Où l'on suit Elizabeth Costello au fil de huit conférences, huit discours, huit leçons données autour du globe. Elizabeth Costello est une romancière australienne vieillissante, pessimiste, fatiguée mais à l'intelligence toujours aux aguets. Une intellectuelle qui ne se reconnaît plus dans son siècle, toujours prête à en découdre lorsqu'il s'agit d'évoquer le problème du Mal, le thème sous-jacent de ce livre, qui oscille entre roman et essai. La littérature peut-elle (doit-elle) s'intéresser au Mal?
Il faut reconnaître à Mme Costello un caractère bien trempé. Elle assène ses idées, souvent dérangeantes, sur ses amies les bêtes avec force et conviction. Elle n'hésite d'ailleurs pas à comparer le traitement des animaux dans les abattoirs avec la Shoah. Un parallélisme qui provoquera, on s'en doute, chez certains, un tollé d'indignation. Elle n'hésitera pas, au cours d'un discours à Amsterdam sur le problème du Mal à démolir le livre d'un de ses confrères, Paul West, invité à cette même conférence. Une femme pour qui les idées priment par dessus tout. Même ses relations familiales en pâtissent, que ce soit avec son fils, sa belle-fille, sa sœur religieuse. Et c'est en cela que se personnage m'a un peu dérangé. Sous la volonté d'accéder à plus d'humanité, elle se coupe elle-même de toute humanité. Sa relation aux autres est toujours conflictuelle. A la fin, à la question "Croyez-vous en la vie?", elle ne saura pas répondre. Ce qui est un peu plus intéressant au fil de ses huit discours, c'est de voir l'évolution de sa pensée. Là où au début, elle semble forte, assurée dans ses idées; elle se pose plus de questions au déclin de sa vie. Un livre toujours intelligent mais souffrant, selon moi, de quelques lourdeurs.
Nothingman - Marche-en- Famenne - 45 ans - 3 avril 2006 |