La fille du conteur
de Saira Shah

critiqué par Saule, le 20 mai 2005
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
La guerre en Afghanistan
Saira Sha est à moitié anglaise et à moitié Afghane. Elle est élevée en Angleterre dans une famille exilée dont le père Afghan lui transmet l'amour de ses racines. Avec ses frères et soeurs elle a toujours baigné dans les contes et les mythes que racontait son père écrivain.

Devenue journaliste, elle se rend dans le pays de ses ancêtres pour couvrir la résistances des moudjahiddines contre l'envahisseur Russe. C'est le choc de la confrontation entre le mythe et la réalité. Plus tard elle sera aussi sur place pour couvrir le retrait des russes, puis l'arrivée des talibans, et ensuite les bombardements US contre les talibans.

Ce livre ressemble ressemble plus à un documentaire ou un reportage de guerre qu'à un roman. L'aspect romanesque n'est que peu présent et le style est du type journalistique, assez narratif. Le livre est long et pour tout dire il ne m'a guère passionné. L'auteur par contre est très sympathique et très courageuse.

Le décalage entre le rêve et la réalité du terrain est saisissant. L'auteur nous fait découvrir un pays et un peuple meurtri depuis toujours par la guerre et les invasions : Gengis Kan, les anglais, les russes, les talibans, ..c'est un pays qui a l'air bien malade, un peuple qui ne sait plus rien faire d'autre que la guerre, des extrémistes qui ont perdu l'esprit de leur religion. C'est l'histoire d'un gâchis invraisemblable qui nous fait douter de l'humanité de l'homme.
Reportages et aventures 6 étoiles

Sur la couverture du livre on voit le portrait de l'auteur(e), une jolie fille qui vous lance un regard d'acier. On dirait une bêcheuse et c'est tout le contraire.
Alors qu'on s'attendait au récit d'une de ces super-women qui veulent vous en mettre plein la vue, on lit avec plaisir les aventures d'une jeune fille délurée, qui se lance dans le reportage de guerre en Afghanistan comme on part à l'aventure.

Cette jeune femme a le bon goût d'agrémenter ses reportages de ses petites histoires personnelles qui nous feraient croire par moment qu'on est dans une expédition d'un groupe de vacanciers.
Elle raconte, par exemple, que pour traverser de terribles montagnes avec un groupe de Moudjahidins, elle s'est déguisée en garçon. Une nuit, un soldat vient l'entreprendre dans son sommeil, il découvre avec stupeur que c'est une fille et s'enfuit affolé !
Elle ne craint jamais de dire qu'elle a peur, qu'elle a faim, qu'elle a froid et qu'elle pleure. Ailleurs, elle avoue que, à sa plus grande honte, quand il faut passer dans un champ de mines, elle laisse passer son compagnon devant elle !

Pourtant cette fille est courageuse. Quand elle découvre que "l'océan de souffrance humaine est infini" elle se laisse aller, presque malgré elle, à l'héroïsme.

A un moment donné, elle doit faire le choix de sa vie : elle qui est Afghane, mais qui a reçu l'éducation d'une miss anglaise, sera-t-elle une occidentale libre ou une musulmane fidèle à la loi islamique ? Les hésitations, tellement naturelles de cette fille, la rendent très sympathique.

Ce livre est amusant et intéressant, plus qu'il n'est passionnant. Il a le mérite d'être écrit très simplement, sans effet de manche, ce qui lui donne un accent de sincérité.
C'est un livre qui se lit vite et qui vous remettra en mémoire l'actualité des dernières années de ce malheureux Afghanistan.

Saint Jean-Baptiste - Ottignies - 88 ans - 10 novembre 2005