Plume, précédé de: Lointain intérieur de Henri Michaux

Plume, précédé de: Lointain intérieur de Henri Michaux

Catégorie(s) : Théâtre et Poésie => Poésie

Critiqué par MOPP, le 17 juin 2005 (Inscrit le 20 mars 2005, 88 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 3 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 047ème position).
Visites : 6 035  (depuis Novembre 2007)

De la mobilité...

Ce recueil double est assez difficile à aborder.

Dans la partie "Un certain Plume", l'auteur met son double en scène, celui qui tente de trouver remède à son impuissance face au monde hostile, à sa vulnérabilité, à son insatisfaction en gesticulant, par exemple. Le recueil est constitué de petits récits insolites :

"Etendant les mains hors du lit, Plume fut étonné de ne pas rencontrer le mur. "Tiens, pensa-t-il, les fourmis l'auront mangé..." et il se rendormit."
Il ne sera même pas étonné de retrouver sa femme découpée en morceaux, ni surpris qu'il soit exécuté le lendemain :
"- L'exécution aura lieu demain. Accusé, avez-vous quelque chose à ajouter ?
- Excusez-moi, dit-il, je n'ai pas suivi l'affaire. Et il se rendormit."
Le Plume est-il dans le rêve ou dans la réalité ? Nul ne le sait, c'est le grand écart entre le monde extérieur et lui.

Personnellement j'ai nettement préféré ses "Poèmes", un extrait :

"Mon violon est un grand violon-girafe ;
j'en joue à l'escalade,
bondissant dans ses râles,
au galop sur ses cordes sensibles et son ventre affamé aux désirs épais,
que personne jamais ne satisfera,
sur son grand coeur de bois enchagriné,
que personne jamais ne comprendra.
(etc.) "

J'y trouve de bien belles images et de l'émotion.

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Les éditions

  • Plume [Texte imprimé] Henri Michaux
    de Michaux, Henri
    Gallimard / Collection Poésie (Paris. 1966).
    ISBN : 9782070323173 ; 9,50 € ; 23/10/1985 ; 220 p. ; Poche
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Voyage dans des univers déconcertants

9 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 15 avril 2023

Cet ouvrage contient des recueils de poèmes et des poèmes qui permettent de se familiariser avec la langue de Michaux. Il permet d'aborder certaines thématiques qui lui sont chères et d'explorer des formes très diverses comme le poème en prose, le poème en vers, des textes sous forme de dialogue à l'instar d'une pièce de théâtre ( "Le drame des constructeurs, "Chaînes" ... ), des poèmes à dimension narrative dont l'intrigue se poursuit sur plusieurs chapitres / poèmes comme dans "Plume". Toutes ces pièces sont plutôt courtes mais d'une richesse incroyable.

Henri Michaux a beaucoup d'imagination et se plaît à sortir de la monotonie du quotidien, ce qui fait que ces textes glissent rapidement vers des mondes imaginaires, totalement irrationnels parfois et absurdes. Le lecteur doit accepter de plonger dans cet univers qui ne lui est pas familier et de passer d'une idée à une autre par des associations pas toujours visibles. On se demande même parfois où il va chercher de telles idées. Evidemment, la connaissance de certaines théories sur l'inconscient et le subconscient ont alimenté son oeuvre. Il semble ressentir une certaine fascination pour ce que l'esprit peut produire. Certains textes sont déstabilisants car ils semblent puiser dans les pulsions, dans les cauchemars, dans les zones sombres de notre cerveau que nous ne savons pas analyser. Dans "Animaux fantastiques", il dépeint sur plusieurs pages les délires liés à la fièvre ou à la maladie. Ce poème est une descente dans une atmosphère effrayante et dantesque pour définir en réalité une situation bien réelle, explicable sur un plan médical. Derrière ces univers éloignés du quotidien, on se retrouve bien souvent connecté à notre réalité malgré tout.

Le poète s'interroge aussi sur notre moi qui est indéfinissable, sur le fait que l'on est multiples et que l'on évolue sans cesse. Cette réflexion sur les métamorphoses du moi est moderne et souligne la complexité de notre être. Le personnage de Plume, sorte de double assumé par Henri Michaux, vit des péripéties assez abracadabrantes et semble inadapté à ce monde formaté et étouffant à causes des conventions sociales. Ce personnage semble incompris par les hommes. Ces aventures font sourire le lecteur qui se voit toujours confronté à des situations atypiques.

Certains poèmes sont aussi marqués par la violence. Les corps sont meurtris, blessés et déstructurés comme s'ils étaient des jouets. Cette violence n'est pas horrifique, mais converge vers l'absurdité dans des récits qui peuvent rappeler parfois l'univers du conte comme cette histoire de Plume reposant sur des arrachages de têtes. Des membres sont parfois sectionnés, remplacés par d'autres, non pas pour tomber dans de la science-fiction, mais pour engendrer des histoires qui auraient la logique du monde onirique ou cauchemardesque, une logique qui peut rappeler aussi celle des enfants qui ont une faculté à dire des choses horribles tout en n'en voyant pas l'horreur.

Entrer dans les poèmes de Michaux, c'est vraiment se déconnecter de notre réalité pour accepter de voyager dans des mondes peuplés par des visions cauchemardesques, des univers nourris par les pulsions, l'inconscient et le subconscient. C'est aussi s'amuser avec certaines histoires qui n'obéissent pas aux règles du genre. J'ai trouvé le voyage dans son oeuvre fascinant avec cette impression qu'il y aura sans cesse des éléments à découvrir dans ses textes.

Etudié à l'école

10 étoiles

Critique de Lolita (Bormes les mimosas, Inscrite le 11 décembre 2001, 38 ans) - 30 juin 2005

Lorsque j'ai lu ce livre, étant assez jeune d'ailleurs (15 ans), je n'ai rien compris. Donc je n'ai pas aimé. Puis les explications et l'étude de ce texte en classe m'ont aidé à y voir plus clair. Enfin, lorsque je l'ai repris avec un peu plus d'années j'ai davantage apprécié. Surtout les poèmes. Je dois bien avouer que c'est la première fois que j'apprécie du surréalisme mais Michaux ça vaut le coup de le lire au moins une fois.

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