Le nain
de Pär Lagerkvist

critiqué par Monito, le 28 juillet 2005
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Toujours besoin d'un plus petit que soi...?
Prix Nobel de littérature en 1951 pour Barabbas, Pär Lagerkvist livre ici un roman noir, journal d’un Nain de cour, au service d’un prince italien de la Renaissance.
De l’image de « bouffon » du roi que donnent des nains la littérature et le cinéma, le romancier suédois nous dépeint un homme méchant, qui dit ne pas être un homme, qui éprouve une aversion pour l’Homme, son physique, ses odeurs, ses penchants, ses amours, ses réflexions, ses goûts…
Assoiffé de violence, rêvant de tuer plus encore que le nain qu’il a étranglé ou l’autre qu’il a fendu de son épée, il adule la guerre. Il rejette tout, même ceux de sa race. Il est unique, il est à part et doit supporter ce monde dans lequel il vit. Il supporte, c’est sa force et au terme du livre son ressort.

Il a un profond mépris pour les « grands » qui l’entourent mais dans le même temps le lien de dépendance qui l’unit au prince, tout en le révulsant le fait vivre, exister.
Outre une description des moeurs et des conditions de vie de l’Italie morcelée de la Renaissance, c’est surtout le caractère de ce nain de 26 pouces qui fait la force de ce roman. Cette solitude, ce regard froid, souvent ironique et cynique fait vivre comme ne procuration. Cette différence physique lui permet tout, même l’indicible… c’est parfois savoureux.

Ce roman est servi par une écriture froide, sans fioriture, répétitive, précise, qu’on aime ou pas…
Un surprenant observateur de la cour du Prince au 16è S 8 étoiles

Lagerkvist, Prix Nobel de littérature, nous dépeint ici les mœurs italiennes d'un certain Moyen-Age (tournant du 15è au 16è S.) où l'on croirait reconnaitre Léonard de Vinci, ses peintures de Mona Lisa ou de la Cène ou encore ses machines de guerre pour venir à bout des châteaux-forts, et qui dialogue d'égal à égal avec son Prince,

Ce dernier dispose d'un Nain, qui sait tout, voit tout, et qui, inaperçu, véhicule des messages, complote dans la solitude, tout en se jouant des puissants et même de la Peste qui se déchaine dans les villages à l'entour.

Malgré l'amertume meurtrière que suscite son état, le Nain est pénétré d'un bons sens que l'on dirait populaire et c'est en cela que tout lecteur se reconnaitra en lui, dans ses réflexions de solitaire froid, observant le monde sans émotion ...

Un roman infiniment instructif !

Ori - Kraainem - 88 ans - 23 juillet 2024