Falaises
de Olivier Adam

critiqué par Clarabel, le 23 août 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Dépouillé, mais triste !
C'est le vingtième anniversaire de la mort de sa mère. Olivier, narrateur de cette triste histoire, passe la nuit sur le balcon d'une chambre d'hôtel à Etretat. Face aux falaises, il ressasse ses êtres perdus auxquels il s'est attaché toute sa vie. Pourquoi aujourd'hui lui est toujours en vie, même si parfois il était plus proche d'être "mort vivant" ?.. Peut-être son amour pour sa femme Claire et leur petite fille Chloé. Mais à bien y repenser, sa mère, son frère ou ses petites copines avaient matière à s'attacher à quelqu'un, lui en l’occurrence, mais cela ne les a pas empêchés, les uns et les autres, de lâcher prise et de tout quitter. Aussi, à partir du souvenir de cette mère qui se jette depuis les falaises d'Etretat, Olivier tente de reconstruire ses souvenirs, plus sous forme de "moments volés, d'irruptions". Car toute son histoire, finalement, n'est qu'une suite de polaroïds - des bouts d'enfance, d'adolescence et d'apprentissage d'une vie trop tôt saccagée.

Alors que je m'habitue au style écorché d'Olivier Adam, je suis très touchée par ce roman. "Falaises" est semblable et différent du reste, se met-il en scène dans celui-ci ? J'ai ce sentiment troublant qui n'a cessé d'enfler. Du moins, l’ambiguïté est omniprésente et cela trouble la lecture. On s'y attache différemment, l'oeil plus ému de deviner un puzzle qui se constitue et façonne une existence mélancolique et ravagée. Beaucoup de disparitions, de pertes, de larmes et de chagrins qui se noient dans l'alcool... Aussi, Olivier Adam réexploite quelques pistes déjà parues dans ses romans pour la jeunesse : la perte d'un ami au sein du groupe ("la messe anniversaire"), Lorette l'adolescente mal dans sa peau ("on ira voir la mer"), et la maman dépressive qui part seule la nuit caresser les arbres ("sous la pluie"). Finalement, ce roman c'est une peau de chagrin - à la fois dépouillé, transparent mais quelle tristesse ! Et quand le narrateur affirme "je n'ai pas d'enfance" et que tout est "logé ailleurs", le coeur s'emballe et puis je suis soulagée par l'issue du récit. Toutefois j'attribue un point en moins pour le chapitre avant la fin, celui de son passage sous les toits de Paris. Je n'ai pas trop aimé, ça ne s'explique pas. Mais au-delà je me suis plongée dans une lecture désespérante mais attachante, triste mais belle. L'auteur a ce talent et ça me plaît.
Fadaises 6 étoiles

Une histoire qui est typiquement dans l'esprit du temps. D'ailleurs « Falaises » ne raconte que très peu d'histoires mais seulement un quotidien amer, fastidieux, et ô combien contemporain de pas mal de nos congénères mâles ou femelles. Rappelons que Olivier Adam a obtenu le Prix Goncourt.

Donc, mis à part moi, le récit de ce livre a été apprécié de beaucoup de lecteurs et même si certaines races n'ont tendance qu'à voler qu'en escadrille, j'ai décidé moi aussi de ne clamer que la pure vérité dans ma critique : donc en effet, lisant son œuvre, j'ai énormément aimé certains (rares) mots d'auteur comme cette femme trop fardée et accompagnée d'une mule violette qui lui jette un regard torve et très injuste accompagné de son caddie . Parce que c'est amusant et que ça dit aussi quelque chose.

Doté d'un esprit vif, Olivier Adam peut faire mouche et même séduire quelques-uns de nos amis particulièrement fins, intelligents, et aussi cultivés. C'est normal, non, l'élite ne peut-il pas conquérir parfois la plèbe en éveil voire le contraire par la force ? Avez-vous déjà entendu parler du football et de Marc-Aurèle ?

Pour dire la vérité, en définitive, je suis nettement moins fan de ce genre de bouquin-qu'on-est-obligé d'aimer-car tellement-mignon. Et puis quelque part, « Falaises » n'est que le journal intime d'un fou érotomane qui a tout fait à 11 ans, le concernant. C'est possible et j'assume mes dires quant à moi.

De plus l'intrigue tristounette a fortement tendance à se répéter en n'étant basée que sur l'observation sans que Adam soit, par là-même, un contemplatif amoureux du sacré. Il ne se passe rien à l'intérieur de « Falaises » les chapitres ne sont qu'un agrégat de plaintes contre, tout d'abord, un père trop sévère, des frères à la masse, et ensuite une mère trop dépressive, touchante, et finalement plutôt meurtrière qu'on aurait préféré en nouvelle walkyrie. Une sorte de franche démone qui a énormément plus de charme qu'un énième garage à vélos payant, selon moi...

On comprend bien qu'Olivier l'aime encore, c'est le personnage le plus consistant de « Falaises ». en tout cas bien davantage qu'un énième fan de Nirvana qui nous rappelle l'extrême beauté d'Etretat. Pitié pour le paysage.

Antihuman - Paris - 41 ans - 24 octobre 2018


Orphelin-âge 8 étoiles

Tout commence et se termine à Etretat. Olivier regarde cette célèbre et sombre falaise, la nuit, du balcon, en se retournant sur Claire, sa compagne, et Chloé sa fille. Etretat, c'est l'endroit de ses plus lointains souvenirs, avant, il n'en n'a pas. Il se souvient d'une ville banale de la région parisienne, de sa maman qu'ils vont chercher, son père, son frère Antoine et lui, après six mois d'internement, six mois sans voir ses enfants. Et tous les quatre enfin réunis, elle va les quitter en pleine nuit et aller se jeter du haut d'une falaise.
Olivier, à plus de trente ans, essaie de comprendre. Comment une maman peut "oublier" ses enfants, comment leur amour n'a-t-il pu empêcher un tel acte.
"Je ne pourrai mourir aussi bien qu'elle, je le sais. Jamais. Chloé est née et je sais désormais que je ne pourrai jamais mourir. Et je préfère ne pas comprendre que moi aussi j'étais né et que cela n'a rien empêché."
Viendront ensuite des années d'enfance douloureuse, d'une solitude partagée avec son frère auprès d'un père qui ne les supporte pas (plus?)
"Il ne fallait pas respirer pas bouger pas parler pas sentir. Il ne fallait avoir besoin de rien, ni argent de poche ni réconfort ni gestes tendres ni sourires ni conseils, il ne fallait rien attendre sinon les trempes..."

Puis suivra l'adolescence; côtoyant des jeunes en souffrance, amoureux de jeunes filles suicidaires, noyant sa vie dans l'alcool, seule Claire parviendra, tout en patience et en acceptation à l'emmener vers un futur possible.

Une autobiographie très (trop?) sombre de cette enfance avec toujours la même écriture agréable qui dévoile un auteur au passé profondément douloureux et solitaire avec quelquefois l'impression d'une série excessive de malheurs.

Marvic - Normandie - 66 ans - 26 avril 2013


Naissance d'un écrivain tourmenté 7 étoiles

L’auteur nous livre un roman (probablement autobiographique) d’une rare intensité. A croire que pour devenir un bon écrivain, il faut avoir eu une jeunesse tourmentée, pleine d’émotions et de drames. Si la lecture est fluide et agréable, l’auteur a aussi commis une œuvre d’un volume idéal pour faire passer son message panaché de réflexions sur le sens de la vie. On peut cependant regretter que ce récit, qui ne laissera personne indifférent, n’explique pas comment le personnage principal est devenu écrivain. Celui-ci se concentre tantôt sur les multiples relations compliquées qu’il a eu avec ses parents, son frère et ses petites amies et tantôt sur ses propres errements.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 3 avril 2013


Trop à découvert 6 étoiles


Si les faits relatés dans ce livre sont réellement autobiographiques, alors je compatis avec l'auteur qui n'a pas été gâté par la vie...
Je n'ai pas apprécié cette lecture, pas seulement à cause de la succession de malheur et de tristesse que connaît le narrateur, mais surtout par son manque de pudeur. Oui, les situations sont dures, les évènements cruels et les coups difficiles à encaisser... Mais c'est trop violent pour moi, trop cru, trop à découvert, il y manque un petit voile afin que les mots me touchent. Pourtant, l'auteur sait écrire ainsi, certains passages sont très agréables à lire.
Peut-être est-ce là sa volonté de nous partager sa douleur de cette façon, de nous présenter la vie telle qu'elle a su l'écorcher ?

Nathafi - SAINT-SOUPLET - 57 ans - 8 mars 2013


pas gaies, les falaises d'Olivier Adam... 8 étoiles

L'histoire... un brin décousue et qu'on imagine aux 3/4 autobiographique: le récit de la vie d'un trentenaire banlieusard que le sort n'a pas épargné: errances, alcool, fugues, abandons et désamour, sur un lit (une lie!) de maltraitance paternelle. Point de départ de cette jeunesse en abime: le suicide de la mère, dépressive.
--> Bien écrit, beau style et sans doute un auteur d'une fragilité/force de vie peu banales... quelques réserves toutefois parce qu'on est encore +ou - (plutôt + que - d'ailleurs...) dans le cliché de l'auteur -génial -mais- alcoolique- et -solitaire -qui- ne- peut -vivre qu'isolé -du -monde... Triste !

Cedem - - 60 ans - 7 janvier 2012


Juste une superposition de malheurs... 4 étoiles

On ne peut pas dire que Olivier Adam écrit mal, loin de là. Une critique à son style: les scènes de sexe (nombreuses) sont racontées avec trop de vulgarité, et je pense qu'en littérature, c'est à éviter (cela n'engage que moi bien sûr).
Son récit est morne, triste et déprimant. Il n'y a aucune échappatoire à cette succession de malheurs. Je ne le conseille pas, parce que ce n'est pas une lecture-plaisir. Pas du tout.

Soldatdeplomb4 - Nancy - 35 ans - 13 novembre 2008


Déroutant 8 étoiles

J'ai trouvé ce livre vraiment déroutant. Je ne saurai même pas dire si j'ai aimé ou pas ! C'est si triste qu'on se demande si le personnage va se sortir de toute cette galère, de tous ses deuils qui jalonnent son existence. Et en même temps on a une lueur d'espoir pour lui et c'est ce qui fait qu'on ne lâche pas ce livre. Mais une fois tournée la dernière page, on ne sait toujours pas quoi penser. En tous cas c'est très joliment écrit !

Yaki - reims - 47 ans - 12 mars 2007


Morne existence 5 étoiles

Quand on lit ce livre, on laisse la joie de vivre au placard. « J’ai trente et un ans et rester en vie a longtemps été pour moi une activité à temps plein, un programme, un horizon. » Voilà comment se décrit le narrateur, un écorché, dont la vie a été gâchée par le suicide de sa mère. Autour de lui, ce n’est pas mieux. Une faune de personnages au bord du gouffre alimente sa turpitude.

L’ambiance est constamment grise : « …tout était humide et brumeux, nimbé du gris dégueulasse des villes, gorgé de tristesse poisseuse. » La mort rôde, les enfants sont battus, la maladie frappe et l’alcool est un refuge.

Il est difficile pour moi d’apprécier ce type de romans i.e. sombre, morose, assommant. Je ne suis pas du genre à m’émouvoir des silences lourds d’un columbarium.

Comment ressentir du plaisir en lisant le malheur et la détresse des autres?

Néanmoins, je suis passé à travers. Parce que c’est bien écrit et parce que malgré tout, il y a un fond de quelque chose qui ressemble à de l’espoir.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 15 mars 2006


Douloureux parcours 9 étoiles

Un beau livre dense, profond, triste, qu'on imagine autobiographique, qui est parfois poétique, parfois juste grave et réaliste, dans lequel affluent les souvenirs, les peines, les difficultés, mais toujours éclairé par le contrepoids du présent : la femme aimée et l'enfant. Ce roman me semble familier, parce beaucoup des thèmes chers à Adam y sont présents (la mort, la disparition du frère, la maladie, l'alcoolisme, le suicide, non ce n'est pas gai tout ça), jusqu'aux prénoms des personnages, déjà lus dans ses romans jeunesse notamment. Pourtant il se dégage toujours une lueur de sérénité quant au présent, comme si ce roman était l'aboutissement d'un parcours pour renaître. Ce livre aurait mérité un prix, certes, mais après tout nul besoin d'une étiquette pour que les lecteurs se l'approprient.

Laure256 - - 52 ans - 2 décembre 2005


Bonsoir tristesse 4 étoiles

Voici un roman dans l'air du temps, comme on les aime dans le microcosme culculterel de la critique parisienne . C'est forcément magnifique, désespéré, languissant et tristounet.

Un filet d'histoire ma bonne dame, on vous l'emballe bien comme il faut !
C'est du déjà lu, du déjà raconté… En revanche, c'est bougrement bien fait. Le paquet est bien ficelé et ne risque pas de s'écraser en vous tombant des mains.
Pour ma part, je commence un peu à me lasser de toute cette littérature française tout en nombrilisme et de ses intrigues réduites à leur portion congrue, et encore quand elles existent !
Les deux étoiles c'est pour l'emballage.

Bidoulet - - 56 ans - 28 novembre 2005


Bouleversant Adam 9 étoiles

Falaises est un roman magnifiquement triste, qui bouleverse, submerge et emporte le lecteur dans le monde du narrateur.Un monde empreint de la nostalgie de l'enfance et d'une vie qui n'a pas été simple, entourée par la mort.
C'est un livre qui après nous avoir emporté en bas, nous redonne de l'espoir quand on le referme.

Delnina - - 47 ans - 3 novembre 2005