Une voix dans la nuit
de Armistead Maupin

critiqué par Saule, le 27 avril 2001
(Bruxelles - 59 ans)


La note:  étoiles
Vous trouvez ça marrant ?
Armistead Maupin a ses inconditionnels qui s'accordent tous à le trouver hilarant,
voir par exemple la critique de ses 'Chroniques de San Francisco' sur ce site, ou les critiques dithyrambiques de Sebastien Minestru. Personnellement je suis plus mitigé, j'ai plutôt bien aimé les Chroniques, sans plus, mais j'ai été déçu par celui-ci.

Une voix dans la nuit est un roman largement autobiographique dans lequel l'auteur, un écrivain homosexuel vivant à San Francisco, raconte la relation presque filiale qu'il a avec un jeune admirateur, avec lequel il a de longues conversations téléphoniques. C'est, de l'avis commun, hilarant, mais personnellement je trouve ça drôle, sans plus. Au niveau du style je ne suis pas un fan non plus, c'est direct, plutôt épuré, l'auteur abuse de petit dialogues plus ou moins marrants. Ce qui me dérange plus, c'est l'étalage de sentiments typiquement américain, à la limite du manque de pudeur (par exemple l'auteur parle à son père de son homosexualité à travers le livre). L'auteur a tendance à abuser de l'auto-dérision, dans l'espoir de nous faire rire, mais à la longue cela a pour effet de le rendre un peu antipathique.

Reste que le livre se lit avec plaisir, qu'il n'est pas dépourvu d'un certain humour ni d'un suspense policier qui donne envie de connaitre le fin mot de l'histoire. Pour ceux qui connaissent la série des Chroniques de San Francisco et ont aimé, c'est un must, pour les autres je leur conseillerai de découvrir Armistead Maupin plutôt via les chroniques que via ce livre.
Du Maupin pur jus ! 9 étoiles

Je connaissais Maupin également avec ses célèbres Chroniques de San Francisco, comme beaucoup ici. Mais je ne partage pas du tout le point de vue des critiques négatives que je lis ici et là, et suis profondément surprise de certains commentaires...

Tout d'abord, j'ai découvert avec plaisir ce roman (à noter qu'il était classé dans la catégorie "Policier" de ma bibliothèque de quartier), tout en profondeur, suspense, et authenticité.

Ensuite, même si la fin surprend, elle ne m'a pas laissée sur ma faim (!), bien au contraire. Elles (entendez par là l'histoire ET la fin de l'histoire) poussent à réfléchir, à gratter un peu, à revenir sur ce que l'auteur a écrit au début du livre, à repenser l'histoire d'un autre point de vue... La fiction et la réalité sont des cartes très présentes, très entremêlées, mais qui ne laissent pas indifférentes. Un grand pan de ce roman est d'ailleurs autobiographique, s'il on en croit les informations glanées sur le Net.

Enfin, j'aime beaucoup le style d'écriture de Maupin, toujours juste, toujours adéquat à la situation, et donc à lire sans hésitation !

Didoumelie - - 52 ans - 21 juillet 2013


Un peu trash 6 étoiles

Le narrateur, Gabriel Noone, est un écrivain reconnu, figure du milieu gay, approchant la cinquantaine. Sa chronique "Noon at night" est radio diffusée, elle est suivie assidûment par de nombreux auditeurs. Sa relation avec Jess, son compagnon depuis une décennie, se délite et il en est fragilisé. C’est à cette période qu’il reçoit le manuscrit d'un garçon de 13 ans, malade, qui raconte les terribles sévices pédophiles qu'il a subi et sa nouvelle vie avec sa mère adoptive psychologue. Fidèle auditeur de Gabriel, Pete connait tout de sa vie à travers ses fictions qui sont plus ou moins autobiographiques
Commencent alors des échanges téléphoniques et Gabriel s’attache très vite à ce garçon avec lequel il passe de longues heures au téléphone, jusqu’à développer des véritables sentiments paternels.
Le garçon fait preuve d’une grande habileté pour amener son interlocuteur à se dévoiler et d’une étrange maturité. Parfois c’est sa mère qui prend la communication et discute avec Gabriel. Ils ont exactement la même voix, alors le doute s’insinue dans l’entourage de Gabriel d’autant plus que la mère refuse absolument un contact direct entre le garçon et son futur éditeur. Gabriel se cramponne à cette relation et ira vérifier, sans trouver de certitude ni accepter d’affronter la réalité.
Globalement agréable à lire j'ai trouvé la fin oppressante

Eoliah - - 73 ans - 9 janvier 2012


Ah ! San Francisco ... 7 étoiles

Maupin est un chroniqueur de San Francisco dont la gloire est arrivée avec ses fameuses Chroniques : Les Chroniques de San Francisco, qui relataient, au départ, des évènements au quotidien d’individus typiquement San Franciscien, et qui a fini par une saga de 6 tomes.
Une voix dans la nuit est bâti comme un roman, même si Maupin n’a pu s’empêcher de procéder par chapitres, conçus comme des chroniques. Et donc, c’est un roman. Qui parle aussi de San Francisco mais surtout d’individus. D’individus typiques de San Francisco. Par exemple de Gays.
Maupin est gay et a apparemment beaucoup contribué à « banaliser » la cause gay.
On est là en plein dedans. Un chroniqueur gay (tiens tiens !), Gabriel Noon, auteur reconnu de feuilletons radiophoniques (gays), vit un drame sentimental puisque son compagnon est en train de le quitter. Dans cet état de désarroi, il est amené à rentrer en contact avec un de ses admirateurs, un garçon de 13 ans, victime sortie d’affaire d’actes pédophiles traumatisants, et quand je dis « sorti d’affaire », c’est faire fi du fait qu’il est contaminé par le Sida ! Ce jeune admirateur a fait, en quelque sorte, sa propre thérapie en écrivant son histoire, qui s’avère de l’avis de Noon une oeuvre littéraire digne d’intérêt … S’ensuit du pur Maupin, qui a l’art et la manière de faire rebondir l’action en y mêlant les actes et soucis du quotidien, qui a une très grande pudeur et une écriture très fluide.
La description du scénario peut faire peur, peut sembler un pur acte de militantisme gay ? Que nenni ! A. Maupin est bien plus intelligent que cela et son roman est d’une grande universalité.
Et puis : Vive San Francisco, ville magique

Tistou - - 68 ans - 21 août 2005


Parlons-nous du même livre? 9 étoiles

N'ayant pas lu les Chroniques de SF, j'ai pu aborder ce livre avec un oeil vierge et je dois avouer que malgré la fin décevante, sans réel dénouement, j'ai été charmé par les confidences du narrateur, parfois crues, toujours bien senties.
Je suis étonné par les commentaires des autres critiqueurs, car ce livre n'est certainement pas une comédie, non plus un roman tragique sur les enfants maltraités.
Maupin nous raconte une histoire résolument contemporaine qui peut souvent en choquer plusieurs car elle est si près de la réalité.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 3 février 2004


Un Bart Simpson sidéen 8 étoiles

L'histoire me laisse sceptique...
Comment un gamin de 13 ans, abusé atrocement par son père et son cercle d'amis, dès l'âge de 4 ans peut-il se prendre d'amitié pour un homosexuel quinquagénaire qui trompe son ennui dans les chambres d'hôtel solitaire en visionnant des cassettes porno mettant en scène des scouts français ? Parait que la plupart des scouts avaient atteint la vingtaine ! Bizarre, j'ignorais que l'âge des participants aux ébats érotiques apparaissait sur leur front ! Encore une chose que j'ai apprise, c'est que les pédophiles qui violent des petits garçons ne sont pas des homos, ce sont des hétéros ! la preuve en est que ce père indigne avait une femme, non, mais vous m'en direz tant ! Bref, l'auteur n'a pas peur des contradictions puisque lui-même se "tape" un routier au hasard de ses voyages, et ce routier arbore fièrement la photo de sa femme et de ses gosses dans son camion... ce qui ne l'empêche nullement d'avoir des relations homosexuelles.. Ca prouve donc bien qu'un hétéro qui (peut être un pédophile, selon l'auteur) peut AUSSI être homo. la boucle est donc bouclée.. n'en déplaise aux dénégations de l'intéressé.. Voilà pour le côté dérangeant du livre.. une justification de non perversité de son comportement qui n'en est pas une..
Sinon, c'est agréable à lire, comme un suspense, qui ne me laisse pas sur ma faim, contrairement à Saint-Germain-des Prés.
J'ai relevé quelques bonnes trouvailles : "Ce qui fait la richesse du coeur, c'est l'amour qu'on donne, pas celui qu'on reçoit. L'important, c'est d'aimer. Etre aimé, c'est à la portée de n'importe qui. Même Hitler, y a des gens qui l'aimaient"
"On dit toujours que dans les affaires d'enfants maltraités, le plus difficile est de faire admettre aux adultes que ça s'est vraiment passé. Comme les gens ne veulent pas croire à la barbarie, ils trouvent toutes sortes de moyens de nier son existence"
Voilà une phrase qui prend tout son sens dans le contexte de notre époque. Dommage que nos magistrats et juristes en tout genre n'en prennent jamais de la graine..
On y trouvera également deux trois égratignures envers les médecins et les hôpitaux "Ils sont cons. Ils ne s'intéressent qu'aux symptômes, pas à la personne.." "Jess m'avait raconté des tas d'histoires atroces sur les hôpitaux où les malades sont manipulés comme des machines"

Darius - Bruxelles - - ans - 25 février 2002


Avis très mitigé... 7 étoiles

En effet : ce livre m'a tenue en haleine jusqu’au * à peu près.
Mais petit à petit, j’ai senti poindre la crainte qu'il n’y aurait pas vraiment de dénouement, qu’arrivée à la dernière page, le mystère ne serait pas éclairci.
Et effectivement, c’est ce qui se passe.
Je viens de refermer le livre et je suis toujours sur ma faim.
Franchement, l'auteur aurait pu aller encore plus loin dans le suspens.
Sur la couverture arrière, on nous présente cette histoire comme digne d’Hitchock...
C'est nous prendre pour bien naïfs !
Malgré cela, c’est toujours un plaisir de lire Armistead Maupin.
J'ai retrouvé l'auteur des « Chroniques de San Francisco » avec beaucoup de bonheur.
Je ne comprends pas la critique de Saule en ce qui concerne l'humour.
Je n'ai entendu personne présenter ce livre comme « drôle ».
Lisez bien la couverture : on parle d’ironie et non d’humour.
Il ne faut pas s’attendre à ce qu' « Une voix dans la nuit » vous fasse rire comme « les chroniques », mais vous sourirez par moments.
L'histoire, quant à elle, reste agréable et facile à lire.
Le lecteur se laisse prendre au jeu.
C'est à la fois le point fort et le point faible du livre.
Car il ne tient pas ses promesses sur la fin...

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 4 juin 2001