La ronde
de Arthur Schnitzler

critiqué par Aamelie, le 11 juin 2005
(chartres - 44 ans)


La note:  étoiles
Tous ensemble mais séparement
Cette pièce que je viens de découvrir date de la fin du XIXe siècle. Elle pourrait tout à fait être d'actualité malgré quelques anachronismes à éviter.

La ronde a la particularité d’être constituée de 10 dialogues avec 10 personnages. Cinq hommes et cinq femmes auxquels sont attribués deux scènes chacun. Sur les 2 personnages qui discutent, l'un part, l'autre reste et entame directement une nouvelle scène avec un autre personnage. A la fin de celle-ci, le personnage le plus ancien part, et le nouveau reste et ainsi de suite. Une ronde de personnages donc.

Hormis cette belle particularité, il n'y a pas vraiment de rapport entre les scènes. Ce qui est ennuyeux pour une mise en scène, ils passent de la demeure de l'un, au bal dansant du bout de la rue.

Enfin la plupart des scènes engendrent un jeu d'ombres chinoises derrière lesquelles ils passent à un acte sexuel.

C'est une pièce étrange, où les rapports amoureux sont mis au premier plan, mais avec l'absence d'une suite logique dans l'ordre des scènes.
Le cercle de l'inconstance 7 étoiles

Cette pièce est surtout connue pour son caractère scandaleux et a alimenté la haine envers les Juifs étant donné que cet auteur est de confession juive dans un contexte tendu. "La Ronde" est une pièce qui repose sur dix saynètes, dix dialogues mettant en scène deux personnages dans une phase de séduction débouchant sur l'acte sexuel qui n'est pas relaté mais suggéré par une ligne de pointillés. A chaque saynète, un des deux personnages change, ce qui fait que la pièce semble être une chaîne dont les protagonistes seraient l'un des maillons. Tous ces personnages sont infidèles, donc inconstants. Toutes les classes sociales sont concernées. La sexualité est par conséquent centrale ici, même si elle n'est pas montrée. C'est surtout le désir qui est dépeint dans des scènes assez intemporelles.

L'on pourrait parfois sentir un caractère redondant puisque le schéma se répète, pourtant les personnages sont différents. Le bourgeois ne parle pas comme l'homme du peuple, l'homme de lettres n'a pas le même comportement que la prostituée. Il y a tout de même un dénominateur commun. En creusant les dialogues, une certaine satire se dégage de cette pièce qui ne met pas vraiment en valeur le sentiment amoureux. L'inconstance semble naturelle, fatalement ancrée en nous. Il est intéressant de voir dans ces dialogues combien le langage est une arme pour séduire ou pour faire céder. Les tentatives de séduction des personnages montrent que lorsque le désir se fait sentir des stratégies sont mises en oeuvre pour obtenir l'objet du désir.

Cette pièce n'a rien de révolutionnaire, mais l'on imagine le scandale qu'elle a provoqué. On conçoit la difficulté qu'il y a à monter un tel spectacle à une époque où ce genre d’œuvres paraissait inconcevable. Cette audace-là est plaisante et la structure de cette oeuvre est originale.

Pucksimberg - Toulon - 45 ans - 28 septembre 2019