Patrick Clarke a dix ans et un petit frère, Francis, surnommé Sinbad, qui traîne partout avec lui. Ensemble, avec une bande de copains, ils jouent dans Barrytown au milieu des chantiers des nouvelles maisons en construction. Ils se fabriquent un autre monde composé de rapines, de bagarres, de jeux de gosses, de taquineries et de quelques mauvais tours bien pendables qui font sourire le lecteur. C'est cette vie d'enfant que Roddy Doyle nous conte avec tendresse et humour. Des petits histoires qui se succèdent, différentes, sur la ligne du temps et qui dessinent la personnalité de Paddy et de ses amis. Des gosses de banlieue dont les parents ne roulent pas sur l'or mais sourient comme ils peuvent à la vie. Parallèlement à cette vie insouciante se greffent les problèmes des adultes: un veuf qui boit pour oublier la défunte mère de ses deux mômes, un instituteur dont la tendresse est étouffée par la discipline et puis les parents de Paddy qui se disputent de plus en plus, jusqu'au jour où le père s'en va.
Sur ce dernier point d'ailleurs, ne vous fiez pas au 4e de couverture qui semble laisser croire que c'est de l'après-séparation qu'il sera beaucoup question dans l'ouvrage, il n'en est rien. Le processus s'étale sous nos yeux impuissants, en même temps que nous font rire les farces et attrapes de cette tribu de gamins pas vraiment méchants, juste un brin turbulents.
Roddy Doyle manie la sensibilité et la drôlerie pour aborder quelques sujets graves: la misère sociale, la violence familiale, l'alcoolisme... Son écriture est légère et très agréable, le lecteur se retrouve tout de suite plongé dans cette ambiance enfantine "canaille", il y a une proximité attachante avec les jeunes héros du récit, un perpétuel aller-retour entre le monde des adultes et celui des enfants qui comprennent bien plus de choses que les grands imaginent.
Sahkti - Genève - 51 ans - 14 novembre 2005 |