Alexis Zorba de Níkos Kazantzákīs

Alexis Zorba de Níkos Kazantzákīs
(Vios kai politeia tou Alexi Zorba)

Catégorie(s) : Littérature => Européenne non-francophone , Sciences humaines et exactes => Spiritualités

Critiqué par Jules, le 2 mai 2001 (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 7 avis)
Cote pondérée : 7 étoiles (1 459ème position).
Visites : 11 922  (depuis Novembre 2007)

Une merveille de philosophie de la vie !

Un superbe livre, un film qui a marqué une génération, avec Anthony Quinn dans le rôle de Zorba, et la découverte du sirtaki.
Le film a autant marqué, à l'époque, que « Jules et Jim » de Truffaut rediffusé il y a quelques jours seulement.
Le narrateur est attablé dans un bistrot enfumé du Pirée. Dehors, il fait brumeux et triste. A l’intérieur de lui encore plus : il vient de dire adieu à son ami qui est parti soutenir ses compatriotes en danger quelque part dans le Caucase.
Lui, il va partir pour un rivage crétois où il a loué une mine de lignite. Il s'en veut de ne vivre que dans les livres, dans les mots, et compte se jeter avec toute son énergie dans cette exploitation. Vivre avec des gens simples, vivre la vraie vie, celle du concret. Soudain il se sent observé par la fenêtre. Il se retourne et est dévoré par un regard auquel il n'arrive pas à échapper. L’homme, le regard, a la soixantaine, un baluchon sur l’épaule, ouvre la porte et marche droit vers lui. Il lui demande de l'emmener. A la question « Pourquoi ? », il répond avec dédain : « Pourquoi ! Pourquoi ! On ne peut donc rien faire sans pourquoi ? Comme ça, pour son plaisir ? » Quand le narrateur lui demande quel est son métier, il répond : « Tous les métiers : du pied, de la main, de la tête, tous. Manquerait plus que ça, qu'on choisisse. »
Cet homme s’appelle Alexis Zorba et le narrateur l'engage. Les voilà partis pour une grande aventure. L’exploitation de la mine, oui, mais cela ce n'est qu’un vague détail !… Ils vont surtout apprendre à se connaître, à se découvrir et à devenir les meilleurs amis du monde. Zorba : le feu, les flammes, la vie sous toutes ses formes. Un homme qui sait sans connaître, parce que la vie c’est ça et rien d'autre. Un homme qui vit par la musique, le cœur, le corps, le soleil, la musique et la femme.
Nous allons découvrir des personnages aussi attachants que la « Bouboulina », aussi envoûtants que « la veuve », toujours de noir vêtue, rasant les murs, cachant sa beauté et sa sensualité, dont tout le petit village parle.
Notre narrateur aura bien des difficultés à poursuivre son Dante et son Bouddha. Zorba va solidement secouer sa vie !…
Un jour qu’il lit Mallarmé, le narrateur découvre soudain que tout cela lui apparaît « exsangue, dénué d’odeur, de saveur et de substance humaine. Des mots d'un bleu décoloré, vides, suspendus en l'air. »
Une petite touche autobiographique donnée par le narrateur : quand il décrit Zorba, il dit « Son visage était couvert de rides, vermoulu, comme rongé par les bourrasques et les pluies. Un autre visage, quelques années plus tard, me fit la même impression de bois travaillé et souffrant : celui de Panaït Istrati. » Il s'agit de l'écrivain roumain qui devint le grand ami de Kazantzaki. J'ai déjà fait une critique d'un de ses livres et une petite biographie sur ce site.

Ne ratez pas ce livre ! C'est celui de la vie ! La vraie, celle où l'on rit, où l’on pleure, où l’on a peur. Celle où l’on aime, où l’on boit, où l’on danse, où l'on chante. Celle où l'on a peur de la vieillesse…

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Un roman culte à découvrir

9 étoiles

Critique de Pucksimberg (Toulon, Inscrit le 14 août 2011, 45 ans) - 19 juillet 2022

Le narrateur, homme cultivé qui a passé beaucoup de temps plongé dans ses livres, rencontre sur le port du Pirée Alexis Zorba, un homme plein de vitalité, libre, aimant la bonne chère. Le narrateur veut exploiter une mine de lignite et Zorba veut accompagner celui qu'il ne cessera d'appeler "patron" dans tout le roman. Ce sont deux façons de vivre qui vont s'affronter et se mesurer. Le narrateur va beaucoup apprendre aux côtés d'Alexis Zorba, sans doute bien plus que ce qu'il a découvert dans ses textes. Ce roman d'apprentissage original souligne l'importance de la liberté et se révèle presque comme un guide sur la façon de mener une vie simple en s'affranchissant de la religion et du regard des autres. Le lecteur croisera d'autres personnages truculents comme la Bouboulina, la belle veuve, Dométios et bien d'autres ...

Je connaissais le titre de ce roman grâce au célèbre film qui a peut-être surpassé en célébrité ce roman. J'avais même construit une image assez fausse de cette histoire. "Alexis Zorba" emprunte à la fois au roman d'apprentissage et au roman picaresque. Le narrateur rencontre de nombreux personnages dans ses pérégrinations avec lesquels il va discuter accompagner de son acolyte ce qui forgera le regard du narrateur prêt à embrasser une nouvelle façon de voir le monde. De plus, les livres de grands auteurs et les textes bouddhistes vont rapidement être supplantés par une vision plus simple et hédoniste incarnée par Alexis Zorba. Dans ce roman le lecteur a donc accès aux pensées de ses personnages et assiste aussi à des discussions passionnées entre les protagonistes. Zorba nous désarçonne parfois tant ses idées sont valides et justes. Il peut même faire preuve de beaucoup plus d'humanité que les savants, comme par exemple dans sa façon de considérer la Bouboulina.

Les femmes occupent aussi une place importante dans ce roman. Il faut tout remettre dans son contexte, mais certaines remarques pourront hérisser certains lecteurs/lectrices. Il y a des figures variées, qui peuvent être aussi amusantes que pathétiques selon les passages. Elles sont souvent victimes du regard masculin et du temps qui passe dans ce roman.

Le roman peut être léger parfois, mais il sait aussi interroger le lecteur et le questionner sur ce qui fait l'essence d'une vie. Certains passages sont violents aussi et surprennent car le lecteur ne s'y attend pas. Les mouvements de foule peuvent impressionner car ils deviennent incontrôlables et souvent animés par une force déraisonnable. Alexis Zorba est souvent là pour servir d'arbitre et malgré sa simplicité il incarne une certaine forme de sagesse que l'on envie souvent.

Ce roman repose sur une belle et franche amitié, interroge sur l'existence et sur notre manière de mener notre vie. Il invite aussi à s'affranchir de certaines autorités qui nous empêchent de profiter et à revenir à une vie simple. La nature est très souvent évoquée et participe aux plaisirs humains.

Zorba le Grec

8 étoiles

Critique de Albireo (Issy-les-Moulineaux, Inscrit le 14 janvier 2006, 47 ans) - 19 mai 2007

Un joyeux roman du crétois Nikos Kazantzaki qui nous plonge dans les tribulations de Zorba, un homme pétillant de vie, doté d’une faconde qui n’a d’égal que son appétit de vivre et de découvrir le monde, aimant par-dessus tout les femmes et la bonne chère. Une philosophie de vie plaidant pour la Liberté et l’amour contre toutes les utopies, les idées ascétiques et moralisantes.
Une leçon de vie destinée aux ascètes, aux frileux, et aux misanthropes !

la beauté en mots

10 étoiles

Critique de Mahaxai (Perpéte, Inscrit le 3 juillet 2004, 52 ans) - 18 décembre 2005

Un livre à faire bander le ciel. Une histoire d’amitié entre un petit vieux qui a la sagesse et un jeune qui croit avoir la culture. Dans une Crète magnifiée, l’épopée de cette amitié va transformer les deux hommes et leur montrer que le regard sur les choses n’est jamais ce qu’on croit. Les apparences ne sont pas parfois trompeuses, elles le sont tout le temps. - “Je bourrais lentement ma pipe et l’allumai. Tout a un sens caché dans ce monde, pensais-je. Hommes, animaux, arbres, étoiles, tout n’est qu’hiéroglyphes ; heureux celui qui commence à les déchiffrer et à deviner ce qu’ils disent, mais malheur à lui. Quand il les voit, il ne les comprend pas. Il croit que ce sont les hommes, des animaux, des arbres, des étoiles. C’est seulement des années après, trop tard, qu’il découvre leur vraie signification” , “ –Qu’est-ce qu’on disait avant-hier, patron ? me dit-il. Tu voulais éclairer le peuple, que tu disais, lui ouvrir les yeux ! Eh ben tiens ! Essaie d’ouvrir ceux de l’oncle Anagnosti ! Tu as vu comment sa femme se tenait devant lui, et attendait les ordres, comme un chien qui fait le beau ? Va maintenant leur apprendre que c’est une chose cruelle d’être là en train de manger un morceau de viande du cochon pendant que le cochon gémit tout vif devant toi, ou que la femme a les mêmes droits que l’homme. Qu’est-ce qu’il gagnera le pauvre diable d’oncle Anagnosti avec toutes tes sornettes explicatives ? Tu ne feras que lui causer des embêtements. Et qu’est-ce qu’elle y gagnera la mère Anagnosti ? Les scènes commenceront, la poule voudra devenir coq et dans le ménage, il n’y aura plus que des prises de becs... Laisse les gens tranquilles, patron, ne leur ouvre pas les yeux. Si tu leur ouvres les yeux, qu’est-ce qu’ils verront ? Leur misère ! Laisse-les donc continuer à rêver ! Il se tut un instant, se gratta la tête. IL réfléchissait. - A moins, fit-il enfin, à moins que... - Quoi ?Voyons un peu. - A moins que, quand ils ouvriront les yeux, tu aies à leur montrer un monde meilleur que le monde des ténèbres où ils vivent maintenant. Tu l’as ? ”... Tout est dit, vous ne croyez pas?

Fascinant

9 étoiles

Critique de Emmanuel_S (, Inscrit le 2 février 2004, 41 ans) - 2 février 2004

J'ai vraiment été fasciné tant je me suis senti personnellement concerné par ce livre et son narrateur, comme s'il s'adressait à moi, moi qui n'ai pas l'impression de savourer la vie comme elle le mérite, ce livre permet d'avoir du recul par rapport à la vie en général, mais c'est quelque peu angoissant tant la vie est faite de ce genre d'histoires, peut-être pas aussi intenses mais dans le fond assez similaires, il faut avoir la force pour pouvoir affronter ça. Une bouleversante histoire d'amitié avant toute chose! L'ami qui m'a prêté ce livre (et je l'en remercie) m'a confié que c'était le livre le plus optimiste qu'il avait lu... quant à moi, j'ai ressenti exactement le contraire... à vous de juger.

Merci Stéphanie !

8 étoiles

Critique de Jules (Bruxelles, Inscrit le 1 décembre 2000, 80 ans) - 25 mai 2002

Pour cette excellente critique éclair sur un livre que j'ai vraiment adoré ! Oui, dans ses pages c'est la vraie vie que l'on découvre. Une vie saisie à pleines mains, une vie chaude, grande, toute faite de sentiments, d'amour des autres et du monde qui nous entoure. Mène-t-elle vers le bonheur ? A celui de l'instant, certainement ! Mais les hommes peuvent aussi être très durs et le monde n'est pas fait que de joies, surtout en bout de parcours... Je l'ai lu à seize ans et j'ai été enthousiasmé, je l'ai relu il y a un peu plus de dix ans et je l'ai été tout autant !

Sortons de nos habitudes

8 étoiles

Critique de Stéphanie (Chevreuse, Inscrite le 12 juillet 2001, 53 ans) - 24 mai 2002

Tout ce que dit Jules dans sa critique est vrai mais ce qui m'a le plus marquée, c'est cette secousse psychologique que Zorba déclenche en nous. A l'heure du relativisme absolu, où le politiquement correct est roi, et où les idées sont aussi plates qu'une galette, nous lampons goulûment chaque parole et action de Zorba et nous nous imbibons de sa philosophie afin de nous sentir tout simplement en vie. Et bon sang, ça fait du bien !

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