Si par une nuit d'hiver un voyageur de Italo Calvino

Si par une nuit d'hiver un voyageur de Italo Calvino
( Se una notte d'inverno un viaggiatore)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone

Critiqué par Virgile, le 1 mai 2001 (Spy, Inscrit le 12 février 2001, 45 ans)
La note : 8 étoiles
Moyenne des notes : 8 étoiles (basée sur 12 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 688ème position).
Visites : 11 019  (depuis Novembre 2007)

D'une histoire à l’autre...

« Tu vas commencer le nouveau roman d'Italo Calvino, « Si par une nuit d’hiver un voyageur ». Détends-toi. Concentre-toi. Ecarte de toi toute autre pensée. Laisse le monde qui t'entoure s'estomper dans le vague. La porte il vaut mieux la fermer; de l’autre côté la télévision est toujours allumée. »
Ainsi commence ce roman. Drôle d'entrée en matière n'est ce pas ? Le personnage principal de ce livre n’est autre que le lecteur.
« Ce n’est pas neuf ! » direz-vous en repensant à cette série des « livres dont vous êtes le héros » que tout le monde a feuilleté un jour ou l'autre. Mais ici le lecteur dont il s’agit n'est pas vous ou moi mais bien un lecteur fictif. Ca peu paraître déroutant au début, mais il suffit de quelques pages pour être pris dans ce roman diaboliquement bien écrit. Le lecteur fictif se plonge dans des lectures tout aussi imaginaires que lui et nous le suivons à travers celles-ci. Le problème est que chaque fois qu'il commence un livre, sa lecture doit s'interrompre pour diverses raisons dès que l'histoire est suffisamment développée pour titiller sa curiosité. Dévoré par l'envie de lire la suite, il part à la recherche d’un autre exemplaire de l'œuvre en question mais chaque fois il tombe sur un livre différent dans lequel il se plonge avant d'être à nouveau interrompu. Au fil de l’histoire, le lecteur va rencontrer une lectrice qui a le même problème que lui. Ensemble, il vont partir à la recherche de ces romans qui leur échappent. Leur quête nous fera découvrir le monde du livre sous toutes ses coutures et aussi l'existence d'un mystérieux complot de falsification littéraire. Italo Calvino est un auteur attachant, inventif, très intelligent mais avec un sens de l'humour qui empêche le lecteur (réel cette fois !) de sombrer dans l'ennui ou l’incompréhension. Plutôt que de théoriser de façon doctorale, il nous emmène dans une narration captivante aux multiples niveaux de lecture, tout le monde devrait pouvoir y trouver son bonheur, en tout cas j'ai été conquis !

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Les éditions

  • Si par une nuit d'hiver un voyageur [Texte imprimé], roman Italo Calvino trad. de l'italien par Danièle Sallenave et François Wahl [préf. par Paul Fournel]
    de Calvino, Italo Fournel, Paul (Préfacier) Sallenave, Danièle (Traducteur) Wahl, François (Traducteur)
    Seuil / Points (Paris).
    ISBN : 9782020251570 ; 3,91 € ; 03/05/1995 ; 286 p. ; Poche
  • Si une nuit d’hiver un voyageur [Texte imprimé] Italo Calvino nouvelle traduction de l'italien par Martin Rueff
    de Calvino, Italo Rueff, Martin (Traducteur)
    Gallimard / Collection Folio
    ISBN : 9782070451067 ; 8,60 € ; 02/04/2015 ; 400 p. ; Broché
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Amis Lecteurs, nous sommes les héros de ce livre !

10 étoiles

Critique de Lectio (, Inscrit le 16 juin 2011, 75 ans) - 27 septembre 2015

Oui, ce livre nous est consacré. D'ordinaire l'auteur se raconte plus ou moins directement et ouvertement. ITALO CALVINO s'identifie avec le lecteur et la lectrice. Si chacun se reconnaîtra à un moment ou un autre dans l'ouvrage, son objectif consiste plutôt à montrer le plaisir de lire. -J'ai essayé de mettre en évidence le fait que chaque livre naît en présence d'autres livres, en relation et par opposition d'autres livres- dit I. Calvino dans un entretien. Avec son talent, sa créativité et sa fantaisie habituels, notre écrivain imagine dix romans "apocryphes" c'est à dire qu'il les suppose écrits par des auteurs qui n'existent pas. Ces auteurs fictifs sont tous différents y compris différents de l'auteur lui-même. Nous commençons donc à lire ces récits... mais sans parvenir à en finir aucun, pour des raisons indépendantes de notre volonté. Dix genres, dix styles : les soupçons et la confusion du polar.. l'introspectif.. l'existentiel et le révolutionnaire.. le cynique.. les manies et les obsessions.. l’érotique et le pervers.. pour terminer sur l'apocalyptique. Et tout en conversant avec nous (ou nous avec Lui), I.Calvino s'interroge sur les associations entre des textes différents (car il existe bien sûr une trame à cette oeuvre). En ce sens ce livre va plus loin que le livre de R. Queneau (tous deux sont membres de l'Oulipo) qui traite le même sujet de 99 manières différentes. Pourquoi lis-tu ? que lis-tu ? comment lis-tu, et que reste-t-il de tes lectures, ami lecteur, amie lectrice. Calvino s'entretient de tout cela avec toi, avec talent (ce livre est un véritable cours de littérature et d'écriture), perspicacité, fantaisie, humour.. et joie de lire.

Sans pareil, mais pourtant ...

8 étoiles

Critique de Lurette (, Inscrite le 10 juillet 2010, 85 ans) - 22 août 2013

... mais pourtant chacune des histoires est celle qu'on a toujours adorée et on en redemande.
Alors là, je suis prise et bien prise. D'autant que tous ces débuts d’histoires laissent entrevoir de ces bons gros romans bien dépaysants dans lesquels on se plonge avec un soupir d'aise, en espérant ne pas en sortir de si tôt.
Hélas, c'est compter sans les machinations de l'auteur qui nous frustre en arrêtant net.
On aimerait les suites, en atelier d'écriture peut-être.
C'est suggéré par l'auteur et toutes les réflexions sur la lecture et l'écriture on les retrouvera là, de façon presque exhaustive.
L'histoire est à plusieurs niveaux, il y a les débuts de romans dans le roman, mais aussi l'histoire du lecteur frustré, moi, en l’occurrence, fil conducteur qui nous soutient comme une corde de rappel dans ce paysage vertigineux. C’est une poursuite infernale qui nous tient en haleine.
Je ne mettrai pas 5 étoiles à ce roman parce que, finalement, si je suis ravie, je me trouve très frustrée.

Terminer les esquisses ?

7 étoiles

Critique de Monito (, Inscrit le 22 juin 2004, 52 ans) - 31 mars 2009

« Dans cet air transparent léger, il me semble cueillir sur sa forme immobile les signes de ce mouvement invisible qu’est la lecture, le parcours du regard, le rythme de la respiration, et plus encore le glissement des mots à travers sa personne, leurs flux et leurs blocages, les élans, les retards, les pauses, l’attention qui se concentre ou se disperse, les retours en arrière, ce parcours qui semble uniforme et qui est en réalité toujours changeant, toujours accidenté. »

Ces quelques lignes qui décrivent si bien mon ressenti personnel, ma pratique de l’activité physique que constitue la lecture, sont un des nombreux exemples qui jalonnent cet ouvrage ou Italo Calvino me parle, ou plutôt, dit ce que le lecteur que je suis, pense, ressent ou vit, clairement ou imperceptiblement, quand il est plongé dans sa lecture.

Roman ou essai mis à mon niveau sur la lecture, l’écriture, le roman, tout cela mis sous une protéiformité des plus étonnantes parce qu’assez inattendue… je ne saurais dire.

Italo Calvino sait parfaitement conduire son affaire et les 10 romans qu’il commence sont dix occasions de vouloir les compléter et dix fois aussi l’occasion de se dire que les ressors sont finalement les mêmes… pour finir les histoires par l’amour ou par la mort… une telle certitude que le lecteur n’admet sans doute pas, à force de vouloir accumuler les lectures…

Et si finalement, « j’ai lu tous les livres… » pouvait vouloir dire qu’on a jamais vraiment fini de commencer.

Du grand art!

9 étoiles

Critique de Soldatdeplomb4 (Nancy, Inscrit le 28 février 2008, 35 ans) - 20 février 2009

Le concept du livre, les autres l'ont expliqué. Ce que je tiens à signaler à la suite de la lecture de ce livre, c'est le crescendo, sur les 80-100 dernières pages: alors qu'au centre du livre, l'action se ratatine, et j'ai craint que les derniers chapitres allaient être une torture, et bien non, le dernier tiers du livre est aussi magistral que le premier.
Certes, le 2ème tiers du livre est un peu longuet. Mais quelle mise en appétit! et quel régal finalement! A essayer de toute urgence, ce livre est une réelle performance littéraire, à la gloire du lecteur de roman. Un roman sur le roman.

Inégal

6 étoiles

Critique de Janiejones (Montmagny, Inscrite le 20 avril 2006, 39 ans) - 9 mai 2007

Un livre magnifiquement écrit, qui commence très bien, mais qui s'essouffle un peu au cours des pages.

Exercice de style

8 étoiles

Critique de Saule (Bruxelles, Inscrit le 13 avril 2001, 59 ans) - 2 mai 2006

Ce livre est vraiment très déroutant, parfois un peu trop oserais-je dire, même si c'est vrai que l'auteur fait preuve d'une virtuosité et d'une inventivité impressionnante. Sans compter qu'il possède un solide sens de l'humour et que la lecture est souvent très amusante. Comme SGDP j'y ai trouvé certaines réflexions intéressantes sur la lecture et l'écriture. On se sent également conforté dans son activité de lecteur, c'est agréable, quant à l'écrivain l'auteur se livre à quelques parodies vraiment pleines d'humour. Je reste un peu sur ma faim cependant, comme mentionné par les autres c'est agaçant d'être constamment coupé dans un récit pour démarrer un autre. C'est un livre que une fois terminé on a envie de relire pour trouver tout ce qu'on a manqué la première fois.

assez particulier

6 étoiles

Critique de Lecteur n°1 (, Inscrit le 10 juin 2005, 39 ans) - 28 octobre 2005

Un livre un peu lent, certain passages sur le personnage principal (à savoir le lecteur) inutiles et un peu raté. Mais il y a tout de même une certaine originalité et une grande imagination de la part de l'auteur.

Symbiose entre le fond et la forme

9 étoiles

Critique de Saint-Germain-des-Prés (Liernu, Inscrite le 1 avril 2001, 56 ans) - 3 octobre 2005

Alors là, chapeau bas, monsieur Calvino ! Vous nous offrez ici un pur cadeau, un petit bijou, un livre dont la construction même nous en dit long sur le sujet. Pour nous éclairer sur la compréhension globale de cette œuvre, il suffit d’écouter Ludmilla : « Le roman que j’ai le plus envie de lire en ce moment, explique-t-elle, c’est celui qui tiendrait toute sa force motrice de la seule volonté de raconter, d’accumuler histoire sur histoire, sans prétendre imposer une vision du monde ; un roman qui simplement te ferait assister à sa propre croissance, comme une plante, avec son enchevêtrement de branches et de feuilles… ». Voilà une parfaite définition de ce livre qui aborde en alternance l’histoire de la rencontre de deux lecteurs et les débuts des œuvres qu’ils lisent.

Calvino en profite pour jeter ici et là des considérations sur le livre et la lecture qui raviront les amoureux de cette activité. Cela va de l’éventail des livres proposés en librairie (« livres-que-tu-n’as-pas-lus ; livres-qu’on-a-déjà-lus-sans-avoir-besoin-de-les-ouvrir-parce-qu’ils-appartiennent-à-la-catégorie-du-déjà-lu-avant-même-d’avoir-été-écrits ; livres-que-tu-lirais-volontiers-si-tu-avais-plusieurs-vies-à-vivre-mais-malheureusement-les-jours-qui-te-restent-à-vivre-sont-ce-qu’ils-sont ; livres-que-tout-le-monde-a-lus-et-c’est-donc-comme-si-tu-les-avais-lus-toi-même » ; …), au choix du livre, à la façon de lire en passant par l’écrivain et par l’acte d’écrire.

Succession de débuts d’histoire et évolution de la relation entre le Lecteur et la Lectrice. Frustrant de ne pas connaître la suite de tous ces débuts ? Oui et non car Calvino nous en donne les clés de compréhension. Vraiment prodigieux : ces débuts d’histoire sont comme des miroirs et Calvino s’en explique : « C’est mon image que je veux multiplier. Non point par narcissisme ou par mégalomanie, comme on pourrait trop facilement croire : au contraire, pour cacher, au milieu de tous ces doubles illusoires de moi-même, le vrai moi qui les fait se mouvoir. »

Plus loin encore : « A l’écrivain qui souhaite s’annuler lui-même pour donner la parole à ce qui est hors de lui, deux voies se proposent : ou bien écrire un livre qui pourrait être le livre unique, capable de résumer le Tout dans ses pages ; ou bien écrire tous les livres, et poursuivre le Tout à travers les images partielles. Le livre unique qui contient le Tout ne pourrait être que le texte sacré, la parole totale révélée. Mais je ne crois pas que la totalité puisse être contenue dans le langage ; la question est pour moi ce qui reste en dehors, le non-écrit, le non-scriptible. Il ne me reste d’autre voie que celle d’écrire tous les livres, les livres de tous les auteurs possibles. »

Véritable réflexion sur les phénomènes liés que sont l’écriture et la lecture, véritable roman en même temps, bien écrit (faut-il le préciser ?), accrocheur, cet ouvrage demande probablement une seconde lecture pour en savourer toutes les ramifications. Bref, un incontournable pour les passionnés de lecture que nous sommes…

Pas mal...

7 étoiles

Critique de Lucas (, Inscrit le 8 novembre 2004, 35 ans) - 8 novembre 2004

"Si par une nuit d'hiver un voyageur" d'Italo Calvino est un roman à la fois original, bien écrit, agréable à lire mais aussi agaçant.
En effet,ce roman, composé de 10 incipits est très original d'une part par cet enchainement de petits romans dans l'histoire principale qui ne se terminent jamais et d'autre part par le tutoiement de l'auteur au Lecteur. C'est un peu le même procédé (comme le dit Clara) que la collection "Le livre dont vous êtes le héros", le Lecteur est le personnage principal et Calvino le fait lire des débuts de romans et joue avec lui en lui créant des liaisons avec d'autres Lecteurs (le Lecteur tombe amoureux de Ludmilla, la Lectrice) Rappelons que Calvino fait parti de l'OuLiPo (Ouvroir de Littérature Potentielle). Ce mouvement créé en 1960 consiste à donner des contraintes à l'auteur. Le tutoiement du Lecteur, le fait que l'auteur ne finisse aucun incipit, sont des contraintes que s'est fait Italo Calvino pour son livre.
Ce roman est, mis à part quelques descriptions qui sont pour moi, trop monotones ou quelques incipits non distrayants,agréable à lire car il est bien écrit et bien structuré. Calvino a bien veillé à mettre l'histoire principale entre chaque incipit.
Mais ce roman est également agaçant car le fait de couper les dix romans à un passage des plus excitant peut s'avérer très énervant pour le lecteur. De plus, je trouve que certains chapitres durent trop longtemps et rares sont les incipits où nous retrouvons de l'aventure et des histoires intéressantes. Enfin , la progression de l'histoire principale se fait à mon goût trop lentement.
Pour conclure, je dirais que ce livre est à lire pour toute les personnes qui aiment la nouveauté et l'originalité de la syntaxe. Mais pour ceux qui cherchent de l'action ou de l'aventure, je ne crains que "si par une nuit d'hiver un voyageur" ne soit pas fait pour eux!

Comme dirait Clara, "frustrant"

10 étoiles

Critique de Le petit K.V.Q. (Paris, Inscrit le 8 juillet 2004, 32 ans) - 26 août 2004

J'ai adoré ce livre. Calvino est un génie, un très grand auteur, un oulipien. Ce roman est un petit bijou d'inventivité littéraire, d'originalité, un livre passionnant. Mais, quand on commence les romans, et que ça s'arrête brusquement, c'est effectivement frustrant. En même temps, c'est génial, en même temps c'est un peu chiant. Génial ça ce livre est interactif avec le lecteur : à nous d'imaginer la suite ! Chiant car Calvino nous laisse sur notre faim avec une phrase percutante et révélatrice, mystérieuse, obscure. Et là, on reprend l'histoire de Ludmilla, Lotaria, Hermès Maran, le lecteur, etc...
Un chef d'oeuvre...

Le livre dont vous êtes le héros

6 étoiles

Critique de Clara (, Inscrite le 21 juillet 2004, 40 ans) - 20 août 2004

C'est un roman original et très bien écrit, avec ces dix histoires qui sont interrompues au bout d'une vingtaine de pages, et à nous d'imaginer la suite!
Mais ce concept ne m'a pas convaincu. A chaque fois, pendant les 15 premières pages, je ne suis pas captivée par l'histoire, on attend que quelque chose se passe, puis dans les 2 dernières pages on entre en plein dans le récit, l'histoire commence à nous plaire, un événement se produit, et plus rien. Je trouve que c'est plutôt frustrant de ne pas connaître la fin.
En fait, l'histoire que j'ai préférée, c'est celle du Lecteur. Certainement parce que l'histoire a une fin.

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