La Mala Hora
de Gabriel García Márquez

critiqué par Jules, le 22 août 2005
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Un village en ébullition
Nous ne sommes plus à Macondo mais dans un petit village un peu plus loin en bords de côte. Tout comme son voisin déjà célèbre, celui-ci a également subi les ravages des guerres civiles. On comprend de suite que celui que l’on appelle tantôt le lieutenant, tantôt le maire, est responsable de la mort d’un grand nombre de maris ou de fils du village. Il traîne la haine derrière lui, ayant exécuté les ordres des conservateurs désireux d’exterminer tous ceux qui avaient des rapports avec la guérilla. L’ancien juge ayant été abattu, il est remplacé par un nouveau, à la botte du maire et au nom d’Arcadio, prénom très utilisé dans « Cent ans de solitude » Dans « La mala hora » Garcia Marquez fait également allusion à Aureliano et ses multiples révolutions.

Il n’y a pas grand monde à avoir la conscience tranquille dans ce petit village. Il y a les anciens « donneurs » mais il y a aussi toutes les coucheries et les enfants naturels qui s’ensuivent. Quant au maire, il ne pense qu’à se faire de l’argent en touchant des prébendes pour tout. Et voilà qu’un jour apparaît sur une porte une affiche qui dénonce son occupant de l’un ou l’autre méfait. Une nouvelle affiche sera collée chaque matin sur une porte différente.

Le village, qui semblait tranquille, va toucher à l’ébullition. Voilà qui n’arrange pas les affaires du maire qui croyait avoir réussit à ré-instaurer le calme et un semblant de démocratie, suivant les instructions reçues du nouveau gouvernement. En outre, pour ses petites affaires, il a besoin de la paix et de la sérénité.

Et il pleut, il pleut sans cesse, au point que des gens doivent quitter leur maison avec leurs pauvres meubles sur le dos. Tout va mal… Le maire se pose aussi des questions quant aux opinions de certains de ses concitoyens, comme le médecin ou le barbier. Seraient-ils de dangereux conspirateurs contre le nouveau gouvernement ?…

Une fois de plus, chacun est renvoyé à sa propre solitude et à ses propres problèmes.

Comme toujours, un bon livre de Garcia Marquez, mais il ne me semble pas valoir « Chronique d’une mort annoncée » dans le style court, ni « Mes putains tristes », son dernier roman traduit.
Le retour des jours sombres 7 étoiles

Dans la Mala Hora, tout s’avère oppressant, un peu à l’image du climat malade, caniculaire et humide qui étreint le village perdu au fin fond de l’Amérique du Sud où se déroule le récit. Dans une ambiance faite de tension difficilement contenue, hantée par les plaies à peine cicatrisées d’une guerre civile récente, de mystérieuses affiches anonymes, dénonçant les turpitudes des habitants, vont faire ressurgir bien des maux.

Dans ce huis-clos villageois étouffant, je trouve qu’une des grandes réussites de Garcia-Marquez est de nous faire découvrir, au détour d’un détail anodin ou d’une description, les reliquats du conflit qui a ensanglanté cette communauté, et ses conséquences. Le fonctionnement social du village laisse ainsi entrevoir petit à petit ses fêlures, ses dysfonctionnements. Il faut souligner que la narration s’appuie beaucoup sur le protagoniste principal, figure extrêmement intéressante et ambiguë, désigné sous le nom de « maire », qui concentre bien des paradoxes : attaché à maintenir la paix sociale, il a pourtant apparemment participé aux dérapages de la guerre civile ; garant de la justice, il n’hésite pas à faire de l’abus de bien et du chantage...

Le récit se montre foisonnant, traçant les relations entre plusieurs villageois, sous-entendant les conflits passés, les rancunes tenaces qui favorisent le retour inéducable des jours sombres. La Mala Hora n’est pas forcément une lecture facile, du fait des nombreux personnages, pas forcément attachants, d’une atmosphère plutôt sombre, d’une écriture assez distante. C’est pourtant un roman d’une très grande richesse qui questionne sur la latitude qu’ont nos sociétés à s’affranchir de la violence qu’elles portent tout au fond d’elles-mêmes.

Fanou03 - * - 49 ans - 17 septembre 2015


Sacré bazar 7 étoiles

Je n'ai pas retrouvé dans ce récit l'intensité ni la tension ressenties à la lecture de "Chronique d'une mort annoncée".

J'ai trouvé les jeux de personnages et les relations très complexes à suivre, et je m'y suis perdue à plusieurs fois.

Les personnages que je qualifierais de principaux comme le maire, le curé, le juge ou le docteur ont une identité et une ligne de conduite claire, mais le foisonnement de nombreux personnages plutôt secondaires m'a vraiment déboussolée :
Carmichaël, M. Benjamin, les Asis, la veuve Montiel et tant d'autres dans un récit pourtant si court : c'est trop pour moi.

Lu7 - Amiens - 38 ans - 16 janvier 2012


Peur sur la ville 6 étoiles

Un village colombien, dans la chaleur humide d’une fin d’été. Un village, qui après avoir vécu en paix après la guerre civile retrouve en 17 jours, à cause d’affiches infamantes placardées nuitamment, la peur de naguère. Un village qui, comme le suggère le titre La Mala hora, a eu la malchance de revenir à la terreur après avoir connu une parenthèse de paix .

Tous les personnages importants de cette communauté sont présents : curé, maire, qui servent de lien entre les différentes familles et les multiples personnages, mais aussi juge, coiffeur, dentiste, médecin …….. Mais tout compte fait, le héros du roman, c’est plus le village lui-même, que ses habitants .

Je suis restée extérieure au récit, un peu comme pourrait l’être un visiteur arrivant dans ce village, spectateur des perturbations et inquiétudes de la population, mais qui, faute de connaître le passé de ce village et les personnes impliquées dans la guerre civile antérieure, ne peut pas tout comprendre ….

Je reste sur ma faim, c’est bien la première fois que je sors déçue de la lecture d’un roman de Garcia Marquez

Alma - - - ans - 9 octobre 2011