Monsieur Han de Hwang Sok-Yong

Monsieur Han de Hwang Sok-Yong

Catégorie(s) : Littérature => Asiatique

Critiqué par Léonce_laplanche, le 30 août 2005 (Périgueux, Inscrit le 22 octobre 2004, 88 ans)
La note : 9 étoiles
Moyenne des notes : 9 étoiles (basée sur 4 avis)
Cote pondérée : 6 étoiles (12 466ème position).
Visites : 8 089  (depuis Novembre 2007)

Un idéal, des idéaux, et patatrac !

L’histoire commence par la fin…… celle, solitaire, d’un vieil homme asocial, ignoré, méthodiquement enivré. On peut dire une épave.
Pourtant ce vieillard désespéré fut un chirurgien compétent, doublé d’un humaniste optimiste. Son malheur est issu des drames de son pays : la lointaine Corée, qui a connu dans les années cinquante division, guerre civile, et partition. Malgré son obstination monsieur Han a vu tous ses idéaux detruits les uns après les autres. Où que ce soit, un individu ne peut affronter une société.

Je suis heureux de vous présenter un excellent ouvrage, ( ce n’est pas souvent le cas !), ainsi qu’un auteur que je découvre. Outre ses qualités littéraires, ce livre nous instruit sur un pays largement méconnu de la majorité d’entre nous.
Je le recommande chaudement, très simplement écrit, il est enrichissant et sensible.
En ces temps de rentrée littéraire franco-française médiocrito-consensuelle, pourquoi ne pas aller voir ailleurs ? La Corée (je refuse le pluriel) : Terra incognita !
Comme dit ma factrice qui ne lit pas, mais qui a des sentences : « après tout on n’est pas des bœufs ».

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Le drame de la partition de la Corée

7 étoiles

Critique de Myrco (village de l'Orne, Inscrite le 11 juin 2011, 75 ans) - 28 août 2014

Par ce récit trop court à mon goût, HWANG Sok-Yong, écrivain engagé s'il en est (*), témoignait des répercussions dramatiques de la guerre de Corée (1950-53) sur la vie des individus ballotés au cœur de la tourmente: trajectoires brisées, familles à jamais dissoutes, fracturées par le 38ème parallèle.

Resté en poste à Pyongyang, le Docteur Han, professeur de gynécologie éminent n'a pas fui au sud lorsqu'il le pouvait encore. Sa "distance" vis-à-vis d'un nouveau pouvoir coercitif, son comportement qui privilégie son devoir de médecin, l'amenant à contrevenir aux ordres et négliger ses intérêts personnels, font peser sur lui une épée de Damoclès qui ne tardera pas à s'abattre. Au passage, HWANG ne se prive pas de dénoncer ces "fervent(s) communiste(s)" qui méprisaient la vie des "gens ordinaires" s'accordant certains privilèges.
Passé au sud par nécessité, soupçonné d'espionnage, le Docteur Han se trouvera projeté dans un monde où l'horreur est tout autant présente, où règnent défiance, délation et corruption, un monde où son idéalisme et sa déconnexion du réel vont l'entraîner inéluctablement vers la misère et l'anéantissement.

J'ai particulièrement apprécié la construction du récit: le corps de celui-ci, qui retrace ce parcours, se présente comme un flash-back qu'encadrent une ouverture et un final porteurs d'émotion, qui s'inscrivent dans la continuité l'un de l'autre et nous racontent avec sensibilité mais sans plus, la triste fin de Monsieur Han.
Qu'il me soit permis néanmoins d'émettre quelques réserves qui, sans remettre en cause la qualité de l'œuvre, rendent compte de mon ressenti personnel.
Si je comprends le parti pris de l'auteur de nous relater ce parcours sous forme d'une chronique impliquant une forme d'écriture détachée et factuelle afin de lui conférer un maximum d'authenticité, j'ai regretté, pour ma part, un choix réalisé nécessairement au détriment de la densité émotionnelle. Si la scène de la séparation au bord du fleuve s'avère néanmoins poignante, peut-être par sa sobriété même, j'ai souvent ressenti une certaine frustration à ne pouvoir pénétrer plus avant dans le vécu de Han, par exemple dans cet enfer de Pyongyang, lorsque sans moyens, il ne peut qu'assister impuissant à cette épidémie de typhoïde qui contamine les blessés de guerre ...tout cela passe trop vite.
De plus, le caractère du personnage principal, belle figure d'homme dont la pureté, la droiture et l'entêtement confinent à la naïveté parfois jusqu'à la sottise (l'anecdote de la veste) me semble parfois trop frôler la caricature pour susciter l'empathie du lecteur.

Reste que ce texte constitue à la fois une bonne introduction à l'Histoire contemporaine de la Corée (le problème de la partition demeurant d'actualité) et à l'œuvre d'un écrivain devenu aujourd'hui l'un des plus grands auteurs coréens voire asiatiques, de notoriété mondiale.
Précisons que "Monsieur Han" est une œuvre de jeunesse parue en 1970 alors que HWANG Sok-Yong né en 43 n'avait encore que 27 ans.

(*)La préface s'avère très instructive à ce sujet.

Pris dans la tourmente

10 étoiles

Critique de Falgo (Lentilly, Inscrit le 30 mai 2008, 85 ans) - 17 octobre 2012

Avec le personnage de Monsieur Han, professeur de médecine emporté dans la guerre entre les deux Corée, Hwang Sok-yong dresse le portrait d'un honnête homme incapable de faire face aux situations et personnages tordus qui se présentent à lui. Il ne comprend rien au monde absurde qui l'entoure où il n'est pas autorisé à soigner les malades, à exercer son métier, ni finalement à vivre.
Il est inutile d'en rajouter par rapport aux textes de Leonce laplanche et de Hibou qui donnent une très bonne idée du récit.
Le style de Hwang Sok-yong est capable de conter les pires horreurs et de donner froid dans le dos sans la moindre enflure, la moindre exagération, le moindre évènement artificiel. Prodigieux.

très beau livre

8 étoiles

Critique de Hibou (, Inscrite le 28 décembre 2009, 49 ans) - 2 juillet 2010

Nous sommes en 1950. Monsieur Han est médecin gynécologue. Il exerce à l’hôpital universitaire de Pyongyang. La guerre de Corée qui divise le pays en deux avec un régime communiste au nord (soutenu par la chine et l’union soviétique) et un régime pro occidental au sud (soutenu par les Etats Unis) vient d’éclater. Les coréens du nord viennent de franchir le 38 ème parallèle. La plupart des collègues de Han sont mobilisés. Il est envoyé à l’hôpital du peuple, (hôpital municipal de Pyongyang) et s’occupe du quartier des membres du parti mais il prend le risque de sauver une fillette de la mort du quartier non réservé. Monsieur Han même s’il a l’obligation de participer aux réunions du parti n’adhère pas à ses idées. Ses amis et collègues le pressent de partir pour le sud afin d’échapper aux combats. Peu de temps après il est arrêté et laissé mort par les soldats qui ont fait feu sur le peloton d’exécution. Il décide alors de rejoindre sa sœur au sud et de franchir le Daegong par une journée d’hiver glacial laissant derrière lui mère, femme et enfants. Au sud sa sœur lui permet de trouver un emploi de médecin gynécologue auprès d’associés qu’ils couvrent par un diplôme légal. En effet kim et Bak ont ouvert un hôpital grâce à une patente mais ils n’ont pas de diplôme et font appel à Han afin que les autorités ferment les yeux. A L’hôpital il rencontre Yun Mikyong veuve d’un militaire qui deviendra sa femme. Au cours d’une réunion de promotion des anciens étudiants de Pyongyang Han va affirmer n’avoir jamais vu un homme qui se dit membre de la promo en question. Kim et bak devant cette révélation ont peur à leur tour d’être dénoncés alors ils le livrent aux autorités comme espion. C’est la descente aux enfers. Il est torturé à mort afin d’obtenir des aveux. Sa femme grâce à la convocation d’un tribunal spéciale finit par obtenir sa libération. Mais il deviendra taciturne et alcoolique. Le début du roman s’ouvre sur la mort de ce vieil homme qu’est devenu han, solitaire et isolé de tous.
Ce livre est un beau roman. C’est un livre poignant qui a pour cadre la guerre de Corée. Hwang Sok Yong est un écrivain engagé. Il a connu l’exil et la prison car il a dénoncé cette partition de la Corée et s’est rendu au nord alors que la loi de sécurité nationale l’interdisait. Han ressemble étrangement par certains aspects à monsieur Han. Il fait figure de résistant. Il sauve de la mort une jeune fille qui n’aurait pas été autorisée à être soignée, il refuse de sombrer dans la corruption et de pratiquer l’avortement illégal, il échappe à la mort sur le peloton d’exécution. Il dénonce le déracinement, l’exil, l’isolement dans lequel sont maintenus les deux peuples. Il y a de très belles pages sur la corruption, la dénonciation, la trahison. Les Coréens du nord sont toujours considérés comme des infiltrés. C’est un roman tout en finesse qui nous plonge dans l’atmosphère de la guerre de Corée et nous livre un pan de l’histoire sur cette période à travers le destin de quelques personnages. Très beau livre.

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