est une CATASTROPHE ! Eric Cantona grossi de manière grotesque et infamante incarne le malheur d'un gros mangeur et ça devient très rapidement ridicule et révoltant que l'on puisse à ce point tout confondre : pourquoi autant de bruitages répugnants lorsqu'il mange ? Pour schématiser la démesure ? C'est obscène et déplacé, rien à voir avec l'esprit de la BD !

Sahkti - Genève - 50 ans - 15 mars 2006


La belle et la bête dépoussiérées 9 étoiles

Magnifique adaptation du roman de Benacquista, mais est-ce surprenant de la part du grand Ferrandez? La métamorphose du commissaire au fil de l'histoire, à la fois physique et mentale est extrêmement bien rendue par ce merveilleux dessinateur. Nous assistons à la transformation d'un personnage monstrueux à tous égards en un être sensible raffiné et sympathique, au prix d'une manipulation où l'éthique est pour le moins bafouée. Les voies de la rédemption sont impénétrables.

Le rat des champs - - 74 ans - 15 mars 2006


Outremangeur à consommer sans modération 8 étoiles

Cet album a reçu le prix René Goscinny. Bien qu'il m'arrive parfois d'être en désaccord avec les choix des jurys de ce genre, la collaboration entre Ferrandez et Benacquista me semble bien être une réussite.
Le dessin est tout à fait à la hauteur et participe grandement à l'atmosphère du récit. Ce dernier est très psychologique. Ne vous attendez pas à des poursuites à la Starsky et Hutch ou à des séances de tirs à la Stallone ! Le héros est un flic, mais c'est surtout un être humain particulièrement tourmenté dont la souffrance est le fil rouge de l'histoire. "L'outremangeur" est le récit d'une rédemption.
On a donc là un très bon album. Si vous aimez des BD comme "Le cahier bleu" de Juillard, les Tito ou même "Monsieur Jean", ne passez pas à côté de cet "Outremangeur" délicieusement humain.

Jean Loup - Vaulx en Velin - 51 ans - 31 janvier 2002