Antoine Bloyé
de Paul Nizan

critiqué par Monito, le 18 juillet 2005
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Une vie...?
Antoine Bloyé est le premier roman de Paul Nizan. A la mort du héros, son fils, Pierre, repense à qui était son père et, sous forme de flash-back, nous vivons au fil des 300 pages de cet ouvrage, la vie d’Antoine.
L’écriture est épurée, sobre et précise. Le style est construit, bien qu’assez neutre, il donne de la puissance à cette vie qui n’en a pas.
Antoine Bloyé, fils d’un ouvrier et d’une femme de ménage, gravira les échelons de la hiérarchie sociale pour finir cadre, petit bourgeois, au sein d’une compagnie de chemin de fer dans la France des années folles.
Paul Nizan touche. Il touche en tous cas ceux qui ont une « revanche sociale » à prendre. Il parle à tous ceux qui veulent, ont voulu ou voudront s’élever socialement: faire mieux, faire plus que son milieu d’origine, s’en sortir.
Il touche aussi tous ceux qui donnent à l’effort, au travail, à la volonté, la force d’être la clé d’une réussite.
Il ébranle tous ceux qui, comme Antoine, bien que réussissant, ne se sentent pas intégrés dans leur nouvel environnement et traîtres à leur monde originel.
Il bouleverse enfin par une description cruelle de vérité sur la vacuité des vies construites de la sorte, sur l’habitude, sur la peur des choix vrais, sur le renoncement à vivre pleinement pour, au mieux, vivre petitement.
Antoine Bloyé est un miroir et au final, plus q’un plaidoyer, une invitation à mesurer ce que nous sommes et à ne pas nous tourner le dos.