Alessandro Giacolli est musicien, il vit à Berlin, en exil, depuis une trentaine d’années. Nous sommes en 1879, il va mourir. Un exil qu’il espérait créatif, or il n’en sera rien. Giacolli voudrait partir en paix, être oublié mais ce n’est pas l’avis de Jonathan, un de ses admirateurs, qui a entrepris de compiler toutes les pièces du destin de ce musicien qu’il vénère.
Jonathan part à Venise, sur les traces d’Alessandro Giacolli, le début d’un long voyage composé de rencontres avec d’autres destins et d’autres existences. Une vie n’est pas isolée, elle évolue au contact des autres, en fonction des situations, une ligne directrice préside à cette destinée, immense toile d’araignées dont on ne voit jamais la fin.
Jonathan replonge dans l’ambiance sulfureuse de l’année 1849, l’insurrection vénitienne, la période de doute profond du compositeur quant à ses talents créatifs et ses déceptions amoureuses. Pressé de toutes parts, ne sachant que décider, héritant de l’éducation d’un neveu dont il ne sait que faire, Alessandro Giacolli est voué à l’exil.
Pour raconter les vies, Engel a du talent. Tout semble organisé et pourtant c’est le chaos. Chaos inhérent à l’existence humaine, humanité si fragile merveilleusement bien décrite par l’auteur à travers le regard de ce jeune garçon en quête d’une idole et par les souvenirs de ce vieillard en attente de la mort.
Une fois de plus, Engel me touche par la justesse des sentiments qu'il exploite et la beauté de son écriture. Il arrive à plonger complètement son lecteur dans un monde imaginaire qui devient réel et palpable, c'est comme dans un rêve.
Sahkti - Genève - 51 ans - 10 mars 2007 |