La logeuse de Fedor Mikhaïlovitch Dostoïevski
( Hozâjka)
Catégorie(s) : Littérature => Russe
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Ménage à trois
Ce roman se situe au début de l’œuvre de Dostoïevski ; écrit en 1847, il en est le cinquième. On y croise déjà les thèmes, les personnages, l’exubérance de leurs tempéraments et les atmosphères typiques de l’auteur.
Ordynov est un jeune noble sans le sou qui doit trouver en catastrophe un nouveau logement. Son diplôme d’études scientifiques en main, il se borne à vivre cloîtré, n’entretenant que des rapports sporadiques avec l’extérieur, replié sur lui-même. Mais à l’occasion de ses déambulations pour dénicher une chambre pas trop chère, il croise dans une église une jeune fille qui lui fera oublier tout ce qu’il croyait connaître jusque là. Le regard de Katérina l’attache définitivement à elle. Les jours suivants, il revient au même endroit et ses espoirs finissent par se concrétiser : non seulement Katérina est là elle aussi, mais en outre, elle le remarque… Ne voulant plus qu’elle lui échappe, il la suit et découvre où elle habite. Lorsqu’il apprend qu’une pièce est disponible dans son logement, il est aux anges. Son enthousiasme est quelque peu tempéré par le fait que la belle, la lumineuse, la merveilleuse Katérina vit avec un vieillard, Mourine. Quels liens l’unissent à ce personnage étrange, malade ? Sont-ils parents, mariés, amants ? Dans ce trio, il y a forcément quelqu’un en trop. Ordynov n’a aucun contrôle sur sa passion, Katérina présente un comportement ambigu et Mourine envoie des regards noirs et colériques. Les acteurs sont en place, que le rideau se lève…
En 141 pages, Dostoïevski fait monter la pression, la casserole bout à peine mise sur le feu, et il finit par trouver une soupape de sécurité pour éviter l’explosion. Un des éléments qui rend l’ambiance si tendue, c’est le récit des rêves et cauchemars d’Ordynov, on pourrait dire de ses délires. Ordynov, qui jusque là s’était tenu à l’écart de toute société, n’a pas les moyens de gérer cet afflux de sentiments extrêmes. Katérina soigne amoureusement sa fièvre, l’appelle « mon frère », et dans la seconde qui suit, se réfugie dans les bras de Mourine ! A rendre un homme fou…
Et que dire de Mourine, doué de prescience, manipulateur qui passe d’une agressivité malsaine à la politesse la plus obséquieuse ? Ses paroles tombent comme des anathèmes, comme des malédictions.
Comme je le disais, on peut ici déceler l’ébauche des thèmes que Dostoïevski développera longuement dans le reste de son œuvre, ainsi que la façon de les traiter. E le talent de l’auteur s’affirme d’ores et déjà…
Les éditions
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La logeuse [Texte imprimé], récit Fédor Dostoïevski trad. du russe par André Markowicz
de Dostoïevski, Fedor Mikhaïlovitch Markowicz, André (Traducteur)
Actes Sud / Babel (Arles)
ISBN : 9782742729029 ; 8,11 € ; 01/08/2000 ; 144 p. ; Poche
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Les critiques éclairs (2)
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Emprise diabolique
Critique de Nathafi (SAINT-SOUPLET, Inscrite le 20 avril 2011, 57 ans) - 15 juin 2014
Ordynov tombe dans un piège bien malgré lui, il se trouve pris dans les griffes d'un duo diabolique et, peu préparé à ce genre de relation malsaine, va en souffrir énormément.
Cette souffrance est très bien exprimée, certains passages de ce livre sont très intenses, on ne peut que compatir au malheur du pauvre jeune homme.
J'ai toutefois déploré la fin, j'attendais, ou j'espérais un autre dénouement.
Coup de foudre
Critique de Dirlandaise (Québec, Inscrite le 28 août 2004, 69 ans) - 18 septembre 2007
Cette nouvelle de Dostoïevski se situe dans les toutes premières créations de l'auteur et déjà, on peut goûter au talent du grand écrivain. Ordynov découvre l'amour en la personne de Katérina, mais celle-ci n'est pas libre. Sa relation avec Mourine est on ne peut plus mystérieuse. Il semble la tenir sous son contrôle le plus absolu et la belle est prisonnière de cet étrange personnage lorsqu'elle entrevoît la liberté dans ce jeune homme qui vient habiter chez eux.
Mais Mourine est rusé et se rend compte de l'attachement de son nouveau locataire pour la jeune femme. Il s'arrange pour éloigner définitivement son rival en le mettant dehors tout simplement. Bon, je ne voulais pas résumer l'histoire et voilà que je le fais...
Il a une façon de raconter bien particulière Dostoïevski ! Ses phrases sont longues et il s'attarde sur toutes les sensations autant physiques que mentales de ses personnages ce qui peut amener le lecteur dans une grande confusion. On ne sait plus ce qui se passe et parfois, j'ai trouvé que les répliques ne voulaient rien dire du tout mais encore une fois, peut-être est-ce la traduction qui est en cause.
Reste que le style est puissant et dense. Le côté dramatique est bien appuyé et on ne peut que plaindre les pauvres personnages aux prises avec le malheur et la maladie ce dont Dostoïevski raffole. Il aime placer ses créatures dans des situations désespérées ou la misère et la mort rôdent.
J'ai bien aimé cette nouvelle que je suis en train de relire afin de bien savourer chaque page et me replonger dans cette intrigue sombre et passionnante !
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Dirlandaise et Dostoïevski | 67 | Saule | 20 septembre 2008 @ 15:32 |