Moi je, par soi-même, L'autoportrait au XXe siècle
de Pascal Bonafoux, Jorge Semprún

critiqué par Sahkti, le 29 juin 2005
(Genève - 50 ans)


La note: étoiles
Dis-moi qui je suis
En 2004 s'est tenue une belle exposition au Musée du Luxembourg à Paris, centrée autour d'une question unique "Qui suis-je?". Diverses oeuvres de tous styles attendaient le visiteur pour le confronter à la notion de l'autoportrait, bien plus complexe qu'il n'y paraît.
Travail de longue haleine soigneusement maîtrisé par Pascal Bonafoux qui livre en parallèle dans ce superbe ouvrage édité par Diane de Selliers ses réflexions mais aussi les oeuvres qui les lui ont inspirées.
Autant le dire, l'ouvrage est cher (plus de 200 euros), c'est une brique épaisse richement illustrée, plus de 500 clichés. Un ouvrage à savourer.
Tout cela pour parler d'autoportrait me direz-vous?

La démarche de Pascal Bonafoux est hautement intéressante. Un autoportrait, c'est le visage révélé de celui qui le réalise. Est-ce lui-même? Ce qu'il veut montrer? Ce qu'il croit être? Est-ce qu'il aimerait montrer? Ou devrait? Comme je l'ai dit plus haut, tout cela est extrêmement complexe et il est possible de passer des heures devant chaque reproduction. C'est d'ailleurs le souhait de Bonafoux qui préfère laisser la parole à l'image plutôt qu'aux textes. Suivi en cela par Jorge Semprun qui signe la préface. Chaque portrait raconte une histoire, celle que l'on croit voir et celle qui ne se dit pas.
Pascal Bonafoux a opté pour un travail d'érudit, agrémenté d'un aspect ludique avec un parcours en 63 cases et autant de questionnements. Jeu du double, de la transformation, de la devinette, de l'introspection. Oui, on peut décidément y passer des heures. En cherchant qui est qui et ce qu'il a voulu représenter, on se trouve soi-même, on tente de discerner ce que l'on aimerait montrer et voir.
Ce livre est magnifique, il ouvre une multitude de portes conduisant à la réflexion et la méditation, sans parler, évidemment, du plaisir qu'il procure pour les yeux.