Chinchilla
de Elisabeth Hennebert

critiqué par Isaluna, le 5 septembre 2005
(Bruxelles - 67 ans)


La note:  étoiles
"Là où passeront les ballets russes..."
"...l'herbe de la raison ne poussera plus jamais". Cette phrase, l'auteur de ce roman la fait dire à son héros Chinchilla, alias Srge Diaghilev, que l'on connaît surtout parce qu'il est celui qui révéla en 1909 les ballets russes au public parisien effaré.
Elisabeth Hennebert, auteur d'une thèse de doctorat sur les danseurs russes (c'est dire si elle connaît ce qui fait la toile de fond de son roman) retrace d'une façon très attachante cette extraordinaire aventure, à travers la destinée d'un personnage féminin fictif, dont le destin va épouser et refléter tous les soubresauts de la Russie de cette époque.
Sophie, débarquée à St Petersbourg au début du siècle avec son mari, ingénieur ne rêvant que de ponts gigantesques sur la Neva, va peu à peu se laisser envoûter par ce qu'elle imaginait d'abord être un pays de sauvages.
Elle rencontre le désir avec le séduisant Stanislavski, les idées révolutionnaires qui bouillonnent, les ors et les lumières de l'aristocratie moribonde, la misère du peuple russe, elle se rencontre elle-même aussi, à travers la peinture, la sienne propre et celle des autres. Elle fréquente les artistes vibrant d'envie de changement, les peintres, compositeurs, chorégraphes qui cherchent à imprimer sur l'art la marque de leur époque, se nourrissant de leurs propres audaces. Sophie plonge toute entière dans cette exaltation... et le lecteur avec elle!
Les mots de l'auteur font en effet merveille pour décrire cet univers en bouleversement. Le souffle de la tempête russe, la splendeur d'une salle de bal, la fumée au-dessus d'une table où se refait le monde, les odeurs, les bruits, les couleurs... on s'y croirait!