Le rire
de Henri Bergson

critiqué par Saint-Germain-des-Prés, le 20 juin 2005
(Liernu - 56 ans)


La note:  étoiles
Pas de quoi se poiler…
On pourrait dire tout et son contraire à propos de ce livre. Ainsi pourrait-on soutenir qu’ici, la philo est à la hauteur de sa mauvaise réputation : barbante. Mais dans le même temps, on pourrait s’extasier sur la capacité de Bergson à couper le rire en quatre, à l’analyser dans tous ses éclats.

Bergson part de trois observations, dont la première est largement connue : « pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain ». Ensuite, le rire suppose une insensibilité du sujet. En effet, si celui-ci ressent une émotion, telle que la compassion, il ne rira pas d’autrui. Troisièmement, pour qu’il y ait comique, il faut que l’intelligence qui rit ne soit pas isolée : le rire a une signification sociale.

Qu’est-ce qui fait rire ? Bergson donne plusieurs réponses, toutes détaillées et illustrées par des exemples mais un critère récurrent est celui de la mécanique. Notamment, dans le domaine du comique des gestes et des mouvements, on peut prendre l’exemple d’un orateur qui ferait toujours le même geste, comme un tic. C’est la répétition qui va provoquer le rire, le geste posé une seule et unique fois ne suscitera pas la moindre risette. Pourquoi ? Parce qu’ici, le corps apparaît comme une simple mécanique, comme un pantin articulé, comme une mécanique qui fonctionnerait à l’intérieur de la personne.

Et Bergson de disséquer tant et plus le comique, puisant fréquemment dans la tragédie pour l’opposer à la comédie.

Et donc, j’en reviens à mon introduction : ce texte n’est pas précisément ce qu’on pourrait appeler drôle et passionnant… Mais l’on se doit de saluer cette étude poussée qui ne laisse aucun cas de figure souriante de côté.
Pas drôle, non vraiment pas drôle 4 étoiles

Il se dégage de ce texte paru en 1900 une impression d’amateurisme, de superficiel et de suranné. Comme l’indique le sous-titre il cherche à analyser sur un public les ressorts du comique, qu’il soit d’apparence, de comportement, de situation, de langage ou encore de caractère, dans une société franco-française très normée par les conventions sociales de la bourgeoisie de l’époque. Ses exemples sont pris surtout dans Molière et dans Cervantès. Il n’est fait aucune mention des observations des ethnologues sur des collectivités dites primitives, Inuits, indiens d’Amérique, africains, qui ont montré le rire comme une activité permanente à propos de tout et de rien. L’aspect psychologique du rire sur la santé physique et mentale n’est pas davantage abordé. Comme s’il se limitait seulement à un traité de comédie, il apparait fondamentalement réducteur et donne donc envie d’en savoir plus.
C’est ce que propose cette édition critique en publiant à la suite des extraits d’autres auteurs ayant abordé le même sujet antérieurement ou postérieurement à Bergson : J.J. Rousseau (1758), Alexandre Bain (1859), Léon Dumont (1875), Camille Mélimand (1895), Paul Lacombe (1897), Freud (1905), plus récemment Ionesco, ou Deleuze.
Le rire est apparu comme un phénomène mystérieux qui a suscité d’abord les interrogations des philosophes depuis la haute antiquité. Si l’on en croit les études actuelles de neurosciences, le rire traduit à la fois une émotion et un phénomène collectif qui met en œuvre plusieurs zones cérébrales et libère des catécholamines. Il est même utilisé en thérapie comme l’explique le document suivant dans sa présentation très claire des mécanismes mis en jeu par le rire : http://clubderirequebec.com/La%20biologie%20du%20r…

Colen8 - - 83 ans - 3 janvier 2016