Une héroïne politico-administrative

Françoise Chandernagor, membre honoraire du Conseil d'Etat et membre de l'Académie Goncourt, nous fait découvrir, dans ce roman que je viens de terminer, le portrait d'une héroïne qui gravit les échelons administratifs grâce à ses amitiés, son engagement et ses revirements politiques, mais aussi et surtout via ses qualités physiques, bien que myope à lunettes.
La vie de Christine Brassard commence difficilement et sa carrière se retrouve brisée, tout en ayant connu de riches heures de gloire. En effet, elle est la fille naturelle de Monsieur Valbray, Ambassadeur de France en Italie, et vit mal son absence de reconnaissance. Elevée dans un milieu populaire, mais fréquentant tout de même le monde diplomatique du Palais Farnèse à Rome, elle empoche l'agrégation d'histoire, à l'époque où elle adhère au parti communiste.
Elle enseigne ensuite à Senlis ; puis elle se marie avec un énarque, conseiller du Premier Ministre Chaban Delmas, déplacé, pour faute, Sous-Préfet dans un lieu paumé de Bretagne, Sainte-Solène.
C'est là qu'elle fait la connaissance de Charles de Fervacques, dénommé l'Archange, figure montante de l'UDR, le parti gaulliste de l'époque, qui devient Ministre des affaires étrangères. Sous son charme, il la nomme chargée de mission dans son cabinet. Comme il se doit, ils deviennent amants. A l'élection de Valéry Giscard d'Estaing à la présidence, il est reconduit, et la nomme Directrice adjointe de son cabinet. Elle adhère alors à l'UDR et devient une personnalité politique en vue, au point d'être nommée Secrétaire d'Etat.
Mais cela n'empêche pas la chute finale, sur laquelle l'auteur reste fort discrète : c'est un scandale, dont on ne connaît même pas exactement la nature, qui la conduit à une condamnation d'emprisonnement ferme, à Fleury-Mérogis.
Dans le roman, la narratrice rencontre Christine Brassard au Palais Royal. Après son incarcération, elle décide d'en dresser la biographie, en raison de son attrait.
Ce roman est énigmatique, à plus d'un point, ce que résument très bien les deux dernières pages. La narratrice s'interroge sur l'interaction entre cette biographie et sa propre carrière, et s'interroge sur le risque de confusion avec sa propre personnalité.
Or, l'ambiguïté suprême, qu'il me semble bien saisir, est que l'auteur, qui se dénomme Françoise, comme la narratrice, est elle-même haut fonctionnaire au moment des faits. Par conséquent, je n'ai cessé de m'interroger sur le fait de savoir de qui elle s'inspirait pour décrire cette héroïne et le brillant ministre Fervacques, personnages de fiction. Quelle est la part d'auto-description ? C'est peut-être l'énigme dont on ne connaîtra jamais la réponse.
Je lance donc un appel à ceux qui auraient des éléments d'explication, ou, au moins de discussion.

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  La Sans Pareille [Texte imprimé], roman Françoise Chandernagor

  de Chandernagor, Françoise
  Éd. de la Seine / Succès du livre (Paris. 1987).
  ISBN : 9782738205223 ; 89 F ; 01/06/1990 ; 823 p. ; Reliure inconnue

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