Un minuscule inventaire
de Jean-Philippe Blondel

critiqué par Clarabel, le 24 août 2005
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Un roman et des personnages attachants !
Après "Juke Box" (une chanson, un pan de vie), "Un minuscule inventaire" reprend le principe de ressasser un moment de son existence à partir d'un objet, cette fois-ci. Antoine a quarante ans, sa femme le quitte pour un dentiste et part avec leurs deux enfants. Lui décide de faire le vide dans la maison avant de tout quitter pour partir à l'étranger. A l'occasion d'un vide-greniers, il déballe ainsi les vestiges d'un passé à la fois récent ou lié à l'enfance. La journée s'écoule et lui de rêvasser sur sa chaise au fur et à mesure que les objets changent de main et de propriétaire...

D'abord, je m'attendais à lire l'inventaire de son stand et l'association mélancolique à un souvenir d'une vie tour à tour comique, dramatique ou dérisoire. Et puis, finalement, après avoir fait le maigre tour des "objets perdus", on passe de l'autre côté du miroir : vers les "objets trouvés". Et alors tout prend un sens différent, ce qui paraissait aigre-doux prend une teinte plus édulcorée. Finalement, Antoine est un garçon bien sympathique... Et c'est l'un des points attachants du roman : la tendresse qu'inspirent les personnages. Au cours de cette journée, on accompagne Antoine bien plus loin - on fait la connaissance du petit garçon, de l'adolescent puis du jeune homme. Enfin bref, j'ai beaucoup aimé... Jean-Philippe Blondel est plus "léger" dans ce roman qu'il ne transparaissait dans "Juke Box" - plus d'humour, de finesse. C'est un beau petit voyage au travers du miroir - très, très agréable !

Extrait :
"... je pense que j'en ai fini, moi, du rêve du hamac - plutôt qu'un hamac, je voudrais un nuage - quelque chose qui s'élève un peu plus haut maintenant, une ouate - et puis tout oublier. "
ce beau rayon des souvenirs 9 étoiles

Antoine, prof d'anglais, la quarantaine, est seul à présent. Anne l'a quitté avec leurs deux enfants, Mathilde et Léo. Avant de mettre les voiles, il met en vente quelques bricoles personnelles sur un stand de vide grenier dans son quartier. Au fil des ventes c'est l'histoire de l'objet qui refait surface, et par là même l'enfance, l'adolescence, le début de la vie adulte d'Antoine qui nous sont reconstruits. Puis quand le parcours d'Antoine est achevé, c'est celui des acheteurs qui apparaît. Si je suis moins éblouie par ce procédé qui mêle les parcours des personnages que je ne l'avais été dans "Accès direct à la plage", j'aime les émotions qui se dégagent de ces phrases simples et les trouvailles (la construction du livre) qui font que non, ce n'est pas un simple inventaire qui se voudrait nostalgique. Certains diront (je l'ai lu récemment) que Blondel écrit toujours le même livre, je n'ai pas ce sentiment, même si le procédé d'écriture peut y faire penser. Antoine dans cet inventaire est prof d'anglais, comme l'auteur, et si j'imagine que chaque écrivain met toujours un peu de lui, volontairement ou non, dans ses livres, je me demande quelle part est réellement autobiographique dans celui-ci.
J'aime tout particulièrement le chapitre sur le stylo plume, la transmission de génération en génération et tout ce qui est dit autour de la lecture et de l'amour de l'écriture, idée que je trouve magnifiquement reprise dans la fin du livre.
Un auteur à suivre !

Laure256 - - 52 ans - 2 juillet 2006


Objets de la mémoire 9 étoiles

À nouveau l’auteur nous entraîne dans ce qui pourrait paraître un recueil de nouvelles qu’il aurait tout bonnement liées par un thème, ici la mémoire des objets. Mais pour peu que le lecteur connaisse ses précédents romans, il sait que Jean-Philippe Blondel ne se contente pas d’un simple raccord de textes. Encore une fois, la construction de ce roman repose sur une subtile association qui en fait une réelle unité au final.
Suite à son divorce, Antoine, le personnage principal, veut se construire une nouvelle vie. Comme son passé lui pèse par ses multiples fêlures, il espère s’en débarrasser en vendant les objets de sa mémoire. Ainsi, participe-t-il à un vide-grenier où ses différents articles semblent se “réveiller” juste au moment où ils changent de mains livrant ainsi une parcelle de sa vie et de ses émotions.
“Pourtant, il faut bien me rendre à l’évidence - les objets - mes objets - refusent de m’adresser la parole. Ils restent là, muets et vaguement dédaigneux, ils haussent les sourcils, détournent leurs anses, se recroquevillent sous leurs pochettes. Ils se renfrognent. Ce n’est qu’au moment du départ qu’ils se réveillent. Lorsque de nouvelles mains viennent les toucher et qu’ils connaissent de nouvelles extases, alors, soudain, ils se tournent vers moi avec des yeux affolés, coincés entre plaisir et frayeur, ils veulent tout à coup communiquer, murmurer, hurler, faire entendre leur voix. Ils me racontent notre histoire ensemble, ils disent, voilà, c’est fini…”
Ce minuscule inventaire des moments-clés de sa vie liés à ces divers objets bascule ensuite bien naturellement du côté de leurs nouvelles mains pour compléter le puzzle.
Un très bon moment de lecture, bien agréable, fidèle aux précédents livres de l’auteur.

Voni - Moselle - 64 ans - 15 février 2006


Grand plaisir de lecture 9 étoiles

Une construction hardie qui se renouvelle pour ce dernier roman de Jean-Philippe Blondel, et une vraie réussite de surcroit !
Antoine est divorcé depuis peu, et avec le désir de larguer les amarres, de s'éloigner à l'étranger de cette famille qu'il n'est pas parvenu à maintenir, il dresse un stand de vide-grenier. Quelques objets trouvent preneur, occasion de se remémorer leur histoire et d'évoquer son passé. Mais présent et futur se rejoignent pourtant lorsque c'est du côté des acheteurs que l'on se penche !
J'y ai aussi trouvé une étrange forme de réconfort, avec l'histoire de cet enfant qui était dyspraxique et qui devient écrivain, on peut aimer écrire et mal effectuer l'acte pratique...
Beaucoup de douceur et de purs sentiments, des personnages vrais et gentiment faillibles, j'adhère complètement !

Cuné - - 57 ans - 2 novembre 2005