Izo de Pascal de Duve

Catégorie(s) : Littérature => Francophone

Critiqué par Caliméro, le 19 septembre 2000 (Bruxelles, Inscrite le 12 septembre 2000, 49 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 5 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 618ème position).
Visites : 5 659  (depuis Novembre 2007)

Il semblait tomber d’un tableau de Magritte.

Etrange, très étrange cet Izo. Il apparaît un jour au beau milieu du parc-jardin du Luxembourg. Long manteau noir et chapeau haut de forme, il semble tout droit tombé d’un tableau de Magritte.
Izo est un personnage étonnant. Il a une capacité d'apprentissage extraordinaire. En quelques heures seulement, il apprend un volume complet de l'encyclopédie ou une nouvelle langue étrangère. Mais ne vous méprenez pas, Izo est loin d’être un extraterrestre. Juste extra-ordinaire. Et plein de sentiment et d’intérêt pour autrui. Il s’émerveille de tout : le métro parisien (!), et de chacun : il téléphone d’ailleurs chaque jour aux quatre coins du monde pour s’inquiéter de la vie quotidienne à l’autre bout de la terre.
Izo est touchant et attendrissant. Il s'exprime parfois comme un enfant, parfois comme un livre. Mais Izo n'est pas éternel. Et même sa disparition sera pareille à lui-même… très particulière.
Réel ou pas, on apprécie particulièrement ce personnage hors du commun et cocasse, qui nous renvoie une image à la fois drôle et absurde de l'existence.

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Et si le personnage au chapeau melon de Magritte avait une histoire ?

8 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 25 juin 2023

Izo semble tout droit sorti d'un tableau de Magritte avec son long manteau noir et son chapeau melon. Il n'a pas de passé et semble découvrir le monde pour la première fois avec un regard naïf et d'enfance qui le rend capable de s'émerveiller de tout. Ce petit prince version adulte invite le narrateur de façon implicite à réenchanter son regard face au quotidien que l'on ne sait plus voir. Le lecteur pourrait en faire de même. Izo se révèle très intelligent et curieux. Il va se confronter à certaines convictions politiques, essayer diverses confessions religieuses, découvrir le monde souterrain fascinant du métro, côtoyer le beau monde de Saint-Germain-des-près ... Ce Candide des temps modernes est attachant et peut amuser le lecteur par ses remarques spontanées. Le narrateur semble sous son charme. Il essaie de le voir le plus souvent possible, rêve de lui souvent. C'est par ce narrateur que le lecteur peut découvrir le personnage d'Izo.

Ce roman se lit avec plaisir. Il est structuré en plusieurs chapitres brefs, eux-mêmes souvent divisés en plusieurs paragraphes dont la séparation est matérialisée par des astérisques. Ce sont donc plusieurs saynètes qui sont décrites qui permettent de découvrir comment vivent les français et de mieux comprendre le personnage d'Izo, qui reste tout de même assez insaisissable. A l'inverse de Rica et Usbek qui permettaient une critique de ce qu'ils découvraient dans le roman de Montesquieu par leur regard étranger, ici Izo s'étonne, s'émerveille, s'interroge ... Cela n'empêche pas le lecteur de parfois se questionner sur notre monde et nos idées. Izo incarne même certaines valeurs qui peuvent séduire le lecteur moderne : il se plaît à téléphoner à des personnes qu'il ne connaît pas à l'autre bout du monde pour discuter avec elles. Cette curiosité et cet altruisme nous permettent de sortir de notre vie étriquée et de voir comment il est possible de vivre sans rentrer dans un moule.

Il est vrai que l'on perçoit assez vite comment le roman va fonctionner. On s'attend à ce que l'écrivain mette son personnage dans diverses situations qui permettront la découverte. Le roman accumule les situations qui toutes seront empreintes de bizarrerie car nouvelles pour le personnage principal. Il y a de la poésie aussi dans la narration, dans cette façon de voir différemment le quotidien comme si le personnage nous réapprenait à voir ce qu'on ne sait plus voir alors qu'on l'a sous les yeux. Et puis, imaginer que ce personnage pourrait sortir d'un tableau de Magritte a quelque chose d'amusant. Enfin, un écrivain a donné chair à ce personnage emblématique, personnage qui pourrait symboliser ici le royaume de l'imagination et l'on prend plaisir à pénétrer dans l'univers fantaisiste de cet écrivain.

Emerveillement

9 étoiles

Critique de Débézed (Besançon, Inscrit le 10 février 2008, 77 ans) - 17 janvier 2017

« Espace Nord » a, pour célébrer le cinquantième anniversaire de la mort du peintre René Magritte, décidé de rééditer « Izo » le célèbre roman publié par Pascal de Duve en 1989. Izo, le personnage éponyme de ce roman, avec sa redingote noire, son chapeau noir et ses gros souliers noirs, semble directement « plu » de « Golconde » la tableau de Magritte que l’éditeur a placé sur la couverture de cette réédition, conférant ainsi une nouvelle dimension à cette toile en inventant pour l’un des personnages, celui ayant eu la chance de choir directement sur une chaise du Jardin du Luxembourg à Paris et non comme les autres de se diluer dans le sable et les pelouses de ce jardin, un bout de vie éphémère prolongeant ainsi l’histoire racontée sur la toile.

Le narrateur se promenant un jour d’orage dans les Jardins du Luxembourg aperçoit alors que le ciel déverse des torrents d’eau, un homme affalé sur une des chaises qui meublent ce jardin, un homme coiffé d’un anachronique chapeau melon noir et vêtu d’une tout aussi anachronique redingote noire, Il le secoue, le secourt et l’emmène chez lui pour le réconforter. Il s’attache au sort de cet étonnant personnage et s’occupe de lui procurer le gîte et le couvert. L’homme ne parle pas et ne prononce que quelques mots inintelligibles, l’auteur retient un énigmatique « Isobretenikkhoudojnika », il décide de l’appeler ainsi mais en simplifiant cet imprononçable patronyme en un beaucoup plus pratique « Izo ».

Izo se révèle vite être un être très doué, surdoué, doté d’une mémoire fantastique et d’un esprit d’analyse et de déduction particulièrement impressionnant, il découvre tout, il semble ne rien connaître, il paraît venu d’ailleurs, son esprit est vierge comme celui d’un nourrisson ouvrant les yeux pour la première fois. il se passionne pour des choses futiles, même insignifiantes, ou pour des choses beaucoup plus complexes, élaborées, matérielles ou intellectuelles comme le métro qu’il considère comme un autre monde, ou les langues étrangères qui lui permettent de nouer conversation avec n’importe qui dans les rues de Paris ou par téléphone au hasard des numéros qu’il compose de manière de tout à fait aléatoire.

Izo c’est une page blanche sur le bureau de l’écrivain, il n’a aucun sens des valeurs, rien ne l’a encore pollué, il a une merveilleuse faculté d’émerveillement qui le fait s’extasier devant la moindre babiole comme devant une définition très complexe pêchée dans l’une des encyclopédies qu’il ingurgite comme d‘autres des verres de bière, sauf que lui retient ce qu’il absorbe. Son impressionnante culture, acquise en quelques semaines, sa faconde, son innocence, sa fraîcheur, son enthousiasme lui facilitent les contacts avec les personnes qu’il rencontre et avec lesquelles ils nouent des liens d’amitiés. Il devient vite un habitué des cafés les plus prestigieux de la capitale où il connait les personnels et quelques habitués ayant une certaine notoriété. Il devient ainsi quelqu’un de connu sans en avoir la moindre idée. Il conserve sa fraîcheur et son innocence jusqu’à ce qu’il comprenne que la vie n’est pas linéaire, qu’elle évolue et donc qu’elle va vers un aboutissement qu’il voudrait comprendre. Commence alors pour lui une recherche de ce que pourrait être cet aboutissement et sa signification, à travers les religions : le catholicisme, le protestantisme, l’islam et même le communisme pensé comme une forme de religion lui aussi. Mais, pour la première fois ses étonnantes facultés buttent sur une énigme qu’il ne saisit pas.

Je retiendrai de ce texte outre bien sûr la grande maitrise littéraire de l’auteur, la richesse de son vocabulaire, la fluidité et l’élégance de son style, quelques belles assonances, la qualité picturale de ses descriptions, tout est en couleur, surtout la capacité d’émerveillement du héros. Izo est un être irréel, venu d’ailleurs, enfant légitime de l’imaginaire matérialisé sur terre, découvrant un monde rempli de choses merveilleuses que nous nous ne voyons pas ou plus. On dirait que Pascal de Duve cherche à nous délester de toutes les scories que l’histoire a accumulées sur nos épaules et dans nos têtes pour que nous redécouvrions un monde simple, candide, joyeux, sans aucune prétention, sans appât du gain, sans recherche du pouvoir, juste un monde où les gens vivraient en bonne intelligence. Cet émerveillement devant ce monde possible me suffirait mas l’auteur, nous entraîne sur un autre chemin, il nous démontre que ce monde n’est qu’éphémère et qu’il faut penser à ce qu’il y aura après et quand on pense à ce qui vient après la vie on crée la religion même si cet après n’a pas un ou des dieux, c’est déjà une pensée religieuse. Et, pour Izo, les religions conduisent à une impasse, alors faudra-t-il suivre l’auteur sur le chemin de la philosophie pour trouver les réponses aux fameuses questions qui obsèdent tous les êtres pensants ? J’aimerais, pour ma part, rester avec Izo sur le chemin merveilleux de l’innocence et de la découverte en jouant la politique de l’autruche.

« Izo » c’est plus qu’une lecture, c’est une réflexion philosophique, mais c’est aussi une ouverture à l’émerveillement. « Mon apparition c’est le monde, je veux dire l’existence, cette chose magnifique à la quelle on ne pense jamais, et que je viens de découvrir. » Voilà tout est dit, l’auteur de ces quelques mots plein d’espoir pouvait s’envoler quelques années plus tard, jeune, trop jeune, beaucoup trop jeune, vers le monde d’Izo où il a certainement trouvé son après.

Un personnage atypique

7 étoiles

Critique de Virgile (Spy, Inscrit le 12 février 2001, 45 ans) - 9 novembre 2009

Vraiment un livre et un personnage qui sortent du commun. C'est poétique et amusant mais aussi assez mélancolique. Je l'ai lu il y a plusieurs années et j'en garde un très bon souvenir, je le conseille à tout le monde.

Izo

9 étoiles

Critique de Artbelge (, Inscrit le 5 avril 2005, 41 ans) - 5 avril 2005

Ce qui m'a le plus touché c'est que Pascal de Duve nous donne l'impression de le cotoyer et de vivre avec Izo,... c'est un ouvrage exceptionnel

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